01 Août Coins naturistes… Tout nu, tout Catalan
Retrouver le primitif qui sommeille en nous en offrant notre corps à la morsure du soleil, à la caresse du vent, en Catalogne, rien de plus facile, c’est même l’embarras du choix.
Chassez le naturiste, il revient au bungalow. Dès les prémices de l’été, les adeptes de la « nude attitude » entament leur strip-tease collectif sur les plages de Catalogne, comme dans l’arrière-pays. Serviette sous le bras, sourire affranchi au coin des lèvres, ici, on enlève le bas. Vision d’anti-mode ou mode visionnaire…
Qu’on se le dise. Chaque année, ils sont plus de 2 millions en France à tomber le maillot pour profiter intégralement de l’eau, de l’air et du soleil. Pour ces adeptes, le naturisme peut devenir une philosophie et même, pour certains, une sagesse. Alors qu’aujourd’hui, la nudité est souvent utilisée, comme un support médiatique dans un but mercantile, elle reste, pour les naturistes, le comportement respectueux et adapté à une vie saine, naturelle et bénéfique. Trop cliché, trop bling-bling, les vacances au Cap-d’Agde, où naturisme rime parfois avec libertinage, commencent à lasser. Aujourd’hui, on pratique plutôt le nudisme en famille, dans des criques sauvages au détriment des grands centres, de type Héliopolis. Une aubaine pour la Catalogne.
Des vacances au poil
Tous nus et tous branchés, le nombre des naturistes ne cesse d’augmenter. D’Argelès à Collioure, en passant par Arles-sur-Tech ou Saint-Cyprien, le Roussillon n’a pas son pareil pour mélanger les genres et les plaisirs. Des étendues de sable fin, des vallons escarpés, des anses secrètement cachées, ici la nature préservée révèle ses secrets et ses beautés. En cette matinée ensoleillée, sur la plage du Bourdigou à Torreilles, ils sont déjà des dizaines à se dorer la pilule en tenue d’Eve ou d’Adam. La vie à front renversé, où l’on ne craint pas le regard des autres. Christian, directeur d’entreprise à Lille, énonce clairement : « Quand je suis ici, j’éprouve un sentiment de bien-être total. Les préjugés sont mis de côté. A bas les complexes. On s’accepte soi avec ses défauts et on accepte les autres ». Nu, tout le monde est égal. Mais il ne viendrait pas à l’esprit du jeune homme de se balader dans le plus simple appareil devant les fenêtres de son appartement du centre lillois. « Les vis-à-vis sont très proches et je n’ai pas envie qu’ils me voient. » Naturiste et pudique, ça existe. Même son de cloche chez Myriam, initiée à cette pratique dès son plus jeune âge par ses parents. Pour la jeune fille, le naturisme est avant tout une philosophie humaniste et familiale. « Ce mode de vie est axé sur des valeurs importantes, voire essentielles, comme la tolérance, le respect de soi et le respect des autres. Ce sont celles que je souhaite, moi aussi, transmettre un jour à mes enfants. Le naturisme permet à beaucoup de personnes complexées par leur corps de mieux s’accepter, de s’aimer. Telles qu’elles sont. »
Naturistes de grand chemin
Calme, farniente, piscine, montagne, torrents. Le naturisme ne se limite pas seulement à la mer. Sur les hauteurs d’Arles-sur-Tech, le « Ventous » réunit en effet tous les ingrédients du parfait camping… naturiste. Les patrons, Yves et Yannique, ne sont pourtant pas du genre à se reposer sur leurs feuilles de vigne. Ils ont donc lancé les tout premiers sentiers de « randonue » des P.O. Leurs clients se baladent le plus naturellement du monde. Nus comme des vers. Sans le moindre complexe. Les plus mordus évoluent même sans baskets ni bottines, la plante des pieds en communion directe avec la terre mère. Mais quel plaisir peut-on éprouver à se faire lacérer les jambes par des ronces, se faire assaillir par les moustiques et avoir le dos qui démange à cause d’un imposant sac de randonnée ? « Eh bien, figurez-vous, il existe des sacs à dos spéciaux, qui ne grattent pas, répond en riant le Nantais Julien, ils sont molletonnés. » Les flâneurs et les vététistes qui les croisent, ahuris, au détour d’un chemin de la forêt de Soignes, frisent le torticolis ou la chute de vélo. Les « randonueurs » ne se cachent pas pour autant. « S’il y a des enfants en vue, je m’entoure d’un paréo, par respect pour eux », nuance Jean, 28 ans, employé de banque et féru de la « randonue ». « Sinon, la plupart des gens que je rencontre se marrent. C’est la réaction la plus classique. Souvent, je demande aux ” textile ” si cela ne les dérange pas. Les réponses ne sont jamais agressives. Au contraire. L’autre jour, une dame d’une bonne soixantaine d’années nous a accompagnés un bout de chemin, en faisant gentiment la conversation. » Le but de ces promeneurs à poil n’est pas de provoquer. « Nous recherchons plutôt l’isolement », témoigne Michel qui aime vagabonder dans la nature en tenue d’Adam, depuis plus de 30 ans. « Le plus souvent, je fais de la ” randonue ” à la tombée de la nuit, quand la forêt est déserte. »Paradoxalement, un nudiste seul s’attirera davantage de regards suspicieux que s’il se balade en groupe. Dans le même registre, l’arrière-pays roussillonnais compte quatre campings naturistes. A commencer par le Mas de la Balma, route de Taulis à Amélie-les-Bains. A Escarro, c’est au « P’tit bonheur », situé sur la bien nommée allée des Gens Heureux que vous pourrez profiter de votre liberté. Sans oublier le site de la Clapère, route de Las Illas à Maureillas et le Domaine Le Clols à Saint-Laurent de Cerdans. Pas de quoi « crier aux sandales » !
Question de mentalité.
De l’autre côté de la frontière, même discours. Adepte du naturisme depuis de nombreuses années, Roger a décidé de prendre sa retraite à l’Hospitalet de l’Infant, près de Tarragone, avec son épouse. Pour lui, être nu ou ne pas être nu, c’est une question de mentalité : « Nous aimons la nature. La nudité donne un sentiment de grande liberté. Et puis nous ne sommes pas nés tout habillés ! » Quant aux piqûres d’insectes, l’expérience a confirmé son inclinaison naturiste : « La seule fois où j’ai été piqué par une guêpe, c’est parce qu’elle s’était glissée dans mon pantalon ! A vrai dire, c’est tellement naturel que ça se passe de commentaire », explique le sexagénaire.
Petits coins « d’al costat »
C’est dans l’Alt Empordà, autrement dit la région la plus proche du Roussillon que l’on compte le plus de plages naturistes. A commencer par la Cala Pi à Port-Bou, la Cala Burro entre Llança et Colera, la Cala Tamariua et Taballera à Port de la Selva. A Cadaquès, cinq criques sont dites naturistes : la Cala Fredosa, tout près du phare du Cap Creus, la Cala Jugadora, juste avant d’arriver au phare, la Cala S’Alqueira Gran dans les rochers au nord de Port Lligat, la Platja de Sa Conca ainsi que la Cala Nans. A Rosas, la Cala Murtra sur la route de la Cala Montjoi accueille également les nudistes. Parmi les plus originales, la Platja de Can Comes devant le Parc Naturel dels Aiguamolls à Castello d’Empuries. Très prisée enfin, joyau naturiste du Golfe de Roses, la Platja del Cortal de la Vila à Sant Père Pescador. Sans oublier la Platja des Riuet, située au nord de Sant Marti d’Empuries à L’Escala.
Catalogne nue
Dans la région littorale de Girona, les convaincus du naturisme ont clairement trouvé leur paradis. C’est à Pals qu’ils préfèrent aller se poser, au pied du rocher magique de l’Illa Roja, tout au bout du chemin de ronde. Ils aiment aussi la Bona Cala de Palamos, la platja del Senyor Ramon de Santa Cristina d’Aro, la Cala Sa Futadera à Giverola ou encore la Cala Boadella à Lloret de Mar. Et comme il n’y a pas de hasard, ce sont quasiment chaque fois les plus belles criques et plagettes repérées et choisies par les nudistes puristes des années 80 qui continuent, aujourd’hui encore, d’accueillir les amoureux du bien-être sans maillot de bain. Dans le sillage, la région de Tarragona peut également se targuer de posséder de sublimes lieux destinés au naturisme. A Tarragona même, demandez la Cala de Calabecs ou la Roca Plana, entre les plages de la Punta de la Mora et Llarga. La Sabinosa, la Waikiki et la Fonda complètent l’offre. Pour du 100 % naturel et authentique, un seul nom de village à retenir : l’Hospitalet de l’Infant. LA référence de tous ceux qui ne vont pas sur ce style de plage pour être vus mais pour prendre du plaisir en toute simplicité. La Platja del Torn, sous le camping Templo del Sol, fait partie des plus prisées, comme la Cala Justell et la Cala d’Oques. En Catalogne sud, c’est désormais une évidence : le naturisme fait partie intégrante du paysage. Certaines plages se partagent avec les « textiles » dans un étonnant respect des genres. D’autres sont spécifiques et ne choquent plus personne. Monnaie courante, manie bronzante. Ça vous tente ?
Barça libre
Si des pays comme la France ou l’Allemagne jouissent d’une longue tradition naturiste, en Espagne, la coutume est plus récente. Les années passant, le nudisme est entré dans la culture contemporaine et à Barcelone, de nombreuses plages sont connues pour être « naturiste-friendly ». Les adeptes de la « nude attitude » en profitent même pour, le temps d’une pause, se rafraîchir sur certaines plages populaires de Barcelone ouvertement naturistes, comme la Platja de la Mar Bella ou celle de Sant Sebastià devant le club de natation de Barcelone. Là, les Barcelonais s’étirent comme des lézards, nus sous le soleil de 14 heures. Tout près à Badalona, c’est la Platja de la Caci, du nom d’une ancienne usine qui attire les amateurs. A Sitges encore, deux plages naturistes sont appréciées : la crique de l’Home Mort, dont l’accès est un peu difficile et la plage semi-urbaine de Balmins, au sable fin et doré. Notez qu’à Barcelone il n’y a pas seulement des plages nudistes, mais aussi des piscines comme celle de Bernat Picornell, près du Palau Sant Jordi, à Montjuic, ouverte au public naturiste à certaines heures.
La lutte à fleur de peau
Militantisme. Le nu s’impose comme un mode d’action dans le monde entier. Activistes écolos ou victimes de la crise se déshabillent pour la cause. Des cyclistes entièrement dénudés à Barcelone pour protester contre les transports motorisés. Des manifestants anti-corrida allongés sans vêtements dans les rues de Madrid. Des militants à poil devant la Sagrada Familia pour dénoncer la torture et les abattages de bêtes à fourrure. Sans oublier Greenpeace qui organise, avec le photographe Spencer Tunick, une sculpture vivante de corps crus dans le vignoble bourguignon pour « illustrer la vulnérabilité de l’homme face aux changements climatiques ». Bref, il ne se passe plus une semaine, en Catalogne, comme dans le monde, sans que des manifestants utilisent leur nudité pour frapper les esprits. Et ça marche. Caméras de télévision, appareils photos, vidéos sur la toile, la couverture médiatique est garantie. Bien sûr, il faut oser. Laissant libido et exhibitionnisme au vestiaire, il ne s’agit en rien d’un strip-tease émoustillant. Les regards des passants ont beau virer lubriques et les ricanements fuser, l’intention est bien de choquer. Comme si le corps sans artifices valait toutes les banderoles. La nudité, sous tous ses aspects, a de beaux jours devant elle. Si l’on s’en tient à cette Catalogne avant-gardiste, surréaliste, rebelle et frondeuse, on peut s’attendre à de surprenants « happenings », à de nécessaires corps à cœurs, histoire de faire battre encore plus fort cette identité catalane si singulière.
colle pierre
Posted at 16:47h, 19 décembrebel article plein de bons sens, j dirai que je n ai jamais pratiqué la rando nu malgré que je suis naturiste depuis plus de 50 ans mais ce doit être super euphorisant, seulement à 82 ans la fatigue s’annonce plus vite et c est normal, il me fat ménager le moteur pour le faire durer. je vais prendre les noms de lieux que vous donnez et je pourrais leur faire une petite visite, qui sait Je serais attiré par les cotes espagnoles mais pas descendre en dessous de la catalogne, ça me ferait trop de route
Hélène Labelle
Posted at 12:53h, 03 octobreIl faudrait que la France adopte la même législation, alors que du côté nord des Pyrénées trop de gens assimilent la nudité simple à de l’exhibitionnisme.
Si vraiment il y a des gens que la nudité choque, il n’y a qu’à leur réserver certaines plages où la nudité (et tant qu’à faire, le topless aussi) serait interdit, et en dehors de ces endroits définis, simplement laisser les gens LIBRES;