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Follement illuminée Barcelona, belle de nuit

04 Déc Follement illuminée Barcelona, belle de nuit

“Barcelona la grande ensorceleuse.” Le poète Joan Maragall ne croyait pas si bien dire. De jour et peut-être encore plus de nuit, Barna navigue en eaux de vie. Sous le soleil, la capitale brille. Drapée d’étoiles, elle scintille de mille feux insoupçonnés et plonge ses visiteurs dans une atmosphère si singulière. Tours de lumière, fontaines étincelantes, visites de musées nocturnes, balades à la belle étoile. A Barcelona, la nuit n’’a d’yeux que pour vous !
Encore plus belle de nuit ? Il y a un peu de cette magie-là à Barcelona, « ciutat de les llums ». Une fois le soleil couché, la capitale catalane déballe son plan de nuit. Comme une table géante sur laquelle on aurait dressé bougies, chandelles et candélabres. Veilleuse de nuit royale, Barcelona change de visage et s’offre une nouvelle physionomie. Comme une seconde peau. Comme un feu d’artifice sans fin.

BCN6Festival de gratte-ciel embrasés

Car c’est souvent à la nuit tombée que certains édifices, certains lieux prennent toute leur dimension. Littéralement magnifiés par l’obscurité. Sur le Carrer de la Marina, en front de mer de la vieille ville, les deux gratte-ciel emblématiques que sont la Tour Mapfre et l’Hôtel Arts, éclairés de mille bureaux et chambres crèvent le regard. Depuis 2010, l’Hôtel W réalisé par l’architecte catalan Ricardo Bofill sur la place de la Rosa dels Vents dresse lui aussi sa silhouette nocturne à flanc de mer. Conçu comme une voile de bateau, l’édifice est ourlé de leds blancs, dont l’intensité varie pour faire ressortir la forme de l’arc. Tout près de là, sur la colline de Montjuïc, le phare guide depuis 1925 les bateaux qui entrent dans le port de Barcelona. Il émet deux signaux lumineux, toutes les dix secondes, jusqu’à une distance de 26 milles nautiques. Toujours sur le front de mer, sur le Passeig Joan de Borbo, à hauteur du Pla de Miquel Taradell, au Moll de Barceloneta, on trouve une curieuse installation de chiffres de couleur rouge fluorescente incrustés à même le sol et recouverts de vitres. Il s’agit là du « Crescendo Apparare », œuvre de l’artiste italien Mario Merz, reproduction de la série mathématique de Fibonnacci. Dans le même esprit de l’œuvre d’art lumineuse, il faut aller à l’ancien Couvent Sant Augusti, rue Commerç 36, pour se délecter du « Deuce coop » de James Turrell. Un jeu de couleurs où le bleu mauve s’infiltre par le couloir de l’enceinte gothique, surmonté d’un oculus orangé. Si l’on monte par la Via Laietana, c’est l’ancienne muraille et la statue de Berenguer III qui éclairent le chemin. Au numéro 69 de cette artère, parallèle aux Ramblas, une horloge lumineuse. Incrustée dans le sol, elle fut créée en 1945 par l’horloger Juan Cabrerizo pour le compte d’une banque. Façonnée de béton et de quartz, cette horloge insolite marque les heures en traversant des chiffres dorés qui brillent à la lumière.

Agbar : la tour ultra-luminescente

Mais qui dit symbole lumineux à Barcelona pense obligatoirement, depuis 2005, à la Tour Agbar. L’œuvre de l’architecte Jean Nouvel est en effet devenue l’emblème de la ville, remplaçant quasiment sur le champ la Sagrada Familia. La nuit, ce gratte-ciel de 145 mètres de haut, composé de 38 étages s’embrase de ses 4 500 Leds de couleurs. Le cylindre que les Barcelonais moquent en évoquant un suppositoire, se fait alors support d’un sublime habillage lumineux. Façon aurore boréale, la tour Agbar offre un véritable spectacle de variations chromatiques infiniment subtiles. Siège de la société des Eaux de Barcelona, la tour inonde la ville d’un spectre multicolore visible à des kilomètres à la ronde. Impossible de rester indifférent à cette silhouette kaléidoscopique unique au monde.

BCN7Quand Gaudí éclaire le noir …

Pas très loin de là, la Sagrada Familia tente de se défendre… Certes, la tour Agbar lui vole depuis presque 10 ans la vedette des cartes postales « by night », mais la célèbre cathédrale de Gaudí sait aussi jouer les belles de nuit. Ainsi, les façades de la Naissance et de la Passion se révèlent encore et toujours divinement bien sous le feu des projecteurs. A ne pas manquer sur l’avenue Gaudí, entre les rues Provença et Industria, les somptueux réverbères modernistes qui, de nuit, ont l’art de plonger le passant dans cette Barcelone des années 1900. La ville a clairement su mettre en valeur ses plus beaux édifices, ses plus beaux traits d’architecture en les illuminant. A ce titre, le Passeig de Gràcia fait office de phare. C’est sur cette avenue que scintillent en effet La Casa Batllo et La Pedrera. A la manière d’un écran de cinéma, les deux « bijoux » de Gaudí, attirent tous les soirs des centaines de spectateurs. Littéralement aveuglés par les effets lumineux sur les trencadis de verre et la céramique polychrome de la façade de la Casa Batllo. De fin juin à fin septembre, les « Nuits magiques » proposent également des spectacles musicaux sur la terrasse de la Casa Batllo. A la Pedrera, l’imagination atteint des sommets lorsque, mise en lumière, la terrasse de l’édifice s’enrichit de multiples ombres portées. Une atmosphère largement exploitée lors des « Nits de la Pedrera » avec concerts de jazz, ou encore les visites guidées de la « Pedrera secrète » de 20h15 à minuit, de mars à octobre, du lundi au dimanche. Un dîner est même proposé au Café de la Pedrera. Toujours sur le Passeig de Gràcia, un arrêt s’impose par la Casa Fuster. Cet hôtel de style moderniste que l’on doit à l’architecte Domenech i Muntaner, et qui fut longtemps le siège d’une compagnie d’électricité (ça ne s’invente pas !) a récemment fait l’objet d’un superbe habillage lumineux en façade. Sans compter sur la vue à 360 degrés offerte par le toit-terrasse-bar-piscine.

BCN8Fontaines d’eau et de lumières

S’il est pourtant un spectacle intimement et fondamentalement lié à la nuit de Barcelona, c’est bien celui de la Font Màgica de Montjuïc, comprenez la Fontaine magique située dans le parc, sur la plaça Carles Buigas, du nom de son architecte. Créée en 1929 à l’occasion de l’Expo Universelle, cette fontaine est devenue l’une des attractions de Barcelona. De la lumière, de l’eau, des couleurs et de la musique. Quand ces quatre éléments se mettent à danser, jouer et s’embrasser, le public craque. Durant trente minutes, ce sont 2 600 litres d’eau qui jaillissent toutes les secondes des trois vasques géantes. Trente jeux d’eau aux colorations multiples. Depuis les années 80, la musique accompagne le panache aquatique. Il est généralement recommandé de contempler la fontaine aux alentours du 24 septembre pour les Fêtes de la Mercé, lorsqu’a lieu le fameux spectacle pyromusical, intégrant le feu d’artifice. Du 1er octobre au 30 avril, les dites « projections musicales » se déroulent le vendredi et samedi de 19h à 21h. En été, du jeudi au dimanche, de 21h à 23h30. Si la Font Magica fait office d’étoile des nuits barcelonaises, il est d’autres fontaines qui méritent le détour. La Font Cibernètica par exemple, plaça de Can Fabra à Sant Andreu , une œuvre de Ramon Llopart inaugurée en 1995 qui éclabousse également le spectateur de jeux d’eau, de lumière et de musique. Dans le quartier de Canyelles également, au cœur du parc Josep Maria Serra Marti auquel on accède par un ascenseur, la Font Magica Manuel de Falla offre un spectacle d’eau, de son et lumière. Du 1er octobre au 30 avril, un spectacle plus classique est donné du lundi au jeudi de 17h à 21h. Les vendredis, samedis et dimanches, une mise en scène plus aboutie et musicale est proposée au public de 17h à 22h.

Terrasses miradors avec vue panoramique !

Plein les yeux toujours et encore ! Certains ont de la chance. La « bonne étoile » de ces propriétaires de bars ou de restaurants qui offrent des vues à couper le souffle sur Barcelone. Mais là où tout le monde est gagnant, c’est que vous pouvez profiter de ces endroits idylliques qui donnent l’impression d’avoir la ville à ses pieds en scintillante tenue de soirée. Une mer de strass et paillettes. C’est ce spectacle qu’offre entre autres le restaurant La Font del Gat, signé par le génial architecte moderniste Josep Puig i Cadafalch. Tout là-haut perché sur Montjuïc. Impossible de ne pas s’arrêter dans les jardins de Laribal pour un café au soleil couchant. A la Font del Gat, référence à la fontaine à l’origine d’une des plus célèbres chansons populaires catalanes, la terrasse offre une vue juste splendide. Pour un verre de début de soirée, direction le Tibidabo, où le Mirablau, plaça del Doctor Andreu, fait partie des incontournables. Les places sur tabourets avec vue imprenable sur la ville sont chères ! L’établissement est ouvert jusqu’à 5 heures du matin et se transforme en discothèque. Adresse électrique, magique et terriblement romantique ! Sur la même place, le Merbeyé offre une vue similaire sur Barna. Le skybar en terrasse, ouvert du vendredi au dimanche est particulièrement prisé ! Pour ceux qui préfèrent rester « en bas », tout en profitant de certains points de vue exceptionnels, la Torre d’Altamar fait aussi son effet. Il s’agit-là d’un restaurant installé dans une des tours du téléphérique qui monte à Montjuic. Les people adorent ce lieu suspendu à plus de 75 mètres de haut.

Une vie de plus, une seconde opportunité. Quand la plupart des villes s’éteignent, Barcelona, elle, s’allume. Et d’incendier l’œil du visiteur, d’enflammer les esprits curieux, d’embraser le désir d’aller toujours plus loin. De creuser les mystères de cette capitale catalane. Résolument brillante !

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