03 Avr Gloria Lasso : attachée à la gloire
Impératrice de la latinité et du glamour, l’apparemment très espagnole Gloria Lasso, était en fait catalane ! De quoi y perdre vraiment son latin…
Rosa Coscolin est née en 1922, à Figueres et a fermé les yeux au Mexique, en 2005. Entre les deux, une vie de hauts et de bas, en cinémascope et la fabrication d’une icône planétaire. Pourtant, rien ne prédisposait la petite Rosa à un destin aussi fabuleux. Du moins, jusqu’à ce que le hasard, cet inépuisable plaisantin, ne s’en mêle. En 1948, la jeune fille est infirmière lorsqu’elle est appelée pour remplacer une chanteuse à la radio. Ses trilles roucoulants et le grain de sa voix, riche et sensuel dans les graves, capable d’envolées cristallines dans les aigus, séduisent et sa carrière commence. Pourtant, la consécration viendra outre-Pyrénées. Nous sommes en pleine mode des chanteurs à accent, latinos de préférence : Rina Quiti, Dalida, Tino Rossi tiennent le haut du pavé. Entre-temps, Rosa a trouvé son nom de scène : Gloria Lasso. Quelques standards latins, quelques tubes américains ou français, une orchestration étoffée avec des violons, des guitares, des trompettes et des castagnettes et voilà que les planchers des salles de bal s’enflamment. Les ventes des albums aussi. Quelques titres au passage : « Hola que tal », « Etranger au paradis » (1 million d’albums), « Amour, castagnettes et tango », « Buenas noches mi amor », « Si tu reviens un jour »… En 1962, elle part en tournée au Mexique, s’y installe, et tourne en Amérique du nord et du sud, avant de revenir en France en 1972, invitée par Pascal Sevran. Elle remplit l’Olympia en 1985, donne une série de concerts au Bataclan en 1990. Infatigable, elle enregistre en 2002 : « Amor latino ». La pochette est réalisée par les photographes Pierre et Gilles. Car Gloria, malgré son âge respectable, est devenue une véritable icône gay ! Jamais en reste d’une transgression, elle pose même pour le célèbre roman-photo « Nous deux » à plus de 80 ans ! Elle donnera son dernier concert en 2003, au Gran Teatro de Cuernavaca.
Sa vie privée, tumultueuse rappelle les frasques d’Elisabeth Taylor, avec un étrange sens moral en prime : mariée six fois, elle a tenu à ce que ses trois filles aient le même père ! Jean Cocteau, subjugué avait déclaré à son propos : « Gloria Lasso, voilà le nom qu’elle mérite. Il commence par un chant de victoire et s’achève par une arme pour prendre de loin les hommes et les bêtes. Le lasso d’une voix et la gloire qui en résulte ».
Pas de commentaire