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L’ANDORRE : TOUS LES EXTRÊMES

05 Août L’ANDORRE : TOUS LES EXTRÊMES

L’Andorre, le pays des Pyrénées dit la publicité. Nous, on aurait bien vu « Pays de toutes les exceptions », ou « Pays de tous les extrêmes ». Ici, la boussole a beau indiquer le nord, rien n’est comme ailleurs….

Tous les extrêmesUn pays suspendu

Il faut dire que jusqu’au début du siècle dernier, on n’y accédait qu’à pied ou à dos de mulet, le long de sentiers abrupts bordés de ravins et d’abîmes, et toujours pour des raisons commerciales ou vivrières. Côté nord, se rendre en Andorre relevait de l’expédition et elle n’était pas sans risque pendant les longs mois d’enneigement ! Côté sud, la géographie est plus clémente, mais la gorge étroite de la Valira n’était guère propice aux échanges avant la construction de la route. Cet isolement a permis à la petite principauté de se passer d’empêcheurs de légiférer en rond et de conserver son système de gouvernement original jusqu’à la fin du XXe siècle !

Un pays catalan

L’Andorre est le seul pays du monde dont le catalan est la seule langue officielle ! Comme la Principauté a adhéré à l’ONU en 1993, le catalan a ainsi gagné le statut de langue internationale que lui refusent encore la France et l’Espagne. Pour autant, le pragmatisme règne en maître et le pays est totalement trilingue, et même quadrilingue si l’on prend en compte les nombreux Portugais qui y travaillent. Mais ce n’est pas le plus étonnant. Le plus étonnant ce sont les contrastes qui structurent la personnalité andorrane et surtout, un sens aigu de l’échange, chose étrange pour un pays qui vécut plus de dix siècles en totale autarcie !

Le sens des affaires

Indépendante depuis 1993, l’Andorre ne fait pas partie de la communauté européenne mais, étrangeté supplémentaire, elle siège au Conseil de l’Europe depuis 1994 et sa monnaie est bien l’euro ! Elle a été néanmoins touchée par les lois sur la transparence bancaire. Autrefois paradis fiscal prisé, notamment des Catalans voisins, la principauté continue néanmoins de pouvoir compter sur un secteur bancaire solide, qui lui a permis de réaliser des investissements massifs, notamment en termes d’infrastructures sportives et routières. Les Andorrans se plaisent à dire que leur pays est le plus grand des petits états d’Europe, devant le Liechtenstein, Monaco ou le Vatican !

Immense magasin

Et si le secteur bancaire est florissant, c’est que les Andorrans ont un incroyable sens du commerce, lequel représente plus de 60 % des ressources des vallées de la principauté. Elle compte près de deux mille boutiques littéralement assiégées toute l’année par des frontaliers en quête de produits moins taxés, donc moins chers, et de touristes ébahis par l’offre aussi variée que pléthorique, qui allie petites échoppes familiales et grands magasins. Imaginez une immense esplanade marchande sur dix kilomètres !

Tous les extrêmes1Des produits haut de gamme

La capitale, Andorre-la-Vieille, la plus haute d’Europe, et les paroisses d’Escaldes-Engordany et de Sant Julià de Lòria tiennent le haut du pavé de l’effervescence commerciale, avec une mention spéciale pour le Pas de la Casa, où s’approvisionnent depuis des décennies les ressortissants de la grande région occitane et catalane, notamment en cigarettes, en produits alcoolisés et en produits de luxe. Car le joker absolu de l’Andorre, au-delà des taxes plus légères, c’est qu’on y trouve exactement les mêmes produits qu’en France ou en Espagne, comme si l’on se trouvait dans un hall d’aéroport géant !

Désenclavée

Evidemment, le temps des mulets est révolu. Très accessible au sud par la Seu d’Urgell et donc, par la Cerdagne, l’Andorre l’est désormais au nord toute l’année grâce au tunnel de Porté-Puymorens. Mais surtout, l’aéroport de la Seu d’Urgell, désormais ouvert sur Paris et Madrid, et bientôt sur la Grande-Bretagne, lui permet de drainer des vacanciers que les routes de montagne rebutent. Les bus, nombreux et bien organisés, restent un moyen de choix pour visiter la Principauté en toute quiétude.

Devenir une destination

Depuis vingt ans, la Principauté travaille d’arrache-pied pour transformer ce tourisme de passage et d’opportunité en tourisme de destination en mettant en avant ses atouts naturels, et ils sont nombreux, à commencer par l’insolente beauté des paysages, la typicité des stations de ski, et le patrimoine culturel roman, le tout servi par des infrastructures hôtelières aussi variées que performantes réparties en 260 établissements et 40 000 lits. Autre cible du Gouvernement, le tourisme d’affaires : congrès, séminaires…

Changement d’image

Et ça marche ! Le petit pays suspendu au milieu des Pyrénées dispense ses sortilèges et retient dans ses filets des milliers de visiteurs, venus tout au long de l’année, pour dévaler les pentes enneigées, capter la fuite d’un isard entre les sapins, méditer sur l’éternité devant la modestie gracile d’un clocher lombard, faire du shopping, marcher dans l’odeur fleurie des estives, se ressourcer dans la chaleur des eaux… L’Andorre est séduisante toute l’année, aussi belle en blanc qu’en vert. Et si tout en elle salue la modernité, elle a su garder un je-ne-sais-quoi de médiéval qui en fait un conte de fées…

 

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