01 Mai L’Estartit et les Îles Medes, la Costa Brava version nature
Au nord-est de Girona, la petite station balnéaire de l’Estartit s’offre un face à face perpétuel avec les Îles Medes, superbe archipel protégé, devenu au fil des ans, la Mecque des amateurs de plongée sous-marine. L’Estartit, c’est aussi une immense plage, des dunes de sable fin et une côte rocheuse sauvage… Un petit paradis animé dès le printemps.
Elles surgissent de l’eau, imposantes et majestueuses, telles d’improbables icebergs, à un peu moins d’un kilomètre au large de l’Estartit. Les Îles Medes, composées de sept îles et îlots faits de rochers hostiles et de végétation rase, semblent narguer l’être humain qui les contemple, rêveur, depuis le continent. Car cet archipel d’une vingtaine d’hectares est le domaine exclusif de la faune sauvage et de la flore. L’être humain, sauf dérogation, n’a plus le droit d’y poser les pieds. Depuis les années 80, les Îles Medes sont protégées au sein d’une réserve naturelle englobant également les eaux environnantes, et depuis 2010, elles sont inclues dans un territoire plus vaste, le « Parc Naturel du Montgrí, des Îles Medes et du Baix Ter ». Grâce à cette protection, les îles sont devenues un véritable paradis qui, malgré des oppositions à l’époque, fait aujourd’hui l’unanimité chez les commerçants. Car selon une étude, l’impact économique de la protection des Îles Medes se chiffrerait à quelque dix millions d’euros par an ! Aujourd’hui, on se contente donc de les approcher en bateau pour les admirer du plus près possible.
En bateau autour des îles
Depuis l’Estartit, plusieurs sociétés vous proposent de grimper à bord. La formule qui a le vent en poupe est celle du bateau à fond transparent, qui, tel un immense et confortable masque de plongée, permet de découvrir les fonds marins. En cas de houle, oubliez ! L’eau manquera de clarté et vous ne verrez rien. En revanche, si la mer est calme, c’est une belle promenade dans un monde mystérieux qui vous attend. Car la réserve naturelle des Îles Medes, grâce aux mesures de protection drastiques dont elle fait l’objet, offre une vie sous-marine exceptionnelle, réputée parmi les plus riches de Méditerranée occidentale. Sous vos pieds, de nombreux poissons défileront, surtout des espèces argentées, oblades, sars ou daurades. Sans doute apercevrez-vous également des étoiles de mer, des oursins et, en levant les yeux vers le ciel, de majestueux goélands pontiques. Vous observerez aussi à coup sûr des cormorans huppés, noirs comme des corbeaux, volant près des vagues en battant très rapidement des ailes… Car les îles et îlots des Medes sont un petit paradis pour les oiseaux qui nichent dans les rochers.
67 000 plongées par an
Mais si la balade en bateau est un incontournable pour les familles, les Îles Medes sont aussi et surtout connues comme l’un des premiers spots de Méditerranée Occidentale pour la plongée sous-marine. L’activité sous-marine est si importante qu’elle a dû être réglementée. Malgré cela, on compte quelque 67 000 immersions annuelles, sans compter celles qui sont réalisées à l’extérieur de la zone protégée ! Si vous vous décidez à vous laisser tomber à l’eau, bouteille sur le dos, c’est un monde secret et merveilleux qui s’ouvrira à vous… Vous découvrirez des fonds tapissés d’une sorte de pelouse marine, les herbiers de posidonie, et de superbes poissons colorés. Peut-être découvrirez-vous également quelques espèces en danger, comme le mérou brun, reconnaissable par son énorme lèvre inférieure. Ce gros poisson emblématique de la Méditerranée, qui vit une cinquantaine d’années, a été sur-pêché. Dans la réserve des Îles Medes, c’est avec d’autant plus d’émotion que les plongeurs l’approchent. Mais si on aime l’Estartit, ce n’est pas uniquement pour la beauté des Îles Medes et des fonds marins. Le continent aussi, mérite le détour.
Un hameau de pêcheurs
La petite cité balnéaire est située sur la commune de Torroella de Montgrí, au nord-est de Girona. Torroella est séparée de la baie de Roses et de sa station balnéaire la plus au sud, l’Escala, par un massif montagneux, le Montgrí, que l’on repère de loin en venant de France. Dans l’Empordà, on le surnomme « el cap del Bisbe » (la tête de l’évêque), en référence à ses formes évocatrices s’étirant entre la plaine de l’Empordà et la Méditerranée. Pour accéder à l’Estartit, on traverse Torroella. Cette ville de taille moyenne, très vivante, commerçante et au riche patrimoine médiéval, est dominée par un château perché sur le Montgrí. L’édifice, visible de très loin, date du XIIIe siècle et n’a jamais été achevé. L’Estartit, en revanche, était un simple hameau de pêcheurs au XIXe siècle. La ville a grossi, et les commerces et boutiques d’excursions maritimes et de sports nautiques ont fait leur apparition. Aujourd’hui, ce ne sont plus les barques de pêche mais bien les voiliers du port de plaisance qui sautent aux yeux. Malgré cela, la petite ville a conservé une taille humaine et n’a subi que peu d’affronts du béton. L’Estartit, c’est aussi une ambiance chaleureuse dans les bars du port, et, chose exceptionnelle pour une station balnéaire, une animation dans les rues du centre, sept mois sur douze. Car la petite ville bénéficie d’un climat local très clément, mais aussi de l’attractivité de la plongée sous-marine, qui se pratique facilement du printemps à l’automne. Les amateurs de plongée sont donc nombreux, dès la sortie de l’hiver. Il y a trente ans, les plongeurs allaient au camping… Aujourd’hui des hôtels ont compris l’enjeu et se sont progressivement transformés en centres d’accueil dédiés à ce public, proposant tous les équipements que l’on trouve dans un club de plongée et des séjours clef en main.
Un golf… sur le sable
On vient aussi à l’Estartit pour sa longue plage de sable fin, d’un ocre lumineux, qui séduit promeneurs matinaux et adeptes de bronzage, mais aussi, plus étonnant, les golfeurs ! Hors saison, ils se retrouvent là, à quelques pas de la mer, face aux Îles Medes, et ils plantent leurs petits drapeaux un peu partout sur la plage, recréant un 18 trous… Sans trous. « On trace un cercle d’un mètre autour du piquet, qui représente la zone à atteindre » explique Malcolm, un Anglais qui pratique le golf de plage depuis vingt-cinq ans. Anglais, Catalans, Français, Allemands,… Ce golf alternatif séduit une large population de jeunes retraités. Certains viennent à l’Estartit en vacances, d’autres y ont élu domicile. Horst est de ceux-là. Américain dans une autre vie, il résume simplement le pourquoi de ses parties de golf matinales sur la plage, et le pourquoi de son choix de l’Estartit pour poser définitivement ses bagages. « C’est si beau d’avoir tout cela à portée de vue » dit-il en embrassant d’un large geste la plage, les Îles Medes et la Méditerranée, les constructions blanches de l’Estartit et le massif du Montgrí. Derrière lui, c’est un autre paysage qui se dessine. La zone humide du Ter Vell, couverte de roseaux, longe la plage.
Les marécages, paradis des oiseaux
Le site est protégé par un statut de réserve naturelle, permettant notamment aux oiseaux de s’y épanouir. La réserve des Aigüamolls del Baix Ter est composée de plusieurs zones protégées. En poursuivant le sentier pédestre qui longe la plage en direction du sud, on accède à d’autres secteurs sauvegardés, séparés par un lieu de grande beauté, la Gola del Ter. Ici, le fleuve Ter et la mer se rejoignent dans un lit de rivière creusé dans le sable. Les dunes, protégées par des piquets, confèrent au site un caractère de grande solitude. On peut également accéder à la Gola del Ter en voiture, par une piste un peu cabossée qui offre un paysage tout autre, celui d’une plaine fertile. Des champs de céréales et des vergers de pommiers s’étalent à perte de vue, alimentés par une énorme canalisation. Toute cette zone, entre paysages de campagne, marais et dunes, peut également se découvrir à vélo, au fil d’une piste cyclable agréable, à cheval, ou encore en « burricleta », un vélo de campagne électrique avec GPS et audioguide, qui vous propose un grand circuit dans la plaine. Mais vous n’avez pas encore vu le plus beau de l’Estartit.
Eaux turquoise et grottes creusées dans la côte rocheuse
Traversons la cité balnéaire en direction des collines. On emprunte une rue qui grimpe sèchement entre les maisons blanches ornées de bougainvillées, en direction de Rocamaura, le point culminant au-dessus de l’Estartit. Il faut finir le chemin à pied, en empruntant le sentier n° 5 (« les Maures »). De là-haut, à 225 mètres au-dessus du niveau de la mer, se dégage une belle vue panoramique sur la plaine avec ses vergers et ses marécages, les plages et les Îles Medes. On reprend ensuite le sentier en sens inverse, et on bifurque à gauche pour remonter une vallée étroite au fond de laquelle s’est installé un camping, au milieu des pins. On accède rapidement au plateau. En tournant à droite, on peut suivre une piste qui mène à l’Aixart de la Conca, pointe orientale dominant l’Estartit. Là, au beau milieu du thym, du romarin et des pins odorants, on peut observer l’ancien village de pêcheurs et la Méditerranée. En contrebas, depuis le port, un sentier vaut également le détour : il mène du cap de la Barra à la crique Calella, dévoilant de superbes paysages, des eaux turquoise et des roches abruptes. Marc, patron du golf de Torroella, également natif d’ici, est un amoureux de sa région. Il conseille, lui, de découvrir cette côte rocheuse en bateau. L’un d’eux, le Nuria, à l’origine une petite embarcation de pêche, est si petit qu’il permet d’entrer dans les grottes que forment les rochers entre l’Estartit et l’Escala. Une belle aventure que d’autres préféreront affronter en kayak. Pour Marc, impossible également de quitter l’Estartit sans s’essayer au snorkelling, comprenez : masque et tuba. « Même sans bouteille, vous pouvez voir énormément de poissons » assure-t-il. « J’ai visité peu de sites aussi spectaculaires que la côte rocheuse qui remonte de l’Estartit, en direction de l’Escala, raconte Marc. Ce littoral est vraiment authentique ». Alors, à vos masques, bouteilles, pagaies, planches à voile,… ou simplement maillots de bain.
Fanny Linares
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