14 Mar L’ombre polychrome de Gaudí : Josep Maria Jujol
Architecte, dessinateur et peintre, Josep Maria Jujol a longtemps été le plus proche collaborateur du génial Antoni Gaudí qui le considérait comme son fils. Personnellement, il est aussi à lorigine dune multitude duvres modernistes disséminées dans toute la Catalogne. Discret, longtemps méconnu, il reste un redoutable créateur.
Le mythique banc ondulé en mosaïque bariolée du Parc Güell, c’est lui. Les éléments multicolores en céramique de la façade de la Casa Batllo, c’est encore lui. La ferronnerie des balcons de la Casa Mila, c’est lui aussi. La première maquette polychrome de la Sagrada Familia présentée à l’Expo de Paris en 1910, c’est toujours et encore à Josep Maria Jujol qu’on la doit. Et non pas à Gaudí… Jujol est en effet cet incroyable architecte qui de 1904 à 1927 (année de la mort de Gaudí) travailla dans l’ombre du maître. Il reste celui par qui la couleur est arrivée dans l’œuvre mythique de Gaudí. Né à Tarragona en 1879, Josep s’installe à Barcelona avec sa famille en 1883. Rapidement, il fréquente l’Ecole supérieure d’architecture de Barcelona, dont Domenech i Montaner est à l’époque le directeur. L’influence sur son travail est là : la nature, les motifs floraux, les formes courbes. Sensible, novateur, presque avant-gardiste, Jujol exerce ses talents comme architecte mais aussi comme dessinateur et sculpteur. Il enseignera même son art à l’école d’architecture. Quand bien même le travail architectural de Josep Jujol se révèle modeste en terme de dimensions, comparativement aux grands maîtres de l’Art Nouveau Catalan, tels que Gaudí, Domenech i Montaner, Puig i Cadafalch pour ne citer que les plus grands, l’originalité de l’œuvre de Jujol n’en demeure pas moins impressionnante. Il a pris pour habitude de travailler avec des matériaux recyclés qu’il marie avec une rare magie. Son sens de la couleur et du modelage fait rage, de même que toute cette poésie qu’il insuffle dans l’assemblage d’éléments de récupération. Il suffit de se pencher sur l’arrière du fameux banc ondulé du Parc Güell pour découvrir des pièces récupérées, cuites au four. Jujol fait, pour ainsi dire, feu de tout bois et trace sa route. En collaboration avec Gaudí mais également seul. On lui doit également le théâtre Metropol de Tarragona, la Torre de la Creu à Sant Joan Despi, mais aussi la remarquable transformation de la Casa Bofarull à Els Pallaresos, le marché central de Tarragona, l’église du Sacré Cœur à Vistabella. La première pierre du majestueux sanctuaire de Montserrat à Montferri, lui est également attribuée. Sans compter la décoration d’ascenseurs et de boutiques ainsi que les nombreuses maisons bourgeoises auxquelles il a apporté sa touche et son style. Disciple de Gaudí, le rôle de Jujol auprès de son maître a longtemps été occulté. Depuis quelques années, historiens et critiques d’art lui reconnaissent son extraordinaire influence jusqu’à lui rendre la paternité de certaines œuvres majeures signées Gaudí. Josep Maria Jujol est décédé à Barcelona le 1er mai 1949. Travailleur acharné.
michel clerbois
Posted at 00:58h, 16 décembreun architecte majeur, inventif ! Bien supérieur à Gaudi !