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La Costa Brava a 100 ans ! Plateau d’’étoiles

01 Août La Costa Brava a 100 ans ! Plateau d’’étoiles

D’’Ava Gardner à Kirk Douglas, en passant par Liz Taylor ou Sean Connery… Flash-back sur ces « stars » qui ont su faire de la Costa Brava une seconde riviera, plus discrète, moins tape-à-l’œil, mais carrément mythique.

Quel est le point commun entre Ava Gardner, Elisabeth Taylor, Katherine Hepburn, Rock Hudson et encore Kirk Douglas ? Facile ! Ce sont tous de grandes vedettes du cinéma américain. Mais encore ? Ils ont la chance d’avoir une plastique irréprochable et d’être considérés comme des stars à l’incommensurable potentiel glamour ! Et parce que le beau attire le beau, la Costa Brava a eu l’honneur de les voir débarquer sur ses plages et dans ses charmants petits villages. A l’occasion du centenaire de la plus sensuelle des langues littorales, laissez-vous porter par la déferlante « people » ! Acteurs, chanteuses, écrivains, musiciens, peintres… Ils se sont tous, à un moment ou à un autre de leur vie, laissés subjuguer par cette côte incandescente.

costa2Des paysages à caméra

Les coups de foudre pour la Costa Brava ne datent pas d’hier. Dès les années 20, l’authenticité des paysages résonne déjà comme une invitation au cinéma. C’est le temps de l’amorce. Sur les pellicules, la couleur manque encore. Peu importe. Lloret de Mar et son ruban de sable fin, comme certains endroits de la Selva et de l’Empordà, havres de verte fraîcheur, se laissent capturer par les premières caméras pour des productions intitulées « Lilian », « Entre Marinos », « Baixant de la Font del Gat », ou encore « La Tia Ramona ». C’est indéniable, la Costa Brava accroche le regard. Les réalisateurs ne s’y trompent pas. Il y a sur cette côte « sauvage » un indiscutable potentiel beauté. C’est évidemment la plage et ses criques enrochées qui attirent. Le Cap de Creus se fait déjà remarquer. Comment ne pas se laisser piquer par cet éperon rocheux balayé par les vents, posé entre ciel et mer ? Comment ne pas succomber au charme de cette falaise qui se précipite avec obstination vers les calanques bleues ? Le Cap de Creus sera ainsi le cadre de « L’Age d’Or », considéré comme le premier grand film tourné sur la Costa Brava par Dalí et Bunuel. Premiers frémissements du côté des personnalités. Chacun cherche son coin de paradis, sa perle. Tossa de Mar fait également partie des « coups de cœur ». Le charme de son château médiéval, dressé au centre d’un cirque de pinèdes, émeut le peintre d’origine russe Marc Chagall qui s’y installe en 1933. Tossa, fermé au nord par un promontoire rocheux, au sud par les tours des remparts capte immédiatement l’œil et la sensibilité des célébrités. La plage de sable blond acoquinée à son anse protégée disent le reste… En ce lieu baptisé « le Paradis bleu », l’artiste André Masson et sa femme auront leurs habitudes. Dans leur sillage, après avoir rendu visite à Dalí, le peintre dadaïste Marcel Duchamp sera fidèle à la Costa Brava durant plus de dix ans. C’est pendant cette décennie qu’il invitera Richard Hamilton, le père du Pop Art mais également le peintre Dieter Roth et le musicien John Cage. En 1935, les Britanniques Lord Astley et son épouse Madeleine Carroll, l’actrice des « 39 marches » encore surnommée « La Grande Dame de la Costa Brava » s’installent à Calonge où ils font construire le château Madeleine.

costa4Hollywood à la catalane

Au fil du temps, par le bouche à oreille, dans les dîners, la Costa Brava gagne en renommée. Cadaqués explose tous les compteurs. Toute vêtue de blanc, la cité du bout du monde exhibe ses terrasses d’oliviers et ses criques intimes. La voilà définitivement à la mode. Mythifiée par Salvador Dalí qui transforme à Port Lligat quelques vieilles cabanes de pêcheurs en un temple de sa démesure, qui voit sa piscine remplie de coca-cola attirer les corps parfaits des éphèbes et des naïades, sous l’œil sévère de Gala, la ville blanche est bientôt peinte par René Magritte, par Max Ernst. Cadaqués inspire parallèlement les poètes et écrivains tels que Paul Eluard, Federico García Lorca dont on oublie qu’il fut le premier grand amour de Dalí, ou encore André Breton. Au même moment que Cadaqués, la folie s’empare de Calella de Palafrugell et d’Aiguablava. Jamais le succès de ces criques boisées, de ces eaux au bleu si profond, de ces cieux dégagés ne faiblira. Ce sont pourtant les années 50 qui marqueront la véritable bascule du 7e art dans le monde du strass et des paillettes. Jusque-là aucun grand nom n’avait véritablement excité les esprits. Il aura fallu attendre Ava Gardner pour que la Costa Brava devienne un incroyable plateau cinématographique, un superbe réservoir à étoiles. Eté 1951, en pleine dictature franquiste, celle qui a été élue « le plus bel animal du monde » sort ses griffes. Ava Gardner, déhanche ses 28 ans flamboyants sur les plages de Tossa de Mar, Palamós, Platja d’Aro, S’Agaro et Sant Feliu de Guixols. Là, au sud de la Costa Brava, elle tourne avec James Mason « Pandora ou la légende du hollandais volant » sous la direction d’Albert Lewin. Les « latin lovers » affluent à l’affût du sex-symbol… Ava Gardner tombe définitivement sous le charme de cet éden catalan. Dans le petit port de Palamos, au restaurant « Los Caracoles » on se souvient de ces soirées où la diva dégustait le « suquet de peix », ce plat typique à base de poisson, de tomate, d’ail et de pommes de terre, cousin de la matelote. Elle aimait voir comment les poissons fraîchement pêchés plongaient dans une casserole en fonte, elle aimait entendre l’anecdote selon laquelle le meilleur « suquet » est celui dont les pommes de terre viennent à manquer, tant celles-ci sont savoureuses après avoir absorbé tous les goûts. A Palamós, dans la vieille ville aux ruelles pentues, le souvenir d’Ava Gardner plane encore mêlé aux divines échappées sur la mer. Quelques rares clichés montrent l’actrice incendiaire aux côtés de Franck Sinatra à Tossa de Mar, où aujourd’hui encore la statue de son corps callipyge interpelle les passants.

Les « hôtels culte » de la Costa Brava

Ce sont tous ces plats typiques que les célébrités s’empressaient de déguster dans le fameux Hôtel Llafranc, de la baie du même nom. Incontournable repaire de stars, l’établissement familial était connu pour sa cuisine 100 % maison, son lapin à l’étouffée, son escalivada mais surtout pour ses « nuits folles » ! L’Hôtel Llafranc peut s’enorgueillir d’avoir accueilli Liz Taylor, Kirk Douglas, Lola Flores, Marisol, Antonio Gades, La Chunga,… Ont suivi des centaines d’acteurs, de chanteurs et d’hommes politiques du monde entier. Leurs autographes et dédicaces sont encore précieusement conservés dans le livre d’or de cet établissement historique où une galerie de portraits raconte le prestige de toute une époque. Même ambiance, même cachet à l’Hôtel La Gavina à S’Agaro où tout ce que la planète compte de stars descend.

costa3La recette du goût glamour !

Comme si les personnalités ne pouvaient plus se passer de la Costa Brava ! S’Agaro et Begur sont contraintes de sortir de leur discrétion naturelle. La beauté de Begur où la danseuse Carmen Amaya aura un pied-à-terre, l’image de ses barques ventrues alanguies sur les galets comme son vertigineux chemin de ronde sont gorgés de grâce. Liz Taylor ne s’y était d’ailleurs pas trompée lorsqu’en 1959 elle y est venue tourner « Soudain, l’été dernier » du cinéaste Américain Joseph Mankiewicz. De la Costa Brava, les uns saisissent les écailles du soleil, les autres la danse des algues ou la lumière de l’horizon. Et puis, il y a ceux à qui le goût de la valeur gastronomique de cette « terre-mer » n’a pas échappé. Elizabeth Taylor par exemple, qui jouera aux côtés de Montgomery Cliff et de Katherine Hepburn, raffolait raconte-t-on, de l’oignon de l’Empordà et de toutes les recettes apparentées ! La Chunga, célèbre danseuse de flamenco racontait à qui voulait bien l’entendre à quel point elle en pinçait pour la cuisine catalane et particulièrement pour la « botifarra amb mongetes », le boudin aux haricots blancs, « la recette la plus populaire de la cuisine catalane ». Lola Flores, autre étoile flamenca, se léchait quant à elle les babines, selon ses propres termes, en dégustant des plats relevés de « samfaina », une ratatouille typique de la province de Girona, élaborée avec des poivrons et de la tomate, à laquelle on ajoute de l’oignon et de l’aubergine. Le peintre Modest Cuixart, fondateur du mouvement Dau al Set, expliquait, lui, apprécier la cuisine du Baix Empordà parce que « tellement différente de celle des grandes villes ». Le riz noir faisait ainsi partie de ses plats préférés. Un plat « sans sophistication ». A l’image d’une région authentique.

Un cadre 100% authentique

Acteurs connus, réalisateurs de renom, peintres célèbres, glorieux écrivains. Ils en pincent tous pour la belle côte catalane. En 1963, l’écrivain Truman Capote loue S’Ania, une maison avec plage privative à Palamós. C’est là qu’il écrira son célèbre roman « De sang froid ». Fasciné par son environnement, Truman Capote goûte aux paysages comme aux spécialités et fond pour le « suquet de peix », typique des petits ports de pêche de la côte. A Palamós, il n’était pas rare de le voir se promener sur le « passeig » et s’enthousiasmer pour les cercles de sardanes. Plus tard, Joan Manuel Serrat, l’un des plus grands auteurs-compositeurs-interprètes catalans s’inspirera des criques de Calella de Palafrugell pour sa chanson « Mediterraneo » considérée comme la meilleure chanson espagnole des 50 dernières années. Sur le magnifique texte de Joan Maragall, Lluís Llach compose « Vinyes verdes vora el mar », un hymne absolu à la beauté insolente des pentes abruptes où s’accroche encore ça et là le cep têtu qui fait chanter les vins catalans. Calella et Toroella de Montgri verront débarquer en 1977, Yves Montand et Miou Miou pour « Les routes du sud » de Joseph Losey, un cinéaste esthète et raffiné. La palme d’or revient toutefois au réalisateur Tom Tykwer qui, en 2005, choisit Figueres et Girona pour l’adaptation du roman à succès « Le Parfum » de Patrick Süskind. On comprend que le « call », le quartier juif de Girona riche de ses ruelles étroites et de ses volées de marches qui partent à l’assaut des collines puissent servir de cadre idéal. Reste que la Costa Brava, loin de l’agitation des grandes villes, est devenue le paradis caché de nombreux people. A S’Agaro par exemple, on est fier de dire que le roi d’Espagne Juan Carlos a ses habitudes de vacances. Coup de cœur spécial pour Sean Connery, l’Ecossais qui comprend si bien l’âme farouchement indépendante des Catalans. Il n’est pas rare que certains joueurs du Barça choisissent les plages de la Costa Brava en guise de lieu de villégiature sans compter les plus gros entrepreneurs de la péninsule ibérique qui n’hésitent pas à dépenser des fortunes pour s’offrir de somptueuses villas avec vue sur la Grande Bleue, ici et nulle part ailleurs, alors que la Costa Brava est au nord, toutes les bonnes cartes de géographie nous le confirment.

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