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Claira l’éclairante !

06 Déc Claira l’éclairante !

Au cœur de la Salanque, entre Torreilles et Pia, Claira jouit d’un éclairage d’une authentique ruralité. Entourée de champs agricoles et bercée par deux moulins, à vent et à eau, Claira cultive allègrement sa douceur de vivre. à deux sillons des plages, le petit village catalan trace son chemin, sans perdre son âme. Toujours au nom d’une certaine idée de la convivialité café-platane. Ici, pas de tape à l’œil. Tout passe par le regard des habitants. Sans perdre de vue la dynamique économique impulsée par Salanca, l’un des plus grands pôles d’attraction du département des Pyrénées-Orientales. 

À Claira, pas de plage, pas de transat. à Claira, pas de montagne, pas de station de ski. à Claira, on ne claironne pas. On ne se cache pas pour autant. Pas de bling-bling, ni de « bobo attitude ». Claira, c’est la clarté-même, la simplicité authentique. Loin des artifices des stations touristiques, ici le raffinement se déploie dans chaque détail naturel : les champs dorés, les chemins terreux, les vieux murs de pierre… à Claira, la ruralité ne cherche pas à plaire, elle est. Elle charme par sa vérité brute, par la douceur de ses paysages apaisants, par le murmure du Rec de l’Agly. Entre racines et tradition, le quotidien clairanenc devient un tableau vivant. Ce village salanquais de 5000 habitants mériterait presque d’abord d’être observé du ciel pour saisir sa précieuse et délicate simplicité, son charme naturel. De là-haut, entre deux nuages blancs, on est instantanément frappé par la beauté géométrique des champs découpés. Il y a quelque chose de fascinant à observer ce « poble català » du ciel.

Un moulin à vent et un moulin à eau de toute beauté ! 

On y voit ces formes rectangulaires irrégulières juxtaposées à la manière d’un puzzle, ce patchwork multicolore rythmé par les saisons, ces lignes tracées par des machines agricoles. Vert d’eau, jaune clair, brun cuivré. Claira ne le sait peut-être pas, mais elle donne l’impression d’une œuvre d’art aussi abstraite que vivante. La main de l’homme et de la nature se rejoignent ici dans une symphonie en sol majeur. Car Claira brille à sa manière. Entre sillons et saisons, elle est le reflet d’une histoire, d’une manière de cultiver, de vivre. À Claira, pas de plage ni de transat ? Pas grave, le Barcarès et Torreilles sont à deux pas ! À Claira, pas de montagne ni de station de ski ? Pas grave non plus, car la nature a offert à Claira la tramontane. Et quoi de plus beau qu’un moulin à vent, témoin silencieux du passé, pour se distinguer du tumulte d’un tourisme parfois assourdissant ? « Autrefois chaque village avait son moulin » souffle Jean-Marie, président de l’Association des Moulins depuis 2013, « le moulin de Claira présente une particularité, il possède une queue accrochée à sa tête, laquelle était reliée à des mulets ou des bœufs pour faire tourner le toit amovible ! » Fier et solidement ancré sur le Crest, au milieu des vignes et d’un vaste champ, le moulin à vent de la Torre affiche une construction typiquement catalane. Construit en pierres et cayroux, il a été abandonné au XVIIIe siècle. En 2012, l’association les Moulins de Claira a permis de le sauver en le restaurant à l’ancienne. Avec de la chaux, du sable, des pierres de carrière, et du cayrou catalan, la bâtisse a retrouvé un nouveau visage. Véritable chef-d’œuvre d’ingénierie et de poésie rurale, ses ailes, refaites en pin d’Oregon avec un axe en chêne, évoquent un géant danseur céleste. Aujourd’hui, flanqué d’une petite girouette représentant un âne catalan, le moulin se dresse de nouveau devant le Canigó, confiant ses pales au souffle de la tramontane. Lauréat en 2013 du concours « Les Moulins ont de l’Avenir » organisé par la Fondation du Patrimoine, le moulin à vent de Claira célèbre le mariage de la terre et du ciel. En de rares occasions, cet éternel gardien des mémoires et du vent, produit de la farine à partir de céréales telles que le Barbu du Roussillon ou le blé rouge de Bordeaux. Une bonne tonne de grains y a même été réduite en farine sous l’œil avisé des meuniers de service ! Le pain fabriqué à partir de cette farine bio et locale est vendu lors des différentes animations. Et comme s’il manquait encore un brin de poésie, le moulin à eau voisin datant de 1643, trône en sentinelle paisible du temps qui coule. « Il fallait demander l’autorisation au roi Alphonse V pour utiliser l’eau de l’Agly » explique Jean-Marie. « Mais il se trouve que la nourrice du Roi était de Claira, alors quand le Roi est parti en Sicile, il donna son accord pour que les clairanencs l’utilisent à vie ». Au premier étage du moulin, de nouveaux locataires ont pris place depuis 2022. Nicolas et Daniel se sont lancés dans la création de spiritueux à base de produits 100 % locaux. Ils sont aujourd’hui les seuls à produire du Gin à l’amande du Roussillon, du Gin au miel de Ponteilla et du Rhum à base de jus de canne à sucre cultivée à Torreilles. Une jolie manière de révéler les saveurs uniques de la région, en capturant l’essence même du soleil et de la tramontane.

Le rassemblement et l’union au cœur

Claira, sans plage ni montagne, mise sur un patrimoine d’une forte valeur spirituelle. Ce village de plaine, récemment étendu, contraste avec les petits hameaux de moyenne montagne, riches d’une histoire plus mouvementée. Il n’empêche que la façade en galets de rivière de l’église paroissiale Saint-Vincent accroche la rétine du visiteur. Qu’il soit croyant ou profane.  D’origine romane, l’église fut enrichie au XIVe siècle par l’ajout de chapelles intérieures. Le chœur remonte à la fin du XVIIIe siècle, tandis que la façade et la partie ouest de la nef sont du XIXe siècle. On découvre également un enfeu et une inscription datant de 1372. Son clocher abrite deux cloches de 1328, parmi les plus anciennes de France L’intérieur regorge de trésors tels qu’un retable du maître-autel, un orgue, plusieurs retables, quatre statues-reliquaires du XIXe, un Christ du XVIIIe, deux statues de la Vierge des douleurs du même siècle, deux toiles des XVIIe et XVIIIe siècles, et un plat de quête du XVIe siècle. Le visiteur-flâneur, amateur de vieilles pierres et de saintes histoires trouvera à Claira de quoi l’éclairer. Il saura naturellement sentir l’âme de ce village, berceau de la libre-pensée, un concept intellectuel né en 1848. Entre prêtres à forte personnalité et philosophes, Claira a toujours porté en son cœur l’idée du rassemblement. Ces dernières années, la catalanité de Claira a ressurgi à travers la langue et les traditions, telles que les sardanes et le « llevant de taula ». La Festa Major de la Saint-Vincent, le saint patron de la cité, est devenue un rendez-vous incontournable du mois de janvier. S’il y avait un goût emblématique associé à Claira, ce serait sans doute l’abricot rouge du Roussillon. Cette variété, classée en AOP, se distingue par sa couleur rouge intense et sa saveur sucrée et acidulée, ce qui en fait un fruit très prisé. Le sol riche et l’ensoleillement généreux de Claira permettent à cet abricot de développer une qualité gustative incomparable. Depuis des générations, les agriculteurs de Claira cultivent cet abricot avec un savoir-faire traditionnel, renforçant ainsi la renommée du village dans toute la région. Parfaitement incarné, le bien-manger a ici également trouvé refuge autour d’une table emblématique : celle du bien nommé Bar Restaurant de l’Union. Un véritable temple du quotidien tenu par les inénarrables Paillès. Une famille du cru qui, dans cette taverne de village entretient l’âme vivante de la communauté. Celle des gens d’« aquí » mais aussi celle des amateurs de rugby à XIII. à l’Union, on ne manque pas un match à la télé. Entrer à l’Union, c’est comme franchir une porte familière, avec cette promesse de chaleur, d’un bon mot échangé, d’une main posée sur l’épaule d’un « fry » ! Un monde en miniature, où se croisent les destins simples et les grandes épopées du quotidien. Ici, après le « fil » (le Pastis) on ne lésine jamais sur une bonne grillade ou une planxa de charcuterie catalane. Les patrons, gardiens bienveillants, connaissent par cœur les goûts et les humeurs de chacun. Leurs sourires comme leurs silences valent tous les discours. On ne sera pas étonné de trouver un Lillois qui préside aux destinées de Claira. Le Maire Marc Petit a probablement trouvé ici cette même mentalité lilloise, marquée par un mélange unique de chaleur humaine, de convivialité et de résilience. Lillois ou Clairanencs ont certainement en commun cet esprit de fraternité manifesté par leur ouverture aux autres et leur hospitalité. Benvinguts sigueu !

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