UN PETIT MIRACLE CULTUREL

05 Août UN PETIT MIRACLE CULTUREL

Excentrée et isolée pendant des siècles, l’Andorre n’a qu’à se pencher pour cueillir les fruits de ce concentré d’identité forgé aux armes de la chevalerie, de l’église et d’un monde de paysans âpres au travail. Se pencher ou plutôt, lever les yeux…

Partout, l’art roman

Sur un territoire qui correspond peu ou prou à un canton français, plus de quarante églises romanes vous attendent, souvent intactes. Leur caractéristique ? Une échelle humaine, des volumes qui se rapprochent de ceux des maisons auxquelles elles adossent parfois leurs modestes façades de granit gris, et l’élan des clochers lombards d’une improbable hauteur ! Souvent, des fresques murales égaient les parois intérieures.

Hier et aujourd’hui

L’église de la vierge de Meritxell, patronne de l’Andorre, juxtapose fièrement sa construction romane largement remaniée à l’époque baroque à une autre construction, contemporaine celle-là, due au magistral crayon de Ricardo Bofill et érigée en 1976. Le lieu est l’objet d’un pèlerinage incessant, comme Lourdes ou Montserrat. Le pape François en a fait une basilique mineure en 2014 en reconnaissance de sa spécificité liturgique et culturelle.

La maison de Dieu

Parfois, si ce n’était le clocher, on ne distinguerait pas le bâtiment carré et son toit de lauzes de l’architecture civile. C’est le cas sur le site de Les Bons, où l’église est adossée à un réservoir d’eau et à son système d’irrigation, ou encore à Pal, où seule la galerie indique la vocation de l’édifice. Ne vous y trompez pas, vous êtes devant une impressionnante série de chefs-d’œuvre nés de la foi des hommes du Moyen-Age.

Comme un air de Tyrol

Pour autant, n’oubliez pas d’admirer la sobre harmonie des maisons accroupies pour mieux lutter contre la neige, ni la noblesse des fontaines, des lavoirs et des abreuvoirs, hauts lieux de sociabilité de cette société paysanne. Il n’y a pas si longtemps, les paroisses vivaient au son des clarines des troupeaux partant ou revenant des prés d’altitude. L’omniprésence des fleurs laisse dans son sillage comme une impression de Tyrol…

Des musées de toutes sortes

Après ses 40 églises, l’Andorre vous présente ses 17 musées, tous passionnants, instructifs et atypiques. Commencez donc par la Maison des vallées, où vous verrez le plus petit parlement d’Europe, presque une maison de poupée. Ensuite, pour connaître la vie des Andorrans d’autrefois, vous aurez le choix entre trois ethnomusées, la Casa Cristo, la Casa Rull et la Casa Areny Plandolit : ils vous donneront un aperçu des rudes réalités de ces hautes vallées, inchangées pendant plus de dix siècles.

Industrielle, malgré tout

Pour comprendre l’évolution industrielle amorcée à partir du XVIIIe siècle, cap sur la Farga Rossell, une forge catalane, puis sur le musée de l’électricité qui narre la grande aventure des centrales hydroélectriques. Pour la séquence exotique, optez pour le Musée du Tabac car oui, ici, on a longtemps planté du tabac – on en plante d’ailleurs encore un peu – et fabriqué cigares et cigarettes !

L’art et la mécanique

A ce stade, vous savez à peu près tout ! Il est temps de vous distraire avec des thèmes universels comme au musée du parfum, au musée de la moto ou encore, au musée de la miniature où vous attend par exemple, un grain de riz sculpté représentant l’Adoration des Mages ! Enfin, l’Andorre fut la dernière demeure d’un grand sculpteur, Josep Viladomat, dont on trouve des œuvres dans toute la Catalogne. Jetez donc un coup d’œil au Centre d’Art, vous serez conquis.

Itinéraires balisés

Si tant de possibilités vous effraient un peu, vous avez plusieurs solutions : choisir un des itinéraires proposés par l’office de tourisme et vous laisser guider : habitat rural, route du fer et chemin hydroélectrique, architecture du granit à Escaldes, etc… ou bien prendre le bus touristique, disponible tous les jours avec un circuit différent, pour voir l’Andorre en toute tranquillité et être sûr de ne rien rater grâce à un audioguide disponible en quatre langues. Pensez à réserver !

Simplement vivre

Et à vivre : car l’Andorre est infiniment vivante et elle a le sens de la fête ! Andorre la Vieille donne le la des fêtes votives le premier samedi d’août soit le 6. Les 14 et 15 août, Encamp et la Massana célèbrent l’Assomption avec toute une série de réjouissances populaires et folkloriques, des marchés, des danses, avant de laisser place au 8 septembre, fête de la Vierge de Meritxell. Ordino ferme le ban le 16 septembre. Partout, la même joie de vivre et l’envie de partager une identité intacte que les siècles ont sculptée dans le granit du temps !