12 Juin Quatre joyaux du Conflent
La Vallée de la Têt est un territoire qui fourmille de minuscules petits villages, bourgs et hameaux. Sur le terrain, cela se traduit par de minuscules groupements d’habitations couronnés d’imposantes fortifications. Pas étonnant que l’on y rencontre quatre des cinq villages distingués par l’association “Les plus beaux villages de France”.
Mosset la médiévale
Au nord de la ville de Prades, en remontant la haute vallée de la Castellane, trône le village de Mosset. Son blason est orné d’un chat, moix ou moixet, nom catalan affectueux que l’on donne aux chats. C’est le royaume du chêne et des conifères, lieu idéal pour les amoureux de balades en montagne à pied, en suivant « le Chemin des senteurs » et depuis quelques années à dos d’âne. C’est le paradis des pêcheurs et chercheurs de champignons, la plupart des espèces comestibles y sont représentées en abondance. La forêt est partout, jusque sur le clocher du village qui est orné d’un chêne bicentenaire, reconnu, arbre monumental de France. Il fait bon flâner dans ses ruelles. Remparts, porches, fontaines, lavoirs ou encore sa chapelle restaurée, l’ont distingué parmi les plus beaux villages catalans. Mais ne repartez pas sans visiter la Tour des Parfums, un vrai musée dédié aux senteurs de la vallée. Ses produits fermiers et ses tables gourmandes valent aussi le détour.
Eus la cité du soleil
Le plus photographié d’entre eux c’est Eus, sa position, en surplomb de la nationale 116, le rend incontournable. Il doit sa construction, tout en terrasses, accrochées sur une colline, à d’anciennes fortifications surmontées d’un château. Village de réputation imprenable, il était soigneusement évité par les bandits, Routiers et Huguenots, venus de France. Il résista glorieusement aux troupes françaises en 1538, puis, en 1795, aux troupes espagnoles contre-révolutionnaires. Les pierres du château ont servi à construire l’imposante église qui trône maintenant à sa place. Lieu de villégiature de proches de Boris Vian, dont son producteur Jacques Canetti, Eus nous rappelle à son bon souvenir, chaque année, avec un festival de musiques et chansons. Situé plein soleil, Eus est une terre de mas entourés de vergers aux trois récoltes de fruits. Au bord des routes menant au village, les agriculteurs proposent leurs cerises au printemps, des pêches l’été et de belles pommes en hiver.
Villefranche, ville des marchands et d’artisans
Plus haut, en remontant le cours de la Têt, se dresse Villefranche de Conflent, une place forte qui interdisait la vallée à toute incursion étrangère. Ce fut avant tout une ville marchande. Ses foires étaient des lieux de rencontre obligés entre des marchands de draps venus de toute l’Occitanie et des grands producteurs de laine des plaines de Castille. Les belles maisons bourgeoises, en pierres de taille, qui surplombent la rivière, témoignent de ce riche passé commerçant. Les Comtes de Cerdagne ont construit les premières murailles, que Vauban consolidera. Il construira, aussi, le Fort Libéria qui surplombe le village. Murailles et fort sont ouverts aux visiteurs. Les remparts de Vauban construits au XVIIe siècle, tout comme le fort et les maisons de maîtres ont permis à Villefranche de Conflent d’être inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco en 2008.
Evol, de schistes et d’ardoises
En remontant la Têt jusqu’à Olette, à droite, commence la vallée des Garrotxes. Le premier village est Evol, maisons et château sont accrochés dans la montagne en épousant les formes escarpées du rocher. Tout y est côtes et montées, les Conflentais disaient que l’on reconnaissait ses habitants à leur démarche chaloupée, habituée à des sols perpendiculaires. C’est le village de Ludovic Massé, le Marcel Pagnol catalan, personne n’a su décrire les Catalans de France comme lui. Son père était instituteur à Evol quand la République ne laissait aucun village, même le plus petit, privé de l’enseignement des Lumières. Au grand dam du curé du village qui, longtemps encore, y enseignera le catéchisme en catalan. Oublié des Dieux du progrès, la route arrivera en 1949, l’électricité en 1952 et l’eau courante et le tout à l’égout en 1973, la population n’a pas su attendre aussi longtemps et le village s’est désertifié. Puis, quelques Perpignanais ont redécouvert Evol autour des années 70. Soit parce qu’ils y avaient de lointaines attaches, soit grâce aux revues savantes qui en vantaient les charmes. Le village s’est repeuplé de résidents du dimanche, qui ont tenu à restaurer leurs habitations, en respectant le bâti ancien, pierres sèches et toits de lauzes. Evol, Villefranche, Eus et Mosset, quatre joyaux du patrimoine catalan et conflentais, reconnus aujourd’hui comme « plus beaux villages de France ».
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