Le Magazine n° 57

Avec le mois de mai arrive la certitude tranquille d’une marche vers l’été. Les week-ends prolongés ont un goût de vacances et d’inachevé : on commence à s’attarder le soir sur les terrasses, à s’allonger et s’alanguir sur les plages encore presque vides, mais le fond de l’air reste vif et les baignades réservées aux plus audacieux. Sur les bureaux, les éphémérides semblent brusquement accélérer leur effeuillage. Les marcheurs sont au paradis, sous le soleil exactement, mais sans la charge de plomb des chaleurs estivales. C’est le moment de tutoyer les crêtes : sur le ciel haut qu’aucune torpeur ne vient voiler, les reliefs se détachent comme en ombres chinoises et l’horizon semble n’avoir pas de limite. C’est le moment où les enfants grimpent sur les cerisiers pour se faire de jolis pendants d’oreille, et où la Catalogne se pare de tapis de fleurs. Mai, c’est vraiment le cœur du printemps.

 Wilfrid Renoult

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