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Patrimoine Mondial de l’UNESCO : Les écrins de la Catalogne

04 Nov Patrimoine Mondial de l’UNESCO : Les écrins de la Catalogne

Chefs-d’œuvre architecturaux, trésors archéologiques, mais aussi fêtes remontant au Moyen-Age et châteaux humains… Cap sur les nombreux biens matériels et immatériels de Catalogne figurant sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO.
Les églises romanes de la Vall de  Boí, le Palau de la Musica de Barcelone, ou encore la Patum de Berga et les Castells (châteaux humains),… L’UNESCO a répertorié dans sa liste du Patrimoine Mondial de nombreux biens matériels et immatériels remarquables en Catalogne. Tour d’horizon de ces splendeurs catalanes.

Ce sont deux sites bien connus en Catalogne nord. Les deux cités fortifiées de Mont-Louis et Villefranche de Conflent ont obtenu le sacro-saint classement sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO en 2008. Une jolie récompense pour un travail de longue haleine, mené avec dix autres sites « Vauban » situés le long des frontières nord, est et ouest de la France. Forts, enceintes urbaines, tours… « L’œuvre de Vauban constitue une contribution majeure à l’architecture militaire universelle » estime l’UNESCO. Dans les Pyrénées-Orientales, ces deux biens sont les seuls reconnus par l’UNESCO. Mais en Catalogne sud, on a l’embarras du choix.

unesco3Exceptionnelles églises de la Vall de Boí

Parmi les plus beaux trésors inscrits au Patrimoine Mondial, les églises romanes de la Vall de Boí. Située dans la région d’Alta Ribagorça, dans les Pyrénées, cette vallée verte, encadrée de hautes montagnes, est peuplée d’une quantité anormale d’églises pour le faible nombre d’habitants de la vallée au Moyen-Age. La raison est historique : pendant les premières décennies du XIIe siècle, les comtes d’Erill prirent part à la campagne pour reprendre Barbastro et Saragosse. Les profits accumulés servirent à construire des églises dans un style nouveau, venu de Lombardie. Les églises de la Vall de Boí ont retenu l’attention de l’Unesco pour deux raisons : d’une part, elles « témoignent des profonds échanges interculturels dans l’Europe médiévale et en particulier à travers la barrière montagneuse des Pyrénées », et d’autre part, elles « sont un exemple particulièrement pur et homogène d’art roman dans un paysage rural demeuré pratiquement intact ».

Le Palau de la musica catalana, chef-d’œuvre barcelonais

Voyage dans une autre Catalogne… A mille lieues des églises perdues au fin fond des Pyrénées, cap sur la frénésie urbaine de Barcelone, où les représentants de l’UNESCO ont été séduits par le Palau de la Musica Catalana et l’Hôpital de Sant Pau. Deux chefs-d’œuvre de l’art nouveau, signés Lluís Domènech i Montaner. L’UNESCO a jugé que ces deux bâtisses constituaient « des exemples exceptionnels du style “Art Nouveau”, imaginatif et exubérant, qui fleurit dans la Barcelone du XXe siècle ». Le Palau de la Musica Catalana fut commandé à l’architecte par une chorale dédiée à la promotion de la musique catalane, l’Orfeó Català, apparue dans le mouvement de l’exposition universelle de Barcelone de 1888. Inauguré en 1908, l’édifice fut gratifié de la récompense du plus beau bâtiment de l’année par la municipalité de Barcelone.

Un hôpital à l’architecture détonante

L’hôpital de Sant Pau, quant à lui, fut créé grâce à la volonté d’un banquier parisien d’origine catalane, qui légua, par testament, une somme d’argent conséquente pour la création d’un hôpital dans sa ville natale. L’hôpital de Barcelone était alors celui de Santa Creu, une bâtisse du XVe siècle, totalement inadaptée à l’expansion qu’avait connue la ville. Commencés en 1901, les travaux s’achevèrent en 1930. Et c’est le fils de l’architecte, Pere Domènech i Roura, qui l’acheva, Lluís étant décédé en 1923. Entre temps, il obtint pour cette œuvre également, la distinction de la ville de Barcelone. Au final, on lui en décerna trois, ce qui lui fit décrocher la médaille d’or de la ville. Signe que cet homme-là marqua indiscutablement son temps et sa ville.

Immortel Gaudí

Le second architecte barcelonais salué par l’UNESCO est bien sûr Antoni Gaudí. Sept de ses constructions, situées à Barcelone ou à proximité, sont classées depuis 1984. Ces œuvres, les voici : le parc Güell, le palais Güell, la Casa Mila, la Casa Vicens, son travail sur la façade de la Nativité et la crypte de la cathédrale de la Sagrada Familia, la Casa Batlló et la crypte de la Colònia Güell. Pour l’UNESCO, Gaudí « représente une contribution créative exceptionnelle et remarquable au développement de l’architecture et de la construction de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle ».

unesco2Exceptionnel monastère de Poblet

Le monastère de Poblet, situé entre Barcelone et Lleida, légèrement plus au sud des deux villes, dans la Conca de Barbera, figure, lui, sur la liste du Patrimoine Mondial depuis 1991. Cette abbaye cistercienne entoure une église du XIIe siècle. « Associée à une résidence royale fortifiée et abritant le panthéon des rois de Catalogne et d’Aragon, elle impressionne par sa majestueuse sévérité », note l’UNESCO, qui l’a également retenue au motif qu’elle figure parmi les abbayes cisterciennes les plus grandes et les plus achevées. Rien de moins.

60 grottes reconnues pour l’art rupestre

L’UNESCO a également reconnu, en 1998, plusieurs centaines de grottes et abris en Espagne en tant que composantes de « l’art rupestre du bassin méditerranéen de la péninsule ibérique ». Cette acceptation, fruit d’un énorme travail de recensement, met la lumière sur les activités artistiques de nos ancêtres. Uniquement en Catalogne, 60 sites sont répertoriés. Parmi eux, la Cova (grotte) dels Suguralls à Olérdola, près de Sitges, l’Abric (abri) de la Vall d’Ingla, à Bellver, en Cerdagne, la Roca de les Moros, à El Cogul, dans la région de Lleida et dix sites sur la seule commune de Montblanc, dans la région de Tarragona.

Tarragona, une grandeur passée

Finissons ce tour d’horizon par l’un des plus émouvants éléments de notre patrimoine commun : l’ensemble archéologique de Tarragona. Classé Patrimoine Mondial depuis 2000, il témoigne de la splendeur passée de la ville. Du temps des Romains, Tarragona, qui se nommait Tarraco, était un centre marchand et administratif extrêmement important. Elle était également « le centre du culte impérial pour toutes les provinces ibériques, et elle servit de modèle aux capitales provinciales créées ailleurs dans le monde romain »note l’UNESCO. A découvrir notamment, l’Arc de Berà, un superbe arc de triomphe situé à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Tarragona, près de Roda de Berà.

Le patrimoine immatériel inscrit à l’UNESCO

Plus étonnant, depuis quelques années, l’UNESCO a ouvert une seconde liste, dédiée au patrimoine « immatériel ». Fêtes, traditions populaires… Ce ne sont pas tant pour les pratiques en elles-mêmes que pour le vecteur de cohésion sociale et de transmission intergénérationnelle que l’UNESCO s’y intéresse. « Bien que fragile, le patrimoine culturel immatériel est un facteur important du maintien de la diversité culturelle face à la mondialisation croissante », considère l’organisation. Parmi ces biens immatériels, l’UNESCO a reconnu la Patum de Berga en 2008.

unesco4Protéger la Patum de Berga et les Castells

Cette fête traditionnelle, qui se déroule chaque année pendant une semaine, fin-mai début juin, à Berga, près de Ripoll, a intéressé l’UNESCO pour son cérémonial complexe. « Elle se distingue des autres fêtes similaires de la région par sa richesse et sa diversité, la persistance du théâtre de rue médiéval et sa composante rituelle », détaille l’UNESCO, qui tire le signal d’alarme : « si sa survie semble assurée, il apparaît toutefois essentiel de veiller à ce que les développements urbains et touristiques n’altèrent pas sa valeur ». En Catalogne, les Castells, ces châteaux humains réclamant une grande confiance entre les membres du groupe, figurent également sur cette liste du patrimoine immatériel, depuis 2010. L’UNESCO a jugé que cette pratique répondait aux critères exigés, avec un savoir-faire transmis de génération en génération, uniquement par la pratique, « procurant aux membres de la communauté un sentiment de continuité, de cohésion sociale et de solidarité ». Quoi de plus beau que d’assister à la construction d’un castell ? Entre ses émouvantes pratiques culturelles et son patrimoine à couper le souffle, la Catalogne offre une richesse impressionnante. De quoi être pris d’une envie de boucler sa valise sans plus attendre et partir à sa découverte.

 

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