06 Déc Bigas Luna, attention, grand, grand cinéaste !
Amoureux de toutes les formes esthétiques, explorateur inlassable des symboliques attachées à la sexualité, Bigas Luna fut tour à tour designer, peintre, cinéaste, vidéaste, infographiste. Avec un égal talent !
Rien ne semblait destiner Josep Joan Bigas i Luna, connu sous le nom de Bigas Luna (1946-2013) à une carrière cinématographique. Né dans une famille originaire de Valls, il s’est d’abord consacré à l’architecture d’intérieur et au dessin industriel en créant même, en 1969, sa propre étude. En parallèle, sa fibre artistique le conduit à exposer ses dessins dans des galeries barcelonaises et même londoniennes. Il se tourne vers la peinture et va jusqu’à suivre un cursus à l’école de design Elisava de Barcelone, dans laquelle il finira par enseigner. Mais il le sent, sa vocation est ailleurs, et c’est le cinéma. En 1976, il adapte en collaboration avec l’auteur, un roman de Vázquez Montalbán, « Tatouages ». En 1978, son second film « Bilbao » est sélectionné pour participer au Festival de Cannes, ce qui lance sa carrière de cinéaste au niveau international. Toutefois, après avoir tourné « Anguish », en 1987, il s’enferme dans sa maison du Tarragonais pour se consacrer exclusivement à la peinture. Il faudra tout le talent de persuasion du producteur madrilène Andrès Vicent Gómez pour qu’il accepte de tourner « Les vies de Loulou ».
Impressionnante filmographie
Sur la lancée, il s’attelle au tournage de sa magnifique trilogie ibérique « Jamón Jamon », pour laquelle il obtient un Lion d’Argent au Festival de Venise et qui révèle Penelope Cruz et Xavier Bardem, puis, « Huevos de Oro » (1993) couronné d’un Premier Prix du Jury du festival international de Cinéma de Saint Sébastien (Pays Basque). Enfin la coproduction hispano-française « la teta i la lluna » (la lune et le téton) (1995), tournée à la fois en français, en catalan et en espagnol, obtient le prix du meilleur scénario au festival de Venise. Curieux des possibilités immenses offertes par les nouveaux formats numériques, il crée l’atelier Bigas Luna en 1991, puis Platform BL en 2002, tous deux dédiés à la création de films à nouveaux formats et au développement de projets multimédia. Il retourne au cinéma en 2006 avec « Yo soy la Juani » et en 2010 avec « Di Di Hollywood ». Toujours prêt à tourner dans des langues différentes et notamment en anglais, Bigas Luna a su imprimer à son œuvre cinématographique une patte reconnaissable entre toutes, avec une forte touche érotique – il était un érotomane revendiqué – et épicurienne – sa passion pour la bonne chère était proverbiale – typiquement méditerranéenne. Il s’est éteint des suites d’une leucémie à l’âge de 67 ans.
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