Caldes de Malavella : Vallée aux Merveilles

04 Fév Caldes de Malavella : Vallée aux Merveilles

Entre la Costa Brava, le massif de l’Ardenya et la chaîne des Guilleries se blottit la petite station thermale de Caldes de Malavella, un petit paradis vert et bleu peuplé depuis la nuit des temps qui doit tout ou presque à la magie de ses eaux…

Il revient aux Romains d’avoir découvert le jaillissement des sources et d’avoir créé au premier siècle de notre ère, sous le nom de Aquis Voconis, le noyau urbain primitif. Contrairement à d’autres installations thermales qui obéissaient à des objectifs militaires comme l’hygiène des soldats, ceux de Caldes de Malavella sont dès le départ destinés au bien-être et à la santé, et attirent très vite une clientèle de patriciens en villégiature ou en voyage. Le fait que l’on soit proche du tracé de la Via Augusta vaut d’emblée, à ce qui est déjà une vraie station thermale, un flux de voyageurs ininterrompu qui fait sa réputation. La tradition se maintiendra malgré tout bon an mal an jusqu’au milieu du XIX^e siècle, même si au Moyen-âge, peu connu pour son souci de l’hygiène, elle est resté confidentielle. à cette époque, plusieurs sources d’eau chaude sont découvertes aux alentours et viennent s’ajouter à celles du centre-ville. Dans le droit fil de la mode hygiéniste venue des pays du nord, on érige  alors un  premier établissement de bains dernier cri ainsi que de petites unités thermales. Caldes de Malavella devient alors la station thermale que nous connaissons et attire, notamment en été, de riches Barcelonais qui ne tardent pas à y installer leurs résidences secondaires. Dopée par l’arrivée du chemin de fer, la légende est en marche et se donne à lire d’emblée. Elle dispense son aura de vallon heureux et paisible,  avec une profusion de jardins, de parcs et de grandes allées plantées d’arbres et bordées de belles maisons individuelles. Tout respire la prospérité et la quête du beau. Le centre ville, peuplé depuis l’époque romaine, recèle encore quelques restes de remparts, rassemblés autour de la place de l’eau, la bien nommée puisqu’il y jaillit une belle fontaine. Malgré ce noyau médiéval intact avec les restes de son château, l’architecture moderniste se taille la part du lion avec quelques fleurons particulièrement remarquables. La variété des matériaux, des inspirations, des volumes donne la mesure de la créativité bouillonnante de ce mouvement artistique propre à la Catalogne qui a vu la rencontre d’une bourgeoisie conquérante et d’artistes audacieux. Notons la Casa Quintana avec son bow window d’angle, ses colonnades, ses voûtes et ses volutes, la Casa de les Punxes, blanche à motifs bruns surmontée des pinacles aigus qui lui valent son nom, la Casa Mas i Ros avec son étrange véranda suspendue en forme d’échauguette et son toit à redans, et bien sûr la Torre Alemany, de style mudejar, toute d’ocre et de vert et la Casa Rosa aux créneaux d’inspiration mauresques à incrustation de mosaïques bleues. Ce sont là les pièces maîtresses d’un paysage urbain particulièrement agréable à parcourir, un véritable émerveillement pour les yeux. Sur les deux rambles qui dotent la ville de rivières de verdure, les platanes se tutoient et se penchent comme pour faire une haie d’honneur aux passants que des bancs invitent à paresser sous les ombrages. L’église paroissiale de Sant Esteve, à l’origine romane, au clocher carré et au portail renaissant, affiche sur sa façade des sgraffites en volutes qui lui donnent une étrange touche de modernité et l’intègrent aux évolutions du tissu urbain. Ne ratez surtout pas le quartier de la Granja créé dans les années 20, avec ses maisons éclectiques, originales, qui oscillent entre modernisme et noucentisme et constituent un véritable livre d’art à feuilleter en marchant. Au centre de ce lotissement de choc se trouve un parc public ombragé et agréable. Il possède une étrange fontaine en mosaïque qui évoque irrésistiblement une petite folie, la Font de la Vaca (la fontaine de la vache), d’autant plus originale qu’elle ne génère pas le moindre filet d’eau… Rassurez-vous, vous pourrez vous rattraper en ville à la Font de la Mina (60°) qui cache en réalité deux sources. Ses généreux lavoirs donnent, en s’écoulant, naissance à la rivière Lleixiu. Partout, le vert s’invite dans la ville pour suggérer de longues promenades et répondre aux teintes douces des montagnes.

Le miracle des eaux

Mais bien sûr la grande affaire de Caldes, ce sont les thermes et d’une façon générale, l’eau, qu’elle soit froide ou chaude. Ne manquez pas de visiter les ruines des thermes romains d’Aquae Calidae, une piscine entourée de petites cabines de massage, qui nous est parvenue relativement intacte et souligne une fois encore l’incroyable modernité de l’art de vivre dans l’antiquité romaine. On sait que ces équipements, qui jouxtent l’ermitage de Sant Grau avec son clocher-mur, ont servi à plein jusqu’au IV^e siècle de notre ère. Depuis le XIX^e siècle, deux grands établissements se partagent la clientèle plutôt huppée des amoureux des eaux chaudes. On ne peut pas ici, en effet, parler de curistes, mais de gens qui viennent prendre les eaux ponctuellement, parfois sans avis médical, et sur des séjours relativement courts. Le Balneari Prats à la belle façade blanche aux ornements floraux, ouvre sur un parc arboré qui s’orne d’une grande piscine. Ici tout respire le luxe et la volupté. Un véritable temple du bien-être qui a su garder une sorte d’aura surannée caractéristique des villes d’eaux. Les thermes du Vichy Catalan, spectaculaires, sont les plus grands de Catalogne et se caractérisent par une architecture nettement mudejar avec ses arcs outrepassés polychromes ses ouvertures rondes qui extrapolent l’ogive gothique pour l’aplatir en beauté, ses balustres monumentaux et ses crénelures. L’ensemble est dû à l’architecte Gaietà Buigas, et conserve nombre de salons à la décoration moderniste. Dans ces deux établissements la gamme des soins est impressionnante et décline les bienfaits des eaux en une multitude de possibilités, des douches aux cols de cygnes, des massages aux drainages. Réputée, la station a su rajeunir sa clientèle grâce à ses restaurants et son offre hôtelière, et aussi fidéliser de nouveaux résidents en quête de calme et de bien-être. à l’extérieur de la ville, le petit ermitage de Sant Maurici se dresse près de l’ancienne abside de l’église primitive, des ruines du Château de Malavella et des remparts du XII^e siècle dans lesquels s’ouvre un petit oratoire dédié à la Vierge de Lourdes. Le tout est taillé dans le basalte car la montagne est ici volcanique. 

Au fil de la marche

Il ne reste guère du château que quelques pans de mur et pourtant il s’en dégage une impression de force et de puissance, celle, révolue, des barons de Llagostera. Le paysage des montagnes tout autour respire une douceur qui suggère la proximité de la mer. En effet un chemin magnifique, le camí de Terranegra mène de Caldes de Malavella aux remparts de Tossa de Mar au fil de sentiers rocailleux qui traversent les pinèdes et les chênes verts. La randonnée, en vélo ou à pied, est une activité phare de la station naturellement douée pour les sports de pleine nature.  Ce plaisir de la marche dans le vert se prolonge en beauté sur les greens du golf et du Pitch and Putt tout proches. Vous pouvez secouer vos muscles, ils trouveront chaleur et réconfort dans les eaux bienfaisantes des thermes ! Il vous reste pourtant encore deux curiosités à découvrir : d’abord le Camp dels Ninots, la caldeira asséchée d’un ancien volcan où ont été découverts des fossiles extraordinaires de rhinocéros, de bovidés, de poissons ou de rongeurs remontant à 5 millions d’années, qui éclairent sur les grands changements climatiques comme les glaciations. Pour tout comprendre, optez pour la visite guidée du site ! Ensuite, cap sur le hameau médiéval de Caulers, en réalité un hameau romain constitué autour d’une tour médiévale et repeuplé au VIII^e ou IX^e siècle. Son plan à nef unique d’église pré-romane est typique des fortifications de frontière entre musulmans et chrétiens. Cette fois vous savez presque tout sur les mystères de Caldes. Presque. Car vous n’avez pas encore pris la mesure industrielle des lieux avec toute la gamme du célèbre Vichy Catalan embouteillée sur place avant d’être vendue dans toute l’Europe ! Caldes a su faire de ses eaux immémoriales le moteur d’une modernité réinventée et d’une hospitalité chaleureuse et immémoriale qui font du bien-être tout un art. Un cocktail redoutable : vous n’aurez qu’une envie, revenir !