Cerbère

14 Mar Cerbère

Accrochée à l’extrémité des Pyrénées, les pieds dans l’eau, Cerbère, dernière commune avant l’Espagne, conserve le charme d’un petit village éloigné de la foule. On aime ses criques sauvages, ses falaises abruptes… Et son histoire riche de passages.
 

Clic-clac

Que vous veniez de Banyuls-sur-mer, au nord, ou de Port-Bou, en Espagne, au sud, Cerbère se gagne. Pour pouvoir découvrir ce village à part, il faut avaler les kilomètres et les virages. Mais le paysage qui défile devant vos yeux a le pouvoir de faire oublier ces quelques inconvénients.

Travelling avant

Ici, aux confins de la Côte Vermeille, la chaîne des Albères, ultime résurgence des Pyrénées, se jette dans la mer, dans un défilé de falaises, de criques sauvages et de terrasses en friches ou cultivées de vignes, qui produiront l’irremplaçable vin doux naturel de Banyuls.

Flash

Enfin, lovée au creux des collines, les pieds dans l’eau, Cerbère se dévoile, avec son parapet qui descend jusqu’au cœur de ville, son petit port et son superbe hôtel Belvédère, un bijou patrimonial en forme de paquebot signé Louis Baille et réalisé entre 1925 et 1932.

Travelling arrière

Dans ce village qui n’a rien d’une station balnéaire classique, le temps semble suspendu, figé dans un passé glorieux. Car si, au IIe siècle avant J.-C., les Grecs, installés en colonie non loin d’ici, à Empuries, avaient décrit les lieux comme une forêt grouillante de cerfs, Cerbère a connu une expansion fulgurante avec l’avènement du chemin de fer dans les années 1880, profitant de sa position de dernier village avant la frontière. Ce petit hameau de pêcheurs et de paysans dépendant de Banyuls, devint alors une commune à part entière.

Flou artistique

L’écartement des voies n’étant pas le même en France et en Espagne, une importante activité de transbordement d’oranges, d’un wagon à l’autre, fut confiée à des femmes. Le mouvement de grève des transbordeuses d’oranges, en 1906, qui dura près d’un an, est d’ailleurs connu comme le premier mouvement social féminin de l’histoire française. De par sa position frontalière, Cerbère a aussi longtemps vécu de contrebande.

Zoom

Pendant la « Retirada », une population civile espagnole nombreuse est également passée par ces collines pour fuir Franco. Le village est aussi connu pour avoir hébergé l’écrivain et philosophe Walter Benjamin pendant ses dernières heures, alors qu’il fuyait le régime nazi.

Contrechamp

Aujourd’hui, l’activité ferroviaire s’est amoindrie. On aime se promener dans les collines, au gré des sentiers de randonnée, savourer la beauté du panorama depuis le Cap Cerbère, faire de la plongée sous-marine ou tout simplement se laisser dorer sur la plage de Peyrefite, loin de l’agitation des autres villes de la côte.