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Colera

16 Avr Colera

Juste après la frontière, tout en haut de la crête de Cerbère commence la plongée dans le bleu, droit vers Port-Bou, puis, après quelques collines où se devine encore la trace d’anciennes terrasses de vignes, l’arrivée sur la baie douce de Colera.

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D’emblée, le viaduc de la voie ferrée domine le paysage, traçant un trait métallique entre deux tunnels qui traversent la montagne. Le village, en réalité deux lotissements et le vieux village, est blotti sous cette énorme structure, regroupé autour de la riera dels Molinars. Impossible de ne pas penser à Banyuls.

Travelling avant

Les Albères enfoncent le bout de leurs doigts dans la baie, découpée en plages de galets aux noms évocateurs : Garbet, el Borró, les Portes, Cala Rovellada. Un petit coup d’œil au minuscule port nautique, 150 amarres seulement. La mer est agitée. C’est un pays de tramontane.

Zoom

Le cœur du vieux village – pas si vieux, il date du XVIIe siècle – bat sur la place Pi i Margall, plantée d’un énorme platane : les terrasses des trois bars sont ouvertes toute l’année pour les 300 habitants, tout comme la galerie d’art toute proche et bien sûr la mairie. On devine que la vie ici est simple et douce.

Flash

L’église est étonnamment neuve. Elle a été totalement détruite par les bombardements en 1939 et reconstruite au début du franquisme, comme une bonne partie des maisons. Des ruelles montent et descendent à flanc de colline, hérissées de marches et bordées par les murs chaulés et fleuris des nombreux jardins : prudemment, les escaliers se doublent de chéneaux prêts à accueillir la pluie.

Travelling arrière

Près de la gare, point névralgique du village sur cet axe nord-sud, un étrange ensemble sculptural dû à Joan Padern orne la plage d’en Goixa. En cheminant dans les ruelles, on arrive à une petite place noyée sous les bougainvillées et ornée d’une fontaine en forme de meule, hommage à la vie rurale d’autrefois.

Flou artistique

Une autre fontaine en bronze, représentant un coquillage, répond à la grâce des réverbères. Colera est coquette, même les trottoirs pavés semblent rêver sur un air de fado… au-dessus du port, sur un promontoire, deux étranges canons regardent le large. Ils sont issus du naufrage d’un vaisseau espagnol au XVIIe siècle. Le panorama coupe le souffle.

Contrechamp

Deux montagnes ceignent la baie de leurs ombres égales : celles du Pi bord (faux pin) et les oreilles de la mule, deux tertres jumeaux. Cette arrière-garde des Albères abrite un peuple d’arbres et de mas isolés, immuable face à la beauté des eaux. Colera, un petit coin de paradis.

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