05 Déc ILLE SUR TET
Elle se dresse au bord de la Têt, majestueuse, campée derrière ses remparts, hérissée de clochers et de frontons baroques aux courbes douces, encerclée de canaux et de ruisseaux chantants. Ille a tout d’une île…
Clic-clac
Les petites rues au dessin tourmenté se blottissent autour de la monumentale église Saint Etienne, romane puis remaniée à l’époque baroque, avec ses nombreux retables d’excellente facture qui retracent l’évolution de la décoration religieuse au cours du XVIIIe siècle. La petite place ne permet pas de prendre le recul nécessaire pour réaliser l’amplitude du bâtiment, dont le clocher, d’une hauteur inhabituelle, qui domine la ville de sa silhouette élancée.
Travelling avant
Un peu plus loin s’élève un ensemble architectural unique, relié par un joli jardin. L’église romane de la Rodona dont ne subsistent que les deux portails en plein cintre, car le bâtiment a connu un destin très tourmenté, jouxte l’hospice, l’ancien hôpital des pauvres, une merveille baroque au fronton somptueux, datant des XVIIe et XVIIIe siècles. Sa chapelle et ses deux séries d’alcôves abritent un musée d’art catalan traditionnel, noble et dépouillé, regroupant des sculptures baroques, des fresques murales du XIIe siècle, un retable et un devant d’autel roman.
Zoom
Autre curiosité de ce village décidément tourné vers le spirituel, l’église du Tiers Ordre des Carmes, avec son beau fronton sculpté et sa forme élégante, parfaitement rectangulaire, construite à l’initiative de laïcs. Les tableaux qui rythment l’espacement des piliers sont signés de l’atelier Guerra, un des artistes dominants du XVIIe siècle en Roussillon, dont le style porte une forte empreinte ibérique, à la fois sombre et expressionniste.
Travelling arrière
La présence de jardins secrets, simplement perceptibles par le débordement impétueux de quelques plantes audacieuses, s’explique par le chant des nombreuses fontaines. C’est ici, à Ille, que l’eau de la Têt est emprisonnée et guidée vers Perpignan à travers « Las Canals », un chef-d’œuvre d’architecture civile bordé d’arbres, destiné en premier lieu à faire tourner les moulins, mais qui est encore aujourd’hui utilisé pour irriguer les parcelles et les potagers situés en aval.
Flou artistique
De l’autre côté de la Têt, la montagne dessine une sorte de canyon resserré, une série de cheminées de fée blanches et friables, sculptées par le fleuve et les intempéries, hautes parfois de plus de 12 mètres. L’ensemble évoque irrésistiblement l’alignement méticuleux des tuyaux de quelque orgue immense, une armée de stalagmites privés d’obscurité et patinés par le soleil. Cette merveille géologique est d’ailleurs classée site remarquable.
Contrechamp
En remontant vers la haute vallée de la Têt, on croise une grande tour rectangulaire intacte, jouxtée d’une jolie chapelle, restes restaurés de l’ancien hameau de Cases Noves et de son église. C’est d’ici que proviennent les peintures murales exposées à l’hospice. Et juste devant, énorme, somptueux, règne le Canigou, gardien absolu de la vallée.
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