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Thuir, la vie en capitale !

02 Juin Thuir, la vie en capitale !

La capitale des Aspres impose d’emblée son statut de petite ville, en partie tapie dans ses remparts, qui ouvre pourtant de grandes places aux pas des visiteurs dans un joyeux mélange de convivialité et de noble fierté. Sportive, festive, commerçante, industrielle… Thuir sait tout faire. Et cela ne date pas d’aujourd’hui !

Thuir est la seule ville du Roussillon dont le quartier médiéval a conservé son nom d’origine, à savoir « la Cellera » (le Cellier), cette première enceinte sacrée tracée autour de l’église interdisait toute violence en son sein. On y mettait donc à l’abri gens et marchandises, notamment les récoltes. D’abord protégée par les comtes de Besalú, suzerains des vicomtes de Castelnou, puis directement par les comtes de Barcelone, Thuir fut décrétée ville royale et bénéficia de très nombreuses franchises accordées par Alphonse Ier, Nunyo Sanç ou encore Jacques Ier.

Douée pour l’artisanat

Lors de l’annexion du Roussillon par Louis XIV, les Catalans venus du principat prirent la ville le 29 juin et subirent avec les habitants un terrible siège de deux mois, avant de se rendre aux armées françaises extrêmement supérieures en nombre. Il suffit de lever les yeux pour constater la catalanité assumée de Thuir, tant les senyeres (drapeau catalan) y sont nombreuses. Autant dire qu’elle peut laisser libre cours à son sang commerçant hors pair ! Aujourd’hui, la ville regorge de jolies boutiques, de restaurants typés et charmants, et son marché est l’un des plus courus de Catalogne-nord pour la diversité et la qualité de ses produits de bouche et de ses stands artisanaux remarquables. Il suffit de se laisser aller dans les rues, d’admirer la beauté des façades, et Thuir vous prend au cœur. Tout au long de son histoire, Thuir est une ville active, particulièrement au niveau de la papeterie, de l’imprimerie, de la poterie, des céramiques et bien sûr, comme presque toute la plaine, des étoffes et des draps.

Eglise baroque

Sa tradition artisanale séculaire n’a eu aucun mal à s’adapter à l’arrivée précoce de l’industrie, lors de la grande aventure de la firme Byrrh qui allait la faire basculer d’un seul coup dans le XXe siècle. Et pourtant, Thuir reste rurale, viticole, accrochée à ses maraîchages et à ses vergers. Il n’est pas rare que la grille ouvragée d’une maison patricienne laisse deviner l’exubérance raisonnée d’un potager ou les arbres soignés d’un verger. Rurale et urbaine à la fois, Thuir se paye le luxe d’un patrimoine bâti remarquable, égayé par la présence de fontaines qui sont de véritables chefs-d’œuvre de l’art populaire. L’église paroissiale, comme posée sur une placette surélevée cerclée de cayrou, présente un magnifique fronton baroque. Autrefois dédiée à Saint Pierre sous sa forme romane, elle est désormais consacrée à Notre-Dame des Victoires et ne conserve guère de son état ancien qu’une vierge de plomb, noire donc, une inscription lapidaire du XIIe siècle et de très beaux fonts baptismaux du XIIIe siècle. à l’entrée du village s’élève une très jolie chapelle, presque une miniature, la chapelle de la Pietat. Elle fut érigée au XVe siècle sur les propres deniers d’un notaire perpignanais, sur l’un des cinq chemins royaux qui convergeaient vers la capitale des Aspres. Sa facture en pierre de taille et sa restauration en tous points remarquable, en font un élément de patrimoine précieux.La grande avenue qui mène au centre-ville longe un mur de propriété cossu et monumental. C’est celui du parc de la villa Palauda où vécurent plusieurs générations de Violet, du moins la branche de Simon Violet, de son fils Lambert et de sa fille Simone. Il s’agit d’un beau château de type XVIIIe, doté d’une belle verrière, de terrasses, d’un jardin d’hiver et d’un énorme et magnifique parc. Dans les remparts, la tour de fortification cylindrique à appareillage de galets est flanquée d’une étrange chapelle au toit en terrasse, d’un style indécis mais assez oriental, la chapelle Vilar.

A effeuiller en douceur

Au hasard des rues, des éléments de petit patrimoine s’imposent au regard : heurtoirs ouvragés, pompe à bras, bassin en marbre rose de Villefranche… Thuir mérite d’être effeuillée… Bien sûr, en plein centre-ville, l’énormité des caves Byrrh installe sa carrure, mais la ruche s’est tue. Le bruit des machines, l’affairement des ouvriers ont fait place aux murmures émerveillés des visiteurs et aux performances des acteurs culturels locaux, graphistes, musiciens, comédiens ou scénographes. Ainsi va Thuir, marquée par un sens atavique du travail, du beau et de l’adaptation aux vents de la modernité. Un sens de la fête aussi. Un sacré talent pour la vie, en somme !

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