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Vilafranca, Capitale du vin

01 Oct Vilafranca, Capitale du vin

C’est une jolie petite ville, cossue et paisible, dévolue au commerce et à la viticulture, qui gagne à se laisser découvrir au fil des rues. Vilafranca vous surprendra par sa vitalité.
Vilafranca accueille le visiteur par une grande avenue ombragée et bordée de terrasses, puis d’un grand parc, comme si elle lui ouvrait des bras invisibles et familiers. D’emblée, on est séduit par l’animation qui règne dans les rues adjacentes, piétonnières et pavées, organisées autour d’une grande place où trône l’hôtel de ville, une merveille gothique : tout indique la présence d’un patrimoine somptueux. Et pour cause…

Vilafranca4Royale et privilégiée

Lorsque se termine le dernier assaut des Maures sur cette zone de frontière âprement disputée, Ramon-Bérenger III donne aux habitants d’Olerdòla une charte de franchise, leur demandant de peupler la plaine en y créant une ville franche – et chrétienne. Ils abandonnent alors les hauteurs et la bâtissent selon le plan traditionnel des villes médiévales. Au sein des remparts il y aura les nobles, les artisans, et le quartier juif. A l’extérieur, les couvents. Le marché va jouer un rôle prépondérant de catalyseur du développement. La ville est bien située, elle devient le croisement de nombreuses voies de communication et va largement en profiter sur le plan commercial.

Viticole, résolument

La protection royale et les privilèges qui s’y attachent pour les habitants, notamment fiscaux, encouragent l’établissement de notables : les Corts s’y réunissent cinq fois et le territoire devient une viguerie. Ensuite vient une période de catastrophes : peste noire (1348), guerres et soulèvement des serfs (remences) diminuent la population, vite augmentée par l’arrivée de migrants occitans, puis à nouveau décimée par la guerre des Segadors. Pourtant, Vilafranca se développe tranquillement grâce à la viticulture qui devient le fer de lance de son développement dès le XIXe siècle. Même le phylloxera ne freinera pas ce phénomène !

Capitale du vin

Vilafranca devient en deux siècles la capitale catalane du vin. Sa position géographique lui permet de bénéficier assez vite des progrès techniques que sont le télégraphe, l’électricité, le gaz, l’eau courante, et de se développer en conséquence. Si la guerre d’Espagne produit, ici comme ailleurs, une grande glaciation, dès les années 60, Vilafranca redevient un centre économique et commercial et l’une des villes moyennes les plus dynamiques du pays, arc-bouté sur de grandes maisons viticoles et une énorme production.

Contrastée et vivante

Le patrimoine traduit ces évolutions économiques. La place Jaume Ier, asymétrique et pure, est le cœur de la ville médiévale et s’ouvre sur la basilique Santa Maria, l’un des premiers modèles de gothique catalan. En face, le Palais royal des comtes-rois abrite le musée du vin, Vinseum. C’est dans ce palais gothique de belle pierre blanche que mourut Pierre II le Grand. A partir de là, rien de plus agréable que de se laisser glisser au fil des ruelles et des places à arcades où s’ouvrent des cafés et des petits commerces qui poussent leurs étals jusqu’au milieu des rues.

Vilafranca3Splendeur gothique

Deux périodes de faste se dessinent à travers l’architecture urbaine et les bâtiments : l’ère gothique, témoin de la première splendeur, et l’ère moderniste, témoin de l’essor lié à la vigne. La chapelle Sant Joan, le Palau Balta, vieille maison patricienne de 1308, la Casa Goma, maison natale de l’évêque Torras i Bages avec sa galerie aux arcades surbaissées, racontent la prospérité médiévale. L’ancien couvent Sant Francesc avec son église à nef unique d’inspiration cistercienne devenue le panthéon des aristocrates locaux, et son sublime cloître gothique, est un authentique chef-d’œuvre qui répond à la grâce altière de l’hôtel de ville avec ses fenêtres géminées et ses arcades. Quelques venelles particulièrement étroites semblent désigner l’endroit où se trouvait le call, tandis que la Casa Macià, déjà renaissante, annonce la transition entre le Moyen Age et l’ère moderne.

Foisonnement moderniste

La divine surprise, ici, c’est l’empreinte moderniste. Il suffit de lever la tête pour être dans l’ambiance. Dans la rue de Santa Maria, les lampadaires de fer forgé, stylisés et ouvragés à la fois, annoncent la couleur. La crypte de Santa Maria abrite une sublime descente de croix due à Josep Llimona. Une bonne quinzaine de maisons bourgeoises rivalisent de motifs sculptés, de céramiques, de balcons en encorbellement aux rambardes de fer forgé. Des bow-windows, des vitraux, des terrasses courbes, des pignons… Les maisons, Noguès, Guardiet, Just, Miró, Fortuny, ou Guasch Estadellas vous enchanteront.

Vilafranca2La vie toujours

Même les défunts ont leur village moderniste. Dans le cimetière, les caveaux sont entourés de chapelles et de jardins dus à l’inspiration de grands architectes comme Santiago Güell, August Font ou Antoni Pons. Un vrai lieu de promenade qui contraste avec l’animation des rues de la ville. Il est clair qu’ici, tradition viticole oblige, boire et manger revêt une certaine importance. Et les commerçants ne ménagent pas leurs efforts. Arrivés un lundi, nous avons eu la surprise d’une remise automatique de 10 % au restaurant et dans les bars…

Vilafranca c’est une ville à vivre en pente douce, en lui laissant révéler un à un ses secrets de gros bourg prospère, prompt à saisir les vents de la modernité, sans jamais rien perdre de son héritage. Une vraie ville catalane, animée et laborieuse, qui sait farder ses yeux au soir tombé pour se laisser aller au simple bonheur de vivre.

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