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BIEN PREPARER LES FÊTES

05 Déc BIEN PREPARER LES FÊTES

Les fêtes de fin d’année donnent lieu à un marathon de six semaines à courir les yeux bien haut dans les étoiles, d’un bout à l’autre du territoire, afin de bien s’organiser sans rien laisser au hasard et surtout, sans perdre une miette de magie.

Pour bien commencer, à tout seigneur tout honneur, cap sur Barcelone et la belle place de la vénérable cathédrale. Depuis plus de trois cents ans, elle accueille dès le 29 novembre des dizaines de stands qui semblent se souvenir des marchés médiévaux. Vous y trouverez absolument tout pour transformer, ou plutôt transfigurer votre maison à l’occasion des fêtes. Les pessebristes s’y pressent à la recherche d’éléments de décors, de santons, de ponts, de mares, de caganers, d’animaux de basse-cour, et bien sûr des indispensables ânes et bœufs. Les maîtresses de maison y dénichent des décorations originales pour le sapin, le chemin de table, des décors en faux givre pour les fenêtres, des nappes et des serviettes thématiques de toutes sortes, et bien sûr, ce qui a fait la réputation de ce marché qui a tout d’une grande fête, les bougies ! Ce n’est pas pour rien que c’est le marché de Santa Llúcia, Sainte Lucie, patronne de la lumière. Bref, une entrée en matière pleine de couleurs et d’odeurs, idéale en famille, dont vous pouvez retrouver l’écho sur le marché de Mataró, en bord de mer, sur celui d’Olot qui fait la part belle aux santons et décorations de crèches ou encore à Perpignan tout au long du Quai Vauban. à Caldes de Montbuí, vous pourrez à l’occasion du beau marché d’artisanat et de produits du terroir, déguster la soupe locale, confectionnée avec de l’eau thermale, le 1er décembre et servie à des centaines de visiteurs ! Il est temps maintenant de choisir le roi de la maison, le sapin de noël. Une fois de plus, la Catalogne a ce qu’il vous faut, 100% local, 100% odorant, 100% naturel. Le sapin de vos rêves vous attend à Espinelves, non loin de Vic, dans le beau massif boisé des Guilleries, entouré de dizaines de milliers d’autres arbres, tous plantés, élevés et coupés en Catalogne, fièrement bagués d’un sceau spécifiant « Avets fabricats en Catalunya ». Attention, vous ne pourrez repartir, roi des forêts sous le bras, qu’entre le 28 novembre et le 7 décembre, une fenêtre de tir somme toute réduite ! Côté décor, il va maintenant vous falloir du talent et de la patience, mais tous les ingrédients sont là. Il est temps de vous préoccuper du nerf de la guerre : les produits de la table ! Première étape, incontournable, le touron, le fidèle compagnon des tablées heureuses. Il tient sa foire à Llinars del Vallés autour de la Saint Nicolas, les 30 novembre et 1er décembre où vous le trouverez sous toutes ses formes : croquant version Alicante, moelleux version llema ou Xixona, aux fruits confits, au caramel, au piment, au sel… Maintenant le choix qui s’offre à vous est crucial. Envie d’un Noël catalan version Catalogne nord ? Courez les marchés et foires au gras de Thuir, Castelnou et Céret, respectivement les trois premiers dimanches de décembre !

Apothéose de la volaille

Des chapons, des pintades grasses des foies gras, des confits et autres magrets fièrement roussillonnais vous y attendent, prêts à participer à la débauche de saveurs qui accompagne les fêtes. Au sud, les volailles occupent le haut de l’affiche et du menu de noël. Pour vous procurer le nec plus ultra de la gent ailée des basses-cours, direction la Foire Avicole du Prat de Llobregat, du 13 au 15 décembre. Elle rassemble une soixantaine de producteurs de poulets, chapons, dindes et pintades de la variété locale dite « pota blava » (patte bleue). En deux jours près de 100 000 personnes y déambulent à la recherche de leur volaille idéale ! Si vous êtes de ceux qui font des fêtes de Noël un tourbillon de saveurs rares, un petit crochet par Centelles ou Villefranche de Conflent s’impose ce même week-end. Là, c’est la foire aux truffes qui embaume l’air froid et propose mille déclinaisons du très précieux champignon. Rattrapage le week-end suivant à Vilafranca del Penedès, les 21 et 22 décembre, avec la fameuse « Fira del Gall del Penedès », la Foire du Coq ! Vous pourrez même goûter les volailles à la vente sous forme de tapas avant de les acheter ! Vous voilà prêt pour la partie gastronomique et donc disponible pour courir les pessebres vivents, pastorets et autres animations qui pullulent en ces périodes de fêtes. Si vous rêvez de neige en bord de mer, le village du Barcarès est une féérie frappée au sceau du gigantisme qui installe la montagne sur la plage et offre tous les plaisirs de l’hiver en un seul grand village : marché géant, patinoire, décorations de rêve, centaines de sapins, de quoi déambuler d’une merveille à l’autre !

Apothéose de la volaille

à Collioure, ne ratez pas le mapping de Noël sur la façade du clocher, un kaléidoscope coloré consacré cette année aux couleurs multiples de l’Inde. Spectacles musicaux, lumières et bodégas vous attendent à Saint Cyprien, à moins que vous n’optiez pour la montagne avec le village de Noël d’Andorre la Vieille ou le traditionnel vin épicé au pied des pistes ! Si Noël reste une fête vraiment familiale et ne se prête guère aux réveillons trépidants, il existe une notable exception à Bagà, la capitale historique de l’Alt Berguedà, qui perpétue tous les 24 décembre, une magnifique tradition, le Fia Faia. Avant le coucher du soleil, les habitants allument, sur le point le plus haut du village, un énorme brasier conçu comme un second astre. Les jeunes gens y embrasent des torches qu’ils redescendent de la montagne au son des volées de cloches, exactement comme on le fait pour la Saint Jean notamment dans les villages de l’Alta Ribagorça. Sur la place du village, ces torches encore ardentes sont jetées et forment une sorte de bûcher, tandis que la foule chante « Fia Faia, que nostro Senyor ha nascut a la palla » (Vis, torche, car notre seigneur est né sur la paille).

Farandole de plaisirs

Une fois le brasier à l’état de cendres, jeunes gens et jeunes filles sautent par-dessus en formulant des vœux de bonheur, puis on y fait griller de grandes tranches de pain que l’on tartine avec une délicieuse spécialité locale, l’aïoli aux coings ! Place, alors au grand bal. Un bain d’authenticité et de ferveur populaire vraiment unique ! « Comme les Catalans aiment passer Noël chez eux, on a pu préserver le caractère vraiment local de la fête » affirme Ferran, l’un des responsables des animations. Si vous optez pour des coutumes plus méridionales n’oubliez pas que le soir de Noël était réputé maigre, exactement comme en Provence. « De mon temps, on n’a jamais fêté le 24 décembre, confirme Josep, on attendait le lendemain, c’était plus logique, l’enfant était né ». On ne mangeait réellement qu’à la fin de la Missa del Gall, la messe du coq, ainsi nommée car le coq aurait été le premier animal à annoncer la naissance de l’enfant Jésus. Une fois Noël passé, sachez que le lendemain, il est encore trop tôt pour l’eau minérale et les menus détox ! Impossible de ne pas fêter dignement, le 26 décembre, la Sant Esteve, plutôt réservée aux amis ! Sachez que le plat emblématique de ce deuxième Noël, ce sont les cannellonis, évidemment confectionnés avec les restes de volaille ! Bon, rassurez-vous, vous avez maintenant quelques jours de répit gourmand avant d’attaquer « ninou », l’any nou autrement dit l’an nouveau.

La nuit des Rois

Enfin le voilà, ce 2020 tant attendu ! Dans les mas, on faisait une croix dans la cendre avec la pelle pour que les sorcières ne viennent pas troubler cette nuit très spéciale « per Sant Silvestre, entren les bruixes per la finestra » (pour la Saint Sylvestre, les sorcières entrent par la fenêtre) explique Ramon, historien. Sans doute une façon de souligner le caractère bien païen de ce premier de l’an, traditionnellement fêté entre amis et précédé, nous le verrons, d’un réveillon.  Mais il reste encore, pour fermer la ronde magique, le temps des rois qui ne sera refermé que le 6 janvier. Cette fête qui célèbre l’adoration des Mages, grands initiés venus d’Orient pour se prosterner devant l’enfant roi. Et ici, les rois sont les enfants ! Ce sont eux qui reçoivent des cadeaux au terme de cavalcades souvent merveilleuses. « J’ai cru aux Rois bien plus longtemps qu’au Père Noël », explique Núria qui a un parent au sud et l’autre au nord, « ils me parlaient, je caressais leurs chevaux, je leur mettais de l’avoine sur le balcon, et ils me donnaient des bonbons et des tourons ». Sur cette dernière longueur, le merveilleux tortell, anisé, parfois rempli de fruits confits ou de cheveux d’ange occupe la première place du podium et prend ses quartiers pour trois bonnes semaines. La tradition de la fève multiplie les occasions de convivialité et de partage jusqu’à la chandeleur. Mais ça, c’est déjà une autre histoire…

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