01 Nov Au Val d’Aran, L’après-ski cosy
Connaissez-vous l’olla aranaise ? L’andito ? Le caviar et le cidre du Val d’Aran ? Le bien vivre au Val d’Aran, ce sont tous ces délices pour les papilles, mais aussi une quantité incroyable de bars et restaurants dans Vielha, des spas et bains naturels, et bien d’autres choses encore. Ambiance cosy, comme il se doit en hiver dans les Pyrénées.
On s’active en cuisine. Le chef, Marc Pedarròs, dispose de belles tranches de viande fondante à souhait sur un plat et se lance dans un ballet de petits gestes précis, afin d’en faire, ni une ni deux, une œuvre d’art pour les yeux qui, conjuguée au formidable filet qui titille les narines, nous fait franchement saliver. Mais, à peine a-t-on eu le temps de s’attendrir sur la dite assiette, que celle-ci nous file sous le nez, direction : la salle. Nous sommes au « Er Occitan », un restaurant haut de gamme de Bossost, qui mêle savamment culture culinaire traditionnelle et apports plus modernes. La cuisine aranaise est faite d’une double spécificité : elle tient au corps, comme toute cuisine montagnarde, et elle est tournée vers la région toulousaine et le nord, puisqu’ici, nous sommes en terre occitane.
Olla aranaise et soupe à l’ail
« La soupe à l’ail, par exemple, est un plat traditionnel, explique Marc. Je fais beaucoup de recherches du côté des produits occitans, je travaille par exemple un suquet provençal, avec des tomates, des olives, de l’ail,… ». Mais « le » plat traditionnel, c’est « l’olla aranaise », une préparation avec du porc, du poulet, du veau, des carottes notamment, qui tient bien au corps, idéale en hiver. « Le porc est très présent dans la cuisine aranaise », précise Marc. Autre spécialité à base de porc, « l’andito », une charcuterie. « On a aussi récupéré le haricot de Bossost, un haricot blanc qui ne ressemble à aucun autre en Espagne ». Délaissée dans le passé car soumise aux taxes et remplacée par la pomme de terre, cette « monjeta » (haricot en catalan) se refait donc une santé. Elle est reconnue par le ministère de l’Agriculture et une fête lui est même dédiée chaque année. Pâtés de campagne, de lapin, saucisses, fromages, mais aussi bières (une production récente), cidre et même caviar de marque Nacarii, produit à Les… Question produits locaux, les restaurateurs du Val d’Aran ont de quoi faire. Et les gastronomes de quoi déguster.
19 bars et restaurants dans une ville de 5 700 habitants !
Dans le Val d’Aran, le moindre petit village est pourvu d’une quantité de restaurants et petits bars à tapas stupéfiante. En hiver, à la faveur d’une bonne journée de ski et d’une nuit tombée prématurément, on se laisse tenter par ces établissements cosy, éclairés au fond d’une ruelle, alors que le blanc de la montagne illumine la vallée. Généralement, on vous propose des tapas variées accompagnées de vins catalans et de la Rioja. Un début de soirée bien agréable, avant de passer à une balade digestive dans les rues typiquement pyrénéennes de ces villages de charme en pierres et ardoises. Nos coups de cœur : Arties, Bagergue ou encore Unha, qui ont su conserver une authenticité montagnarde malgré l’ouverture au tourisme. A Vielha (ou Vileha e Mijaran), le chef-lieu du Val d’Aran, la concentration d’établissements est particulièrement importante : 19 bars et restaurants, pas mal, pour une ville de 5 700 habitants ! Nous poussons la porte du Corner de Sant Nicolau, dans une ruelle de la rive gauche de la rivière Nere. Ici, les touristes se mêlent aux habitués. Des vieux, des jeunes, et même quelques enfants, qu’il y ait école ou pas le lendemain. Du bruit, des rires, des sons d’instruments de musique montant du sous-sol… Ici, c’est le bar-restaurant à la Catalane ou à l’Espagnole, festif et bon enfant, quel que soit le jour de la semaine.
Civet, arôme de truffes et fromages
La carte met en émoi. Civet de cerf, œufs frits au foie gras et frites maison à l’arôme de truffes, et autres cèpes à la braise, lorsque la saison s’y prête. Ou, tout simplement, des plateaux de charcuteries ou de fromages… Réalisés avec des produits simples mais savoureux, que l’on arrose avec un Bernat Oller rouge, dénomination d’origine Pla de Bages. Dehors, le froid fouette le visage, mais les noctambules intrépides déambulent dans les rues de Vielha et, ça et là, poussent une porte, laissant une musique envahir sporadiquement la rue. Plus haut, le long du Nere, le bruit de l’eau dévalant la pente avec force emplit l’espace sonore. Dans un coin de rue, une torche allumée indique la direction de l’Era Canaula, un petit bar. Pour y accéder, on suit une petite rue qui entre dans un autre monde. Fini, la ville avec ses hôtels de cinq étages, son artère principale commerçante et ses parkings. Nous sommes dans une autre Vielha… Un village de montagne. Avec ses murs en pierre, son sol pas vraiment lisse, et même, ici et là, une maison en ruine aux ouvertures bouchées. Instantanément, on sent qu’ici, bat le cœur de Vielha. Son âme, et son histoire. L’Era Canaula est tapi au fond d’une ruelle. Ambiance tamisée, déco surprenante, avec, au mur, des photos rétro d’univers urbain, dans un coin un vieux téléphone, là une bibliothèque, et, sous le verre de notre table, de très vieux exemplaires de journaux français. Marcos, le patron des lieux, a débarqué de Barcelone il y a dix ans. Il sert des pintxos et du bon vin à des habitués ou des gens de passage, venus bouquiner ou discuter au calme. « Vivre ici, c’est comme vivre en face de la Sagrada Familia, explique-t-il. Je ne vois pas tout au quotidien ». Du Val d’Aran, Marcos aime les rivières, les bois, la nature. « Ici, nous sommes une petite famille », dit-il encore.
Shopping gourmand et local
Côté shopping, outre les nombreux magasins de vêtements, bijoux et autres objets de décoration intérieure, là encore, Val d’Aran rime avec papilles ! Sur le Passeig de la Llibertat, la Cava Beso, fondée par le grand-père d’Antoni, le propriétaire actuel, propose une gamme plus que complète de boissons alcoolisées et autres produits du terroir. Des vins catalans et espagnols et de l’huile d’olive de qualité qu’affectionnent les touristes français, et pour les Espagnols, des alcools français, très haut de gamme pour certains (un champagne « Salon » à 285€, élaboré avec des vignes de l’époque pré-phylloxérique, c’est dire, ou un Armagnac de 1973…). Mais aussi des spécialités locales : de l’aigua de nodes (alcool de noix élaboré avec du rhum brun et des racines), de la liqueur de « granhons », avec de l’anis et des sortes de myrtilles, ou de la liqueur de fruits des bois. Antoni joue la carte locale au maximum, et ne manque pas de faire l’article des jus de poire et de pomme locaux, de la fromagerie de Bagergue, que l’on peut visiter… Et du cidre de la vallée. Car si cette production a toujours existé de façon confidentielle dans les familles, une fabrique s’est créée récemment. La bière Immortèla aussi est récente, et on peut visiter la brasserie, à Casarilh.
Les bains accessibles uniquement en motoneige
Que faire d’autre après le ski ? Et pourquoi pas… Ne rien faire, tout simplement ! Juste se délasser dans une eau chaude naturelle ou se laisser masser. La vallée compte seize hôtels équipés de spas, d’où l’embarras du choix… Mais aussi des bains naturels captés. C’est le cas des thermes de la Baronnie de Les, près de la frontière française, et des Bains de Tredós, situés dans un environnement grandiose, en pleine montagne, à quelques encablures du parc national d’Aïguestortes et du lac de Sant Maurici. Le petit établissement prend ses eaux dans la rivière Aiguamòg. Il est situé à 1 740 mètres d’altitude, ce qui en fait le plus haut d’Europe. En hiver, on ne peut y accéder qu’en motoneige. Un service de navette vient chercher les clients sur un parking situé à quatre kilomètres de Salardú, dans un cadre déjà superbe. C’est en fendant la poudreuse, au milieu des montagnes boisées et de quelques mas isolés, qu’on arrive aux bains. Un dépaysement total… Idéal pour achever ce séjour aranais sur une note féerique.
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