04 Déc Albert Garriga – l’homme-orchestre
Il y a quatre ans naissait la ” Shopping Night ” de Barcelone, une manifestation plurielle, luxuriante, détonante qui porte haut les couleurs de la capitale catalane. C’est Albert Garriga qui est lhomme-orchestre de cette manifestation unique :
CC : Bonjour Albert Garriga. Vous êtes l’heureux créateur de la « Shopping Night ». Expliquez-moi comment cette manifestation est née…
Un peu par hasard. Avec ma société de relations publiques, Amperson Consulting, nous avions la volonté de montrer que Barcelone est une ville créative, pionnière, européenne, solidaire. Alors nous avons travaillé sur l’artère la plus emblématique du commerce, le Passeig de Gràcia, ses boutiques et son association de riverains, l’une des plus anciennes de Barcelone. Comme on voulait créer un événement, renverser les perspectives, on a eu l’idée d’ouvrir les magasins en nocturne et d’accompagner le tout avec quelques événements culturels un peu flamboyants, autour de la mode et de la culture au sens le plus large. Au départ, c’était un pari un peu fou. On ne s’attendait pas à la suite (rires).
CC : Et ça a marché…
Ça a très bien marché ! Dès la première année nous avons eu 10 000 visiteurs. Pour la deuxième édition, en 2011, plus de 80 établissements nous ont rejoints et nous avons créé en plein milieu de l’avenue un Open Village, avec des stands de sponsors qui a attiré 25 000 visiteurs. Cette année-là, le secteur de la restauration a enregistré des retombées énormes ! L’an dernier, on est passé au concept thématique avec les contes de fées comme fil conducteur et une accentuation du caractère événementiel et on a enregistré 40 000 visiteurs. On a compris que l’environnement culturel était un point essentiel du projet et qu’il fallait encore le développer.
CC : J’imagine que cette année, vous avez vu les choses en grand…
Cette année, on a choisi pour titre « l’opéra à la mode » en partant du double bicentenaire Wagner/Verdi. D’abord cette thématique renforce le statut de Barcelone en tant que capitale européenne, ensuite l’œuvre opératique de ces deux compositeurs se prête à toutes les variations possibles en termes musicaux, de mise en scène, de costumes. Dans la foulée, nous avons eu le partenariat du Liceu et de l’Auditori, on a pu travailler au plus haut niveau.
CC : D’abord, il y a eu l’aventure de l’affiche…
Oui, le grand photographe et réalisateur Jaume de Laiguana a pris des clichés de l’acteur José Cobacho dans le décor unique du Liceu. La prestation des deux artistes est gratuite et le résultat bluffant ! L’affiche, avec son mélange de classicisme et de folie douce correspond parfaitement au contenu que nous avons voulu, éclectique et baroque, classe et accessible.
CC : Bon alors, exactement, que va-t-il se passer ?
De 17 heures à 1 heure du matin, le 28 novembre, six espaces scéniques sont créés sur le passeig de Gràcia avec une oscillation entre les thèmes de la mythologie germanique chers à Wagner et ceux, plus humains et psychologiques du monde verdien. Le Palau Robert deviendra le Walhalla avec un accès restreint à la fête offerte par les sponsors, tandis que les walkyries feront leur cavalcade au sens littéral du terme au milieu de l’avenue, juchées sur neuf chevaux. Côté musique, il y aura un espace « opéra » qui deviendra un espace DJ opéra à partir de minuit. Un peu plus bas, l’Open Village 1 rendra hommage à Verdi avec une reconstitution de la maison de la Traviata dans un décor XIXe siècle. Le chef étoilé Carles Caig, en partenariat avec les Fromages Suisses se livrera à des variations fromagères pour le plus grand plaisir du public. Devant la Pedrera, l’Open Village 2 est consacré au Trovatore. Le décor a pu être monté grâce à l’Association pour l’étude du Mobilier. On y proposera des stands musicaux avec le Liceu et l’Auditori. La musique sera partout ! Enfin un peu plus bas, la fête se consacre à Rigoletto, et s’inspire logiquement des fêtes fastueuses des ducs de Mantoue : ce sera l’un des domaines de la mode avec la participation des principales écoles de mode et de design de Barcelone.
CC : Donc, si je comprends bien, il s‘agit en fait d’un festival, ou plutôt d’une démonstration des talents pluriels de Barcelone en termes gastronomiques, culturels et musicaux ?
Oui, c’est un vrai festival. D’ailleurs le dernier espace résume à lui tout seul notre démarche. Il s’appelle « opéra prêt à danser » et est sponsorisé par Clear channel. Le spectacle regroupera 10 chœurs d’opéra, 10 Ballets, 10 costumes et 10 paires de chaussures spécialement créés pour l’événement. Sur l’estrade défileront, comme des mannequins, des danseuses habillées par les stylistes émergents de Modafad, chaussées par le designer Pedro Capella et chorégraphiées par Jorge Fernández Hidalgo sur un montage audiovisuel réalisé par le Liceu.
CC : Mais ce n’est pas tout ? Je crois qu’il y a aussi un aspect social…
Oui, tous les costumes seront exposés au Palau Palmerola pour que le grand public puisse les admirer, puis mis aux enchères au bénéfice d’associations et de fondations caritatives. Cette partie de l’opération est confiée à la société Oblyon qui a une grande expérience dans ce domaine. Ce point de solidarité nous paraît important par les temps qui courent. L’industrie du luxe peut aussi être solidaire. Parmi les bénéficiaires : le Casal dels infants, la Marató de TV3 et la Fondation Codespa.
CC : La manifestation s’appelle « the Shopping Night ». Quel est le plus pour les clients à part bien sûr, la magie de la nuit ?
D’abord beaucoup d’établissements ont fait appel à nous pour créer de l’événementiel en marge des grands événements proprement dits. C’est le cas de Hailo, Pernod Ricard, Bus Turistic, Fromages Suisses et d’autres. Ensuite, les réseaux sociaux relaient amplement l’information et surtout, cette année nous avons développé avec Crossbow & Hills une application « windows shopping » qui permet de réaliser ses achats avec son mobile sans avoir besoin de recourir à un encodage QR. Le slogan est simple « ce que tu vois est à toi ». Cela permet au client de ne rien perdre de sa qualité de spectateur tout en achetant ce dont il a envie. Pas question de déambuler les bras chargés de paquets, la Shopping Night doit être un moment de plaisir.
CC : Donc, on se résume, la Shopping Night est un énorme événement culturel ?
Oui, il est d’ailleurs soutenu par nos plus grandes institutions culturelles et placé sous le parrainage de la soprano Montserrat Martí Caballé.
CC : Vous avez certainement une idée des retombées financières ?
Oui, en trois ans nous avons eu 75 000 visiteurs, une évaluation des retombées de presse de 3 millions d’euros. En 2012, l’impact économique direct était de 800 000 euros. Comme cette année nous aurons davantage de stands de sponsors, davantage d’établissements participants et davantage d’événements culturels, nous parions sur une hausse conséquente.
CC : Vous êtes un directeur artistique heureux ?
Stressé mais heureux. Je crois que nous faisons la preuve que Barcelone est une ville formidable, une capitale qui compte, qui invente, qui se sert de sa tradition et de ses savoir-faire pour innover et surprendre. Une ville où l’économie, le social, les associations de riverains et les artistes au sens le plus large du terme peuvent se donner la main pour donner du rêve et créer de la richesse. C’est finalement ça la Shopping Night : donner du rêve pour mieux faire aimer Barcelone.
CC : Vous avez une idée de la provenance du public ?
Oui, majoritairement de Barcelone ou du principat mais nous évaluons à 10 % le nombre de spectateurs étrangers. Nous avons beaucoup travaillé avec les hôtels donc ce chiffre devrait augmenter. C’est essentiel pour asseoir la dimension internationale de notre Shopping Night.
CC : Albert Garriga, je vous souhaite une réussite au-delà de vos espérances et un millésime 2013 inoubliable !
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