09 Juil LE VALLESPIR : MAGIE DES EAUX
La vallée âpre est douce à qui sait débusquer ses richesses : en Vallespir, l’eau qui sort des entrailles de la terre, chaude ou froide est toujours bienfaisante pour les hommes et gage de longévité. Rien de tel pour conserver votre capital santé !
Ce véritable or bleu connu depuis l’époque romaine fait les beaux jours de trois stations typées et charmantes, extrêmement différentes par leur environnement et leur atmosphère, le Boulou, Amélie-les-Bains et La Preste. Elles traitent les affections de l’appareil digestif et cardio-artérielles pour la première, les rhumatismes et les troubles respiratoires pour la seconde, les voies urinaires pour la troisième. Cette véritable pharmacopée naturelle et inépuisable est à la disposition des hommes depuis des millénaires, sans compter ses innombrables utilisations secondaires : cicatrisantes, purifiantes, nettoyantes qui sont pratiquées par les autochtones depuis toujours. Aujourd’hui, ces atouts thérapeutiques évidents sortent du strict domaine de la médecine pour accompagner de nouvelles disciplines de vie axées sur l’harmonie, la lutte contre le stress, les gymnastiques douces. « L’eau thermale est un trésor multiple, elle soigne, elle dope le capital santé, elle se décline en cosmétiques comme des crèmes par exemple, et en plus, elle constitue une réserve d’énergie qui se prête admirablement à la géothermie », explique Jean-Victor, médecin et grand défenseur du thermalisme. Les Romains, qui pourtant passaient à proximité par le défilé des Cluses, ne semblent pas avoir tiré parti des eaux du Boulou, sans doute parce qu’elles sont froides et donc peu repérables. En 869, cependant, une charte du roi franc Charles le Chauve mentionne déjà une source utilisée à des fins thérapeutiques par les moines de l’abbaye d’Arles-sur-Tech, située près de Saint Martin de Fenollar. Ce n’est pourtant qu’en 1859 que trois autres sources sont déclarées d’utilité publique, en l’occurrence la source Clémentine, la Source du Boulou et la Source du Milieu. L’aventure thermale, favorisée par le développement des transports de masse, notamment le train qui dessert désormais la vallée, peut commencer ! Les eaux froides du Boulou, riches en oligo-éléments et sels minéraux ont même été un temps, embouteillées et commercialisées ! Elles sont bicarbonées sodiques, carbo-gazeuses et chlorurées sodiques, une rareté parait-il dans les Pyrénées.
« J’ai tendance à grossir, alors je viens régulièrement faire ma cure. J’y viens en famille, parce que la ville est vivante, avec une super offre sportive et culturelle. Pour mes enfants c’est un peu une deuxième maison » explique Mathilde, cadre dans une entreprise parisienne.
Le Boulou, pétillante !
Administrées par voie buccale, elles font merveille pour la digestion, mais la station offre aussi toute une panoplie de traitements dans un environnement boisé et ombreux, sublimé par la présence du Tech qui invite aux randonnées, au sport et à la promenade. Dans leur sillage, Le Boulou est devenu une véritable destination touristique tournée vers le sport et le plein air. Les sources d’Amélie, sulfureuses et odorantes, ont révélé leur présence aux Romains dès le Ier siècle avant notre ère ! Ils ont construit à l’entrée de ce qui est aujourd’hui la ville, un pont magnifique à arche unique malheureusement emporté par les crues de 1940, et tout près de la source, des thermes. « Je fais ma cure ici depuis dix ans » explique Annie, curiste bretonne. « Chaque fois que je contemple cette piscine, c’est pour moi comme un gage d’efficacité, la certitude que ça marche depuis deux millénaires ! »
Amélie, citadine !
Au Moyen-âge, après presque mille ans d’oubli, les moines de l’abbaye d’Arles – en ce temps-là Amélie s’appelait encore les Bains d’Arles – ont remis au gout du jour la tradition thermale, en utilisant les eaux pour les malades près du hameau de l’Escaldadou (échaudoir), qui est aujourd’hui le plus ancien quartier d’Amélie-les-Bains. Les sources jaillissaient à une température comprise entre 42 et 62°, mais restaient réservées à un usage vraiment réduit ! Le XIXe siècle, dans sa soif de science et de progrès, allait changer le destin de ces eaux. En 1815, un certain Pierre Hermabessière, médecin et homme politique, achète les thermes romains, puis le Docteur Pujade découvre 14 sources aux abords du Mondony où il fait construire un établissement thermal. Le troisième homme, c’est le général de Castellane qui décide de créer un hôpital thermal militaire pour soigner les blessés des guerres coloniales. La commune d’Amélie les Bains est alors créée et nommée d’après le prénom de la femme de Louis Philippe, reine de France. Le coup d’envoi est donné ! Très vite, une population d’élégantes, de riches Messieurs, de demi-mondaines et de militaires favorise le développement du village.
La Preste, authentique !
Il devient une vraie petite ville avec tous les services qui s’y attachent. Aujourd’hui Amélie les Bains draine 26 000 curistes souvent accompagnés, et parie sur son cadre naturel remarquable pour retrouver son surnom de « Perle des Pyrénées » ! Là-haut, tout au fond de la vallée, à 7 km au-delà de la magnifique ville fortifiée de Prats-de-Mollo, la station de la Preste niche les quelques bâtiments qui la constituent dans un environnement particulièrement sauvage au cœur des montagnes, à deux pas de la réserve naturelle qui relie la vallée à celle du Conflent. Elle est spécialisée dans le traitement des affections urologiques et rhumatologiques et centrée autour de la source Apollon, dont les vertus curatives, déjà utilisées pour les lépreux dès le XIVe siècle, ont été médicalement reconnues en 1777. Aujourd’hui, la Preste est une station ultra-moderne aux équipements de pointe. Ses eaux, uniques en France, lui valent une clientèle constante et fidèle. « Faire un séjour à la Preste, c’est un peu être sur une île de tranquillité, mais avec la proximité de Prats-de-Mollo, les possibles restent ouverts » explique Bernard, ancien soignant. Bien sûr les trois stations l’ont bien compris, l’heure est à la diversification. Aussi toutes trois offrent-elles un espace spa, des massages, des hammams, finalement au plus près de ces thermes romains sans qui elles n’existeraient pas, comme un invisible témoin de mémoire, passé au fil des siècles le long de la vallée.
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