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Vernet, un vent de douce nostalgie…

01 Mai Vernet, un vent de douce nostalgie…

Vernet les Bains évoque irrésistiblement la Belle Epoque avec son lot de curistes étrangers et aristocratiques venus prendre les eaux. Elle invite aussi à une traversée des apparences : sous la carte postale, la modernité.

C’est l’histoire d’un joli village juste sur les flancs du Canigou. Une véritable histoire de bergère devenue princesse par la grâce d’un regard amoureux qui a transformé un modeste village de montagne, rude et laborieux, en coqueluche de la belle époque et ville d’eaux huppée. Aujourd’hui, Vernet les Bains réconcilie sa double extraction pour tirer le meilleur d’un environnement exceptionnel, d’eaux aux qualités curatives reconnues et d’un patrimoine naturel unique.

Vernet3Un site immémorial

Dès la préhistoire, l’homme s’installe à Vernet où il a laissé des grottes et des dolmens. Toutefois les premières occurrences de peuplement organisé remontent au IIe avant Jésus-Christ et concernent déjà, sur ces pentes du Canigou riches en minerais et semi-précieuses, l’extraction du fer, ce fer précieux connu pour ne pas rouiller. En 863 est mentionnée pour la première fois la Villa Verneto, puis, dès 880 le Château de Vernet. Le village appartient alors aux comtes d’Urgell et c’est à quelques encablures à peine, que Guifred décide de bâtir, sur un improbable piton rocheux, l’abbaye de Saint Martin du Canigou, à laquelle le village appartiendra jusqu’en 1754.

Terre d’église

Vernet traverse les siècles dans une relative tranquillité jusqu’à ce que le Traité des Pyrénées ne vienne embraser le Conflent avec la révolte des Angelets de la Terra. Vernet se trouve aux avant-postes de la communication entre le Conflent et le Vallespir et participe activement à la lutte contre l’occupation. Ce n’est que quarante ans plus tard que les Français décident de construire un hôpital militaire, près de la piscine commune insalubre et précaire qui tient lieu de thermes, mais il est partiellement emporté par les eaux du Cady, lors de l’inondation de 1710. En 1733, Louis XV accepte enfin de laisser la surveillance du village aux mains des autochtones, premier relâchement d’une terrible férule royale sur ces terres récemment conquises. En 1754, le roi somme l’abbé de Saint Martin du Canigou de remettre les thermes en état ou de les céder. C’est chose faite en 1783. Le destin thermal de Vernet est en marche.

Une nouvelle ère

En 1788, le Docteur Pierre de Barrera restaure l’établissement thermal, l’ouvre aux pauvres de la commune et met en valeur les sources mais les incursions des Espagnols ont raison de l’entreprise qui fait faillite et change plusieurs fois de mains. En 1833, un habitant de Vernet, le sieur Mercader, entreprend de sonder les rives du Cady et finit par trouver trois sources d’eau sulfureuse qu’il décide d’exploiter au sein de thermes portant son nom. Dans une Europe qui fait des cités balnéaires des lieux de villégiature et de mondanité incontournables et privilégiés, l’eau est devenue l’or bleu de la montagne, Tout est prêt pour que la perle du Canigou brille enfin aux yeux du monde.

Ibrahim Pacha            

Toutefois, il faut une bien étrange conjonction pour qu’ait lieu la révélation. Le prince Ibrahim Pacha d’Egypte a un médecin français qui l’amène à Vernet. Les eaux ont sur sa santé un effet quasiment miraculeux et le prince se fait dès lors l’ambassadeur de la petite station auprès de la Jet-set internationale, et notamment, de l’aristocratie britannique friande d’hivers tempérés et retrouvailles loin du fog londonien. Le succès est immédiat, dopé par la création du chemin de fer, et notamment du train jaune, qui met Vernet à la portée de toute l’Europe.

Vernet2Une belle époque

La Belle Epoque est un véritable âge d’or : un quartier entier sort de terre, chic et raffiné. Les élégantes à ombrelle, comme la Duchesse de Battenberg, croisent les écrivains et les artistes comme Ruyard Kipling, au bord du Cady. Le Casino accueille fêtes et bals, dans la plus pure tradition des villes d’eau, et même la terrible guerre de 14 semble se contenter de planer sur la légèreté ambiante. La nature se chargera du choc. Ce sera l’aiguat, cette terrible inondation de 1940 qui va détruire plus de la moitié de la station et plonger durablement Vernet dans un sommeil trompeur à partir des années 70.

Une ville préservée

Aujourd’hui, Vernet s’est réveillée. Bien sûr le Casino construit par Petersen, un élève du grand Charles Garnier, auquel on doit l’opéra de Paris, l’Hôtel du Portugal, les chalets, les parcs et jardins, racontent l’histoire fabuleuse d’un petit village qui a tout d’une grande station. Bien sûr, le chemin Kipling rappelle que c’est ici qu’il écrivit « Pourquoi la neige tombe à Vernet ». Bien sûr les frondaisons du Parc Charles Trenet et celles de la « ville arboretum » dans leur incroyable diversité et souvent, leur exotisme, donnent le ton raffiné des curistes en villégiature. Mais Vernet a décidé de cultiver sa nostalgie, sa fascination pour son âge d’or, et d’en faire un formidable atout pour l’avenir.

Un village bijou

Le vieux village aligne ses belles rues pavées autour de l’église Saint Saturnin, une jolie église romane du XIIe siècle. Musée géologique pour découvrir les trésors extraits du Canigou au fil des siècles, maison du patrimoine pour mieux connaître l’histoire du village et de ses bâtiments, rien n’est laissé au hasard pour célébrer l’authenticité catalane du petit village pyrénéen ancré dans son terroir et les flancs généreux de son Canigou. Pascal Comelade y a longtemps habité, séduit par le caractère à la fois farouche et suranné de la petite ville, et Cali, enfant du pays ne cesse de lui rendre hommage.

Un cadre somptueux

Suspendue à flanc de Canigou, Vernet est proche de son sommet auquel mènent de nombreux chemins, déclinés en de multiples excursions de tous niveaux de difficulté qui s’adressent à tous les publics, avec un objectif unique : à partir du chalet des Cortalets, découvrir un massif unique, méditerranéen en diable, à la faune préservée, à la flore luxuriante, un véritable Fuji-Yama qui jaillit de la plaine pour caresser la course des nuages. Accrochée à l’à-pic, Saint Martin du Canigou, l’abbaye du vertige, est accessible en jeep à partir de Casteils : une incroyable merveille romane, hiératique et sublime.

Des environs préservés

L’église de Corneilla de Conflent ouvre sa fleur de corail au bord de la route, juste après la splendeur minérale des grottes des Canalettes et le mystère jaloux des remparts de Villefranche. A Casteil, un parc animalier pas comme les autres, abrite des animaux en semi-liberté, à la fois farouches et familiers, ivres de grand air. Le joli village de Fillols rêve de son passé minier autour de sa grand-place intacte, immémoriale. Il fallait bien un écrin de ce niveau pour accueillir la perle rose qu’est Vernet… Partout, un paysage de gorges, de falaises, la strie impérieuse du minéral sur le velours des chênes verts, des châtaigniers et des conifères.


Des eaux bienfaisantes

Il y a tant de nostalgie, tant de beauté, tant de raisons de combler le regard et de reposer l’âme qu’on en oublierait presque les bienfaits des eaux données par les volcans, les mêmes que dans la Garrotxa ou en Vallespir, chaudes, odorantes, souveraines pour les rhumatismes et les affections respiratoires, douces pour la peau, merveilleuses pour combattre le stress. D’ailleurs, la station s’est mise au goût du jour et propose des soins de balnéothérapie qui permettent à toute la famille de trouver son compte. Enfin, n’oublions pas le miracle d’un climat ensoleillé, sec, un climat de montagne adouci par la proximité de la Méditerranée, qui dispense des hivers doux et des étés tempérés. Vernet, c’est l’assurance du bien-être toute l’année.

Vernet4Une nostalgie célébrée

Tous les ans, Vernet fête la Belle époque pendant le week-end de l’Ascension. Pendant trois jours, la petite ville retrouve la splendeur de son glorieux passé aristocratique et cosmopolite : des élégantes portant robes longues et ombrelles se pressent sur les promenades au bras de beaux messieurs et dansent la valse éperdument sous les ors du casino. Un défilé de vieilles voitures de collection complète l’illusion créée par le mélange judicieux de costumes d’époque et d’animations visant à recréer l’atmosphère de ce tournant du siècle, grisant et prometteur. La Saint Jean accueille à Vernet une scénographie très particulière qui voit des enfants du village vêtus de blanc procéder à l’embrasement de la vasque, la flamme à peine descendue du Canigou tout proche.

La montagne magique

Pour rendre hommage à cette montagne magique, montagne sacrée des Catalans qui dispense son eau, son fer et sa splendeur sans compter, une nouvelle fête estivale est née « le Canigou a poc a poc » qui propose toutes sortes de rallyes et de randonnées diurnes ou nocturnes aux curistes et aux estivants. Dans le droit fil de son histoire, Vernet la pétillante a toujours une longueur d’avance et anticipe les attentes de ses visiteurs, en mettant l’accent sur ses qualités de ville verte et en pariant sur le développement d’un tourisme durable.

Une petite grande ville

Mais ce qui caractérise sans doute le plus Vernet, outre son cadre magnifique, c’est son caractère étonnamment urbain dans un environnement résolument rural : boutiques, restaurants de toutes sortes, gastronomie locale et internationale, équipements sportifs de premier plan, marchés typiques… Impossible de s’ennuyer, Vernet c’est le chic et choc, une surdouée qui a su se regarder dans le miroir magique, parier sur la nostalgie et miser sur son avenir.

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