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Emmanuel Brousse

03 Déc Emmanuel Brousse

À la fois homme politique et journaliste, Emmanuel Brousse est passé à la postérité tout auréolé de la gloire d’avoir aimé, plus que tout et jusqu’à dilapider sa fortune et mourir pauvre, le pays et les hommes qui l’ont vu naître.

Une petite rue, derrière la préfecture de Perpignan, porte son nom et ce n’est pas un hasard : il n’y a pas si longtemps, c’est là que le journal l’Indépendant avait son siège ! Distinguer un journaliste d’ici, qui en fut même un temps le gérant, était donc plein de sens. Emmanuel naît en effet dans une famille d’imprimeurs et de typographes, où il respire dés sa tendre enfant la douce odeur de l’encre et du papier, bercé par le balancement des machines qui impriment le grand journal local, l’Indépendant. De quoi déterminer une vocation précoce : écrire pour se faire entendre. Et un idéal : la défense des classes populaires et de son département. Toute sa vie, il mènera les deux de front avec panache et désintéressement, utilisant sa voix, dans tous les sens du terme, pour défendre les causes qui lui tiennent à cœur. On lui doit, parfois sous le pseudonyme « l’Observateur du Cap Béar » une série de chroniques locales consacrées à la Haute Cerdagne, au Conflent et au Capcir ainsi que « Pyrénées inconnues : la Cerdagne française ». Précurseur dans l’âme, il prend très vite conscience de la puissance économique du tourisme et des perspectives qu’il ouvre au développement local, notamment pour l’arrière-pays et les zones de montagne, fortement pénalisés par le manque d’infrastructures routières réellement carrossables. à ce titre, il devient l’un des très ardents impulseurs du Train Jaune dont on évalue à peine aujourd’hui les vertus de désenclavement, à l’aube du siècle dernier.

La probité pour guide

Sa profession de foi politique prônait une France « modérée, tolérante, ferme sur le plan extérieur, mais dénuée d’ingérence confessionnelle sur le plan intérieur ». Membre de l’Alliance Démocratique (centre) puis de la Gauche Républicaine Démocratique, il devient conseiller général du canton de Saillagouse en 1898, puis député des Pyrénées Orientales de 1906 à 1924. De janvier 1920 à 1921, il sera même sous-secrétaire d’état aux finances et prônera à ce poste des mesures d’économies et de bon sens. Son activité parlementaire fut intense : défense du Midi viticole marqué par des soulèvements, par l’exonération et le dégrèvement de l’impôt, loi contre le sucrage des vins, mesures pour protéger les viticulteurs métropolitains contre les importations de vins d’Algérie, organisation de l’appellation « Champagne », travail sur l’appellation « vins doux naturels »… Le tout souvent bénévolement, généralement en payant de ses deniers. En souvenir de son sacrifice, ses amis lui firent ériger à l’entrée de Mont-Louis un étrange monument signé  du sculpteur Raymond Sudre, où figure l’inscription : « Au bienfaiteur de la Cerdagne, au défenseur de la viticulture, à l’apôtre des économies, au ministre mort pauvre » !

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