02 Mar Baix Llobregat : le grenier de Barcelona
C’est le garde-manger par excellence ! Avec ses primeurs et ses arbres fruitiers, sa culture de l’artichaut, ses cerisiers et son coq de race Potablava, le Baix Llobregat cultive une identité terrienne et gastronomique à nulle autre pareille.
La cuisine aux champs
Des champs à perte de vue, des paysans le dos courbé au cœur d’un ballet de tracteurs. Le Baix Llobregat cultive sa singularité de « comarca » ancrée dans la terre. Une fierté terrienne que l’on retrouve dans l’assiette. Et dans la défense des produits authentiques et frais. Un véritable régal ! Bon profit !
Ils en sont fiers et ils ont bien raison. La nature a mis entre les mains des paysans du Baix Llobregat une pépite : une terre féconde, arrosée par un généreux delta. Encore fallait-il avoir la force de résister à la pression foncière, au grignotage des industries et aux spéculations immobilières en tous genres. Ils se sont battus, défendus, et révoltés notamment contre le méga complexe de loisirs Eurovegas. Un projet pharaonique de « Las Vegas espagnol » qui prévoyait de s’implanter dans le Baix Llobregat, sur près de 800 hectares, pour y installer casinos, hôtels et restaurants. Repoussé du côté de Madrid, le projet a finalement été abandonné. Le Parc Agrari del Baix Llobregat pouvait alors respirer… Le parc, c’est cette zone protégée de près de 3 000 hectares qui englobe 14 villes situées dans la partie basse du fleuve Llobregat. Une plaine fluviale extraordinairement riche en maraîchage et en arbres fruitiers. Les Barcelonais l’avouent. Le Baix Llobregat, c’est leur grenier, leur réservoir alimentaire. Celui qui leur permet de « menjar fresc ». Car ici on a la chance de pouvoir se nourrir de produits frais du terroir.
Artichauts et cerises à profusion
Parmi les produits phares qui font l’identité de la région, la « carxofa Prat », la « cirera del Baix » et le « pollastre i capo del Prat ». Comprenez l’artichaut, la cerise et le coq ! Des produits d’excellence cultivés et élevés dans la plus pure tradition. L’artichaut Prat peut en effet s’enorgueillir de cent ans d’histoire. On dit de lui qu’il est le roi du Baix Llobregat et ne ressemble à aucune autre variété. Sa saveur douce et tendre est en effet liée à la terre profonde et fertile, au climat tempéré, à la protection des montagnes et l’action de la Méditerranée.
C’est à Sant Boi de Llobregat pour la grande « Carxofada » d’avril que l’on peut déguster l’artichaut à toutes les sauces ! Quant à la cerise, elle est cultivée par plus de 200 familles de cette comarca, dont provient la moitié de la production de cerises de Catalogne. On la trouve essentiellement dans les montagnes au-dessus de Santa Coloma de Cervello, El Papiol, Sant Climent et Torrelles. Abritées par les massifs montagneux, caressées par la brise du fleuve, ces cerises-là affichent une maturation lente et équilibrée qui lui confère une saveur exceptionnelle. La cerise se fête au printemps dans tous ces villages.
Le coq, roi du secteur
Le coq de la race Prat enfin, plus connu sous l’appellation « Pota Blava » est le seul dans toute l’Espagne à avoir reçu le label d’indication géographique protégée. Sa chair tendre et son goût intense qui rappelle la saveur des poulets d’antan en ont fait le principal protagoniste de la campagne gastronomique « El Pota Blava a la carta » qui se tient chaque année d’octobre à décembre. Le Consorci de Turisme del Baix Llobregat, sélectionne ainsi plusieurs restaurants qui offrent ce singulier coq sur leurs cartes. Alors forcément, quand on a un poulet rustique élevé au grain et à l’air libre, quand on a su le protéger de tous les croisements possibles et imaginables, autant valoriser au mieux ce « Pota Blava » dignement célébré en décembre à l’occasion de la foire avicole d’El Prat de Llobregat. C’est ce que font entre autres une vingtaine de restaurateurs, à travers l’opération « El Prat Degusta’l ». Et tous de proposer sur leurs cartes des recettes où le Pota Blava et l’artichaut entrent dans la danse des papilles. Faciles à identifier, ces restaurants affichent tous le logo de l’opération.
Farandole de biscuits typiques
Autant dire qu’une escapade dans le Baix Llobregat ne va jamais sans passer à table. Au rang des produits typiques, on trouve également les Torretes de Torrelles de Llobregat. Des biscuits en forme de tourelles, desquelles on trouve 11 sortes. Nappées de chocolat blanc ou noir, couvertes d’amandes ou de zestes de citron… Confectionnées toute l’année dans les pâtisseries, les Torretes sont également servies en dessert chez Can Balach de Baix, Cal Frare et Cal Joan à Torrelles de Llobregat. Tout aussi typiques, les Harmonies d’Esplugues. Petits biscuits imaginés dans les années 70 par la pâtisserie Can Cosme. A Sant Viçens dels Horts, depuis 1983, on craque pour les Palmes i Moles. Petits biscuits qui rappellent les attributs de Saint Vincent. On les déguste majoritairement durant la Festa Major d’hiver. Particulièrement réputés enfin, les « Tubs d’orgue » de Collbato. Des petits tubes fabriqués artisanalement qui rappellent les 1 545 tubes de l’orgue du village, façonné en 1978 et fierté des habitants.
Et comme tout met gourmet et gourmand s’arrose, le Baix Llobregat n’est pas en reste de caves. Sept communes défendent aujourd’hui la dénomination d’origine des vins du Penedès : Abrera, Castellví de Rosanes, Cervelló, Corbera de Llobregat, Martorell, Sant Esteve Sesrovires et Vallirana. Parmi les caves les plus emblématiques, les Bodegues Ca N’Estella, Cal Pere Tarida, Caves Canals Canals, Montau de Sadurni, Puig Munts et Trivins.
Au final, si le Baix Llobregat se distingue par une infinie quantité de produits de la terre, il n’en demeure pas moins que sa façade maritime lui offre toute une série de plats de fruits de mer avec mention spéciale pour les spécialités à base de riz. Pour les déguster, c’est sur la côte, essentiellement à Gavà et Castelldefels qu’il faut aller. La mer en toile de fond, la mer dans l’assiette pour renforcer cette identité gastronomique. On n’est donc pas surpris que le mythique chef catalan Ferran Adria, né à l’Hospitalet de Llobregat, revendique d’avoir fait ses armes à Castelldefels. C’était certes à la plonge d’un restaurant, le Playafels, mais l’établissement se targue encore d’avoir vu passer le monstre sacré de la cuisine moléculaire. Autre chef étoilé et ultra-cathodique, à ne pas oublier ses racines : Sergi Arola. Né à Olesa de Montserrat, le Catalan rappelle, à qui veut bien l’entendre, que son amour du métier trouve son origine dans le fertile Baix Llobregat de sa grand-mère adorée. Repéré par Ferran Adria et par Pierre Gagnaire, Sergi Arola fait aujourd’hui partie des plus grands noms de la gastronomie internationale. Il officie à l’Hôtel Arts à Barcelona mais aussi à Madrid et Paris. Quand tout part du Baix Llobregat, on a de quoi être fier ! Obstinés, passionnés, les Baix Llobregatins apparaissent comme de merveilleux hôtes, garants d’un véritable dépaysement…
Pas de commentaire