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Maria Miranda ou l’amour du Baix Llobregat

02 Mar Maria Miranda ou l’amour du Baix Llobregat

Baix11Maria Miranda travaille au Consell Comarcal du Baix Llobregat. Elle nous propose ici un portrait inattendu de sa comarca, beaucoup plus rural et naturel que prévu. Une bonne claque aux idées reçues qui donne envie d’aller voir sur place.

CC : Bonjour, Maria, quelle est votre fonction exacte au sein du Consell Comarcal ?

Je suis Conseillère de Tourisme, c’est-à-dire que je m’occupe de la promotion de la comarca du Baix Llobregat au niveau national, au niveau de l’état espagnol et au niveau international. C’est une mission passionnante. Elle demande de faire passer, au-delà des informations objectives que chacun est en droit d’attendre, autre chose : l’amour de ce pays souvent méconnu et victime de sa trop grande proximité avec Barcelone. Nous subissons l’injustice de toutes les banlieues du monde : c’est dire si nous gagnons à être connus (rires).

CC : Vous aimez beaucoup ce pays, cela se sent. Vous y avez toujours vécu ?

Je suis née à Barcelone mais j’ai toujours vécu ici, à Castelldefels et je suis très attachée à l’identité très particulière de cette comarca où tout coexiste sans jamais s’affronter. Ici les gens viennent de partout et pourtant, ils sont d’ici ! Même Messi a choisi le Baix Llobregat !

CC : De loin on a toujours l’image d’une comarca très liée à Barcelone, plutôt cité dortoir, plutôt périurbaine. C’est faux ?

Bien sûr nous sommes très proches de Barcelone, à moins de 15 minutes du centre-ville, et c’est une situation très enviable pour tous ceux qui travaillent et qui prennent les transports en commun. Revers de la médaille, peu de gens se soucient de notre identité propre. Pourtant, nous ne nous définissons pas par simple fonctionnalité relative à la ville. Nous jouissons d’un environnement privilégié, avec des rivières, la mer, des montagnes et pas des moindres, celles de Montserrat, l’espace incroyable du delta du Llobregat, une zone humide sublime, et bien sûr, des éléments de patrimoine exceptionnels, comme la crypte de la colonie Güell signée Gaudí et mondialement connue.

CC : Un endroit où l’on peut respirer, aussi ?

Oui, c’est ça, un endroit où l’on peut à la fois profiter de tous les avantages de la ville et se ressourcer en contemplant la plage, en traversant les aiguamolls, en faisant des randonnées… les possibilités sont infinies ! Il y a ici une douceur de vivre, dictée par la beauté de l’environnement, mais aussi par la présence de produits du terroir excellents et inattendus à une telle proximité de la ville-monde qu’est Barcelone ! On rentre du travail et on a l’impression d’être à des années lumières, à la campagne en quelques minutes. C’est inappréciable et assez rare, je crois, en Europe.

CC : En fait, c’est le tandem gagnant urbain-rural ?

Oui, cette dualité nous rend désirables pour tous types de visiteurs : les familles qui trouvent tous les loisirs possibles, le tourisme d’affaires qui joue sur le patrimoine et la proximité de Barcelone, les jeunes qui viennent en RER… C’est un véritable luxe de passer d’une zone verte à la ville en si peu de temps. Une fois qu’on y a goûté, que ce soit pour y vivre où pour y passer des vacances, on y revient. C’est un endroit où on a le droit de tout vouloir en même temps et de ne renoncer à rien. La plage et un opéra au Liceu, par exemple. Ou le contraire : la découverte du patrimoine de Barcelone et un resto au bord de la mer, le soir, loin de la foule.

CC : Comment s’équilibre la population entre les paysans du cru et les ouvriers venus d’autres parties de l’état espagnol ?

Et bien disons que la greffe a pris sans que personne ne renonce à quoi que ce soit. Les paysans sont restés attachés à leur terre et font partie aujourd’hui du Parc Agraire : ils s’inscrivent dans une série de fêtes votives comme la Puríssima de San Boi, la Candalera de Molins de Rei ou encore la Fira del Prat de Llobregat. Toutes ces traditions permettent d’expliquer aux nouveaux arrivants les traditions de la comarca et ils ne tardent pas à les adopter, puis à les transmettre. C’est ainsi que beaucoup de villages sont devenus des petites villes mais sans rien perdre de l’essence de leur histoire et de leur passé.

Baix10CC : Les magnifiques zones d’aiguamolls du Llobrebats sont un des musts de la comarca…

Oui, ces espaces ne sont pas assez connus et c’est regrettable compte tenu de leur spécificité. Il s’agit de l’une des zones humides les plus importantes de Catalogne et certainement de l’un des espaces naturels les plus emblématiques de Barcelone. Aucune autre capitale méditerranéenne ne peut se targuer de disposer d’espaces aussi sauvages à ses portes ! Marseille doit aller jusqu’à la Camargue. C’est un lieu extraordinaire, entre ciel et mer, unique en termes de migration des oiseaux du nord de l’Europe vers l’Afrique. S’y promener, observer la faune et la flore, c’est retourner à la source de toutes choses, oublier le rythme de la ville, reprendre racine. J’adore cet endroit et j’y vais le plus souvent possible. J’y croise des familles, des écoles, mais aussi des ornithologues venus du monde entier.

CC : A part la colonie Güell, mondialement connue, qu’avez-vous envie de nous faire découvrir ?

Il y a tant de choses… Au niveau des sites, je citerai les grottes de salpêtre de Collbató, le parc archéologique préhistorique de Gavà, évidemment le canal Olympique de Catalogne cher aux sportifs et bien sûr le parc des maquettes de la Catalogne en miniature, une petite merveille didactique et ludique. Je n’oublie pas la beauté de nos 15 km de plages en toutes saisons, et j’insiste sur cet aspect, un luxe inouï à 15 minutes d’une mégapole. Et puis, évidemment, il y a les spectacles expressionnistes que sont chaque année pour Pâques les Passions d’Olesa et d’Esparreguera dont la réputation dépasse largement notre comarca.

CC : Résumons-nous : si vous faisiez visiter le Baix Llobregat à des amis, quel serait votre programme idéal ?

Je crois qu’il faudrait plusieurs jours ! Enfin, disons que je commencerais par les éléments les plus surprenants comme la Crypte de Gaudí à la Colonie Güell, puis la montagne de Montserrat qui n’est quand même pas rien. Chaque fois que j’y amène des amis ils sont sidérés par ces roches vertigineuses et tourmentées, trouées de grottes, qui semblent jaillir de la plaine. Et puis, il y aurait les plages et bien sûr, tout cela serait sublimé, magnifié par la gastronomie, un élément à ne jamais oublier en Catalogne !

CC : Justement que leur feriez-vous découvrir en termes de cuisine ?

D’abord l’excellence des produits de terroir comme les artichauts du Prat, ensuite le poulet du cru, connu sous le nom de « patte bleue » ou pollastre del Prat, les cerises… et puis bien sûr les plats caractéristiques de poisson de la côte comme le suquet ou encore de viande avec le canard aux poires. Pour les viandes, nous sommes ici des champions de la volaille !

CC : Que souhaitez-vous dire de particulier aux Catalans du nord, à propos du Baix Llobregat ?

Qu’ils soient surpris par cette comarca proche de la Costa Brava dont souvent ils ne connaissent que l’immense aéroport, même si nous sommes très fiers qu’il soit l’un des plus grands du monde et qu’il soit aussi le leur, bien plus proche de Perpignan que celui de Paris. Le Baix Llobregat est bien autre chose que la succession de villes dortoirs à laquelle on pourrait s’attendre : c’est une comarca très rurale qui regorge d’éléments patrimoniaux, que sa proximité avec la métropole a doté d’équipements de premier plan. Ville, mer, montagne, rivière, le Baix Llobregat, c’est le tout en un !

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