12 Déc Xavier Gabriel La chance en or brut
Cet homme est un ovni ! Natif de Sort, Xavier Gabriel est aujourd’hui l’une des plus grandes fortunes de Catalogne. Entrepreneur de génie, il a créé la Bruixa d’Or, loterie la plus florissante d’Espagne. Pionnier de la vente de billets de loterie sur internet, il a déjà réservé son vol pour être le premier touriste spatial d’Espagne ! Passionné par le marketing, la publicité et l’innovation, Xavier Gabriel n’en finit plus de surprendre… Parce que comme il le répète : « Res, no és impossible ». Rencontre intergalactique en or brut !
Cap Catalogne : En observant votre parcours, c’est à croire que Sort (qui signifie chance en catalan), la ville dans laquelle vous êtes né en 1957, vous a vraiment porté bonheur…
C’est exactement ça ! Naître et vivre à Sort dans le Pallars Sobirà, a toujours été un défi. Le fait de vivre encerclé de montagnes, loin des grandes villes où tout se passe, reste ma source de motivation. Le paysage et la difficulté d’accès m’ont inconsciemment poussé à surmonter les obstacles et à me dépasser. Quand j’étais gamin, à l’âge de 8 ans, je montais au lieu-dit des Cinq pins, un endroit magique. Là, je prenais l’écorce des arbres, pour en faire de petits bateaux que je faisais descendre dans le courant de la rivière. Je rêvais d’en avoir de vrais, à moi. Et c’est ce qui s’est passé. A 12 ans, toujours dans le Pallars Sobirà, un ami de la famille me faisait découvrir le ciel et les étoiles. Il faut dire que les observer d’ici est un cadeau de la nature. J’étais instantanément tombé amoureux des étoiles ! Depuis 2008 j’attends que VSS Enterprise décolle, j’ai déjà réservé mon billet. Ce qui fera de moi le 1er touriste spatial espagnol !
Cap Catalogne : Vous avez pourtant d’abord quitté Sort avant d’y revenir pour y faire fortune…
Et oui, mon petit village de Sort me faisait l’effet d’un pessebre à côté des grandes villes. Du coup, à 16 ans, j’ai commencé à travailler pour une banque à Lleida. En un an, je suis passé de groom à agent administratif. A 21 ans, je partais à Tenerife pour le service militaire obligatoire. A mon retour, j’ai gravi les échelons à la banque. J’ai ensuite été nommé à Sort comme directeur d’agence. Je travaillais du matin au soir, pour un salaire plus que confortable. Mais après 11 ans dans le milieu de la banque, j’arrivais à saturation. J’étais marié, j’avais un fils et à peine 30 ans, j’ai tout lâché pour le grand saut…
Cap Catalogne : Au fond, vous avez quelque chose de l’aventurier… Vous aimez la prise de risque…
C’est en effet une étape de ma vie où l’aventure au sens propre, a tracé ma voie. En 1987, je me suis lancé et avec moi j’ai embarqué toute la région du Pallars Sobirà, dans le monde des sports d’aventure. C’était alors un terrain inconnu et pourtant nous avions tous les ingrédients naturels pour faire exploser cette activité. Avec quelques amis, nous avions l’objectif de devenir les meilleurs d’Espagne et même d’Europe ! Trois ans après le lancement de notre société, nous avions les meilleures installations d’Europe. Nous étions devenus les pionniers du rafting, de l’hydrospeed et du canyoning. Les clients déferlaient par milliers. En 1990, nous sommes partis pour une expédition en Amérique du Sud pour filmer la serre amazonienne. Nous avons ramené des images du Salto Angel, au Venezuela, les plus grandes chutes d’eau au monde. Notre parachutiste a osé un saut dans le vide de 964 mètres ! Sony s’est servi de cet exploit pour ses publicités dans une vingtaine de pays ! Aujourd’hui, je dis toujours que ce qui sépare le succès de l’échec, c’est une chute verticale de 964 mètres ! Il faut savoir prendre des risques.
Cap Catalogne : Pourquoi, malgré l’immense succès du développement des sports d’aventure dans le Pallars Sobirà, vous avez décidé de tout arrêter ?
En effet, tout marchait très bien. J’ai même fait appel à un industriel français pour qu’il vienne construire un pont dans le Pallars Sobirà. D’en haut, les amateurs de sensations fortes pouvaient sauter. Sur les piliers, on avait imaginé des voies d’escalade. Nous avons eu un immense succès dans tous les médias. En 15 mois, la construction du pont était amortie. Mais j’avoue que je n’ai jamais été un passionné des sports de pleine nature et d’aventure. C’est la création d’un projet qui m’avait intéressé. Je n’arrive toujours pas à comprendre comment les gens peuvent faire tant de kilomètres, faire la queue, et dépenser de l’argent pour finir trempés ! Malgré ça, nous étions numéro 1 en Europe en termes d’activités proposées et de fréquentation. Le Pallars Sobirà était en pleine ébullition grâce à ce type de tourisme. Partout des bars, des discothèques et des commerces qui bénéficiaient de ce grand boum. En 1992, nous voulions investir dans une auberge dédiée au public des sports d’aventure. Les tractations ont capoté, la bande d’amis n’était plus et depuis ce jour je me suis promis de faire du business seul !
Cap Catalogne : C’est donc à ce moment que vous est apparue, comme vous dites, une idée absurde ?
J’avais en effet eu l’idée absurde d’ouvrir un guichet de loterie à Sort, un village qui ne comptait pas plus de 1 500 habitants. Je n’avais donc même pas la garantie de vente obligatoire et minimale pour maintenir mon activité ouverte. Sachant en plus que des milliers de points de vente de loterie existaient en Espagne. Mais je voulais y croire. J’ai donc fait du porte à porte pour faire venir les clients. Au début, le bureau de loterie s’appelait L’Estel. Trop commun en Catalogne. J’ai alors choisi « Stop » pour que les gens s’arrêtent sur leur passage. Mauvais choix. Ils croyaient que nous étions une auto-école ! Finalement le nom de la « Bruixa d’Or » s’est imposé de lui-même…
Cap Catalogne : Comment votre société de loterie a-t-elle fait de vous un « homme en or » ?
Le 31 décembre 1993, je décidais d’abandonner ma société de sports d’aventure et seulement cinq jours plus tard, le 5 janvier 1994, La Bruixa d’Or faisait gagner le « sorteig del Nen » : 60 millions d’euros. Et attirait des milliers de clients dans la foulée. Comme prise dans une vague de chance, c’est à Sort la bien nommée, que « la grossa » des Rois a été gagnée en 1996. Et ainsi de suite en 1998 et 1999. Cinq fois de suite, Sort tirait le gros lot ! La réputation magique de ce petit village de montagne était née ! Les ventes de billets ont explosé et les médias ont afflué vers Sort. Grâce à la Bruixa d’Or, j’ai pu m’offrir le rôle de premier touriste spatial d’Espagne en 2008. Une double notoriété qui m’a valu plus de 6 000 interviews avec des journalistes nationaux et internationaux. Chaque année, au moment du tirage au sort de Noël, ce ne sont pas moins de 40 journalistes accrédités qui me sollicitent ! Et le plus fou dans l’histoire, c’est qu’une année sans gros lot les attire encore plus !
Cap Catalogne : La chance n’a pourtant pas tout fait dans votre succès ?
Certainement pas. La chance, c’est la poésie du destin. La chance n’est que le résultat de ce que tu provoques. Comme un boomerang. C’est le travail, l’idée, la créativité et l’optimisme qui font le succès. Si la Bruixa d’Or a connu un tel boom, et est devenue la première de toute l’Espagne, c’est aussi parce que j’ai osé bousculer cette institution de la loterie vieille de deux siècles. Il n’y a qu’en Espagne que la loterie a autant de succès. Comme si c’était dans les gênes. Alors j’ai eu l’idée de commencer les ventes de billets en août, ce qui ne se faisait pas. Et de vendre sur internet. Nous avons affolé tous les compteurs. Encore une fois pionnier ! J’ai eu la chance de ne pas croire en la chance, sinon en l’idée de la chercher…
Cap Catalogne : La Bruixa d’Or a-t-elle encore quelques recettes magiques dans sa besace ?
Elle va continuer à explorer et à offrir du rêve aux gens ! Je continue à chercher des idées originales portées par un marketing humain de l’implicite. J’ai créé une association d’aide aux enfants atteints d’autisme et de maladies orphelines. Une partie de mes bénéfices, à travers la création de la Loterie Culé, va également à la Fondation du Barça. Depuis le mois d’août dernier, j’ai ouvert une grande boutique attenante à la loterie de la Bruixa d’Or. Un petit paradis où le client doit avoir l’impression que c’est tous les jours Noël ! Sur 250 m2 carrés, on ne trouve là que des produits de luxe. Vins et cavas de chez Juvé i Camps, anchois de l’Escala, jambons XG-Coto, tourons et chocolats Vicens de Agramunt et une série de vins remplis de paillettes d’or comestibles ! Sans compter les murs digitaux, avec lesquels vous pourrez entrer en communication avec la Bruixa d’Or et vous faire prendre en photo en direct avec elle. Un porte-bonheur à emporter. En échange, la Bruixa d’Or enregistre des milliers d’adresses internet de nouveaux clients. Rien n’est impossible !
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