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Cambrils : sportswear chic !

02 Août Cambrils : sportswear chic !

A 20 km au sud de Tarragone, Cambrils distille une alliance inimitable d’ancrage au plus profond de l’histoire antique et médiévale, de port de pêche actif et de station de villégiature chic prisée des plaisanciers. Un cocktail addictif d’élégance et de convivialité…

Imaginez qu’ici, l’empereur Auguste, séduit par le cadre, a passé plusieurs mois, donnant le « la » d’une partition glorieuse qui fait de Cambrils une ville singulière, située sur le tracé de la Via Augusta. Le fait que son tracé ait été repris à l’époque féodale pour devenir le chemin royal confirme son importance stratégique. C’est d’ailleurs de la plage de Cambrils que se sont élancées, en 1229, les armées de Jaume Ier partant à la conquête de Majorque, initiant ainsi la naissance de l’empire maritime qui allait faire de la mer Méditerranée, à la période gothique, un véritable lac catalan. Contrairement aux autres villes du royaume, Cambrils ne dépendait alors d’aucune seigneurie ou abbaye mais relevait directement des comtes-rois, un privilège et un honneur. « Cambrils est une ville qui compte, elle a même été détruite deux fois, une fois par les Espagnols en 1640 et une autre fois par les troupes de Napoléon, il faut croire que toute médaille a son revers » sourit Jordi, agent touristique. Aujourd’hui la cité est divisée en deux noyaux urbains bien distincts, la vieille ville, plus continentale, avec ses petites rues étroites et sa belle église baroque, bien à l’abri des razzias barbaresques qui ravageaient le littoral, et la ville côtière, « la Marina »,  avec sa sublime promenade maritime, l’une des plus élégantes de Catalogne. Ils sont séparés par le lit large et souvent à sec de la rivière. De nombreux ponts enjambent cette frontière plus mentale que matérielle. Ce qui frappe d’emblée à Cambrils, c’est l’impression de se trouver dans une vraie ville, impression confortée par la profusion des enseignes franchisées et des petits commerces de toute sorte, mais aussi par le code vestimentaire plutôt huppé des passants, et les nombreuses langues qui s’entremêlent joyeusement. Où que l’on soit dans Cambrils, on croise des gens en promenade, des dames promènent leur chien, des couples s’embrassent aux terrasses, on rencontre des excentriques qui semblent tout droit sortis de la Promenade des Anglais et des jeunes du cru en pleine conversation. Un mélange étrange et fascinant de nonchalance et de spontanéité. En front de mer, le bal des serveurs ne connaît guère de pause, autour du port, l’agitation est permanente et semble presque chorégraphiée. Est-ce la douceur de l’air, le rythme obstiné de la mer ? « Avant le tourisme, Cambrils vivait de la pêche, des chantiers navals et des alambics distillant l’eau-de-vie, c’était un gros village prospère » explique Núria, directrice de collège. Au milieu des immeubles qui se dressent pour mieux contempler le large, littéralement enchâssée parmi eux, se trouve une ancienne tour de guet dont le renflement pansu, surmonté d’une sorte de rotonde à balustrade, trouble l’alignement impeccable des façades. Elle est devenue l’emblème de Cambrils. Un peu plus loin se dresse un arbre rare, le « Pi Rodó », un énorme pin ceint d’une ronde de bancs toujours occupés par des touristes en quête d’ombre. Juste devant la promenade maritime, s’élance une énorme jetée, qui mène au phare rouge, mirador incomparable pour les chalands qui guettent tous les jours, vers 16 heures, le retour des bateaux et la cérémonie de la criée. Un spectacle authentique qui apporte à la ville un cachet tout particulier de vrai port de pêche artisanal. « C’est tout le charme de Cambrils, ces contrastes permanents. Les pêcheurs cohabitent avec les codes plus empruntés, presque British, du plus ancien Yachting CLub de Catalogne, fréquenté par une gentry internationale. Personnellement, c’est ce que j’adore » commente Sandra, journaliste.  En effet, ces paradoxes apparents nourrissent la séduisante diversité de Cambrils. Ils trouvent leur résolution dans les neuf kilomètres de plages qui s’ouvrent de part et d’autre de la plage principale, la Platja du Regueral, et mettent tous les nageurs d’accord : rien ne vaut le sable fin et doré des plages de la Costa Daurada ! à l’ouest, après les xiringuitos de l’Horta de Santa Maria et la plage de la Llosa, généralement assez peu fréquentée, de petites criques festonnent le littoral près de la plage de l’Ardiaca.

Mille chemins

À l’est, la plage de Sant Pere et celle de Vilafortuny précèdent une jolie zone humide de lagunes et de marécages, située entre les plages du Cavet et de l’Esquirol, peuplée d’oiseaux, de roseaux et de bois de rivière. « Nous venons chercher cette variété de paysages, en fait on a tout sans se déplacer, et on change totalement d’atmosphère » déclare Maria, libraire barcelonaise. Cette côte enchantée arbore fièrement ses pavillons bleus et offre toute la gamme des plaisirs nautiques que l’on peut attendre d’une station de haut niveau, auxquels il convient d’ajouter toutes sortes d’options liées aux plaisirs de la pêche et de la voile, ainsi que d’innombrables excursions en bateau, le tout dans un des plus beaux cadres de la Méditerranée. Tous ceux qui ont envie de se rafraîchir sous les frondaisons ont l’embarras du choix. Juste en front de plage, le Parc del Pescador s’organise autour d’un petit théâtre de verdure, d’allées cavalières, d’un petit étang et d’un jardin méditerranéen. Les enfants ne sont pas oubliés avec une aire de jeux particulièrement bien équipée. Dans la vieille ville, le Parc del Pinaret, possède un amphithéâtre et une fontaine fraîche, une pergola et une série de parterres méditerranéens qui débouchent sur une magnifique pinède : 45 000 m² de plaisir augmenté par des concerts et des spectacles de toutes sortes. Il faut dire que les nuits de Cambrils sont aussi brillantes que ses jours, illuminées par la musique et les marchés nocturnes. Autre atout maître de la perle de la Costa Daurada, sa gastronomie. Arrosejats, fideues, suquets, arrosés des excellents vins de ces terres du sud enchantent des palais déjà préparés par les saveurs apéritives du vermut. Le calmar et l’artichaut sont les stars locales, et la sauce Romesco distille ses arômes uniques de fruits secs et de poivrons doux sur les salades et les poissons grillés tandis que les fideus rossejats, arrosés d’aïoli créent de dangereuses addictions. Cambrils abrite d’ailleurs une école hôtelière de très haut niveau. Si vous aimez les longues promenades, Cambrils vous comblera avec d’innombrables itinéraires à pied ou à vélo, que ce soit vers la villa romaine de la Llosa, une ancienne exploitation viticole flanquée d’une belle maison patricienne, vers l’ermitage du chemin, vers la tour de l’ermite, celle de l’Esquirol (également appelée tour du télégraphe) ou encore le château de Vilafortuny, avec sa silhouette crénelée entourant un donjon. Vous pouvez pousser jusqu’à la très belle coopérative agricole, de pur style moderniste, dessinée par l’architecte Bernardí Martorell, ou encore visiter le Moulin des trois Eres, où sont présentés, outre le mécanisme intact de ce moulin à farine, des objets de fouilles magnifiques.

« Marcher et pédaler, c’est ici un plaisir total, les paysages sont toujours changeants, on ne s’ennuie jamais. En plus je fais partie d’un groupe de marche nordique » vante George, retraité britannique fringant. Mais l’excursion incontournable à Cambrils, c’est le Parc Sama, à 5 km à peine de la ville, une petite heure de marche et dix minutes en vélo. Autour d’un petit palais, s’étend un incroyable jardin de style romantique colonial, dessiné par Josep Fontséré et Mestre, le maître de Gaudí. Le lac orné d’une île et d’un observatoire, la montagne artificielle surmontée d’une tour, les grottes et les passerelles graciles évoquent le Parc Montsouris, mais les essences méditerranéennes et coloniales trahissent une nette influence cubaine très à la mode au début du XXe siècle. Traverser ce parc est un pur enchantement, visiblement partagé par les cygnes et les paons qui aiment à snober les promeneurs. Tout autour, les collines sont couvertes d’oliviers, d’amandiers, de caroubiers, de vergers et de maraîchages et offrent leur caractère résolument méditerranéen, leurs odeurs et leurs couleurs aux flâneries sereines. N’oubliez pas également que vous êtes à deux pas de PortAventura, de Tarraco la Romaine, de Reus la Moderniste et des vins du Priorat. Et à 50 km à peine du Delta de l’Ebre. De quoi rayonner en beauté ! Cambrils est comme ça, de terre et de mer, populaire et aristocratique, infiniment chaleureuse. Chic comme ses élégantes. La classe en sportswear !

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