30 Sep LA GASTRONOMIE DES REGIONS : Paysages de Barcelone
En plein milieu de la Catalogne continentale, là où se croisent tous les chemins de terre et de mer, la nature est si belle, si inattendue, qu’elle se décline en plusieurs espaces protégés particulièrement sauvages. Un patrimoine d’exception a trouvé là un écrin de choix, tandis que la gastronomie a donné lieu à des variations magistrales.
Le phare incontesté de cette région du nord de la capitale reste le monastère de Montserrat, où trône la statue de la moreneta, la vierge noire qui protège tous les Catalans. La montagne qui l’abrite est reconnaissable entre toutes : ses dents déchiquetées, l’élan de ses cheminées de fée, la blancheur opalescente de ses concrétions calcaires en font un espace féerique qui attire des milliers de visiteurs. On le sait moins, c’est un haut lieu de production pour le mató, ce fromage frais de brebis, dégusté arrosé de miel, qui est un des desserts phares du pays. En face, au nord-est, juchés sur leur haut plateau, les puits à glace du Moianès racontent l’épopée des forçats du froid qui alimentaient autrefois Barcelone en glaçons.
Toutes les Catalognes
à Vic, la belle capitale de l’Osona, la coexistence du temple romain, de l’évêché et de la grande place carrée, le réseau serré de ruelles, la beauté du pont roman et l’obstination des remparts constituent un véritable condensé d’histoire catalane, tandis que la production charcutière, notamment l’emblématique llonganissa, et les châtaignes de Viladrau possèdent de belles lettres de noblesse. à Berga, les fêtes immémoriales de la Patum au rituel impressionnant sont si spécifiques qu’elles sont classées au patrimoine de l’humanité ! Pintades et chapons s’y dégustent avec des truffes noires et des patates de Bufet, de délicieuses pommes de terre montagnardes. De son côté, Manresa garde vive la mémoire d’Ignace de Loyola, sa figure tutélaire, et aussi celle de son canal, gagné de haute lutte. Vous ne résisterez pas au lapin au rhum et aux guisats ! à Igualada, dont le destin industriel s’est affirmé autour du cuir, mégissiers et tanneurs ont construit un système de canaux remarquable à partir du cours de l’Anoia. Ici les pois chiches et les haricots blancs sont aussi réputés que bons. Un peu partout, la présence de châteaux rappelle que ces terres ont été terres de frontière entre la Vieille et la Nouvelle Catalogne. Ne manquez pas le château de Montesquiu, documenté dès 1285 et son superbe domaine. Mais le must, c’est l’incroyable château de Cardona, le tout dernier à avoir résisté à Philippe V en 1714, dont les ducs, que les mines de sel avaient rendus richissimes, étaient considérés comme des rois sans couronne.
Caractère patrimonial
Des ermitages, des chapelles, des couvents, émaillent tout le territoire. Les montagnes, très peu peuplées, à l’exception de rares mas, s’y taillent toutefois la part du lion, à commencer par le grandiose Montseny aux forêts profondes. C’est le château d’eau de la Catalogne, celui qui accroche les nuages pour en extraire l’eau et nourrir sources et torrents, si pur, si vert, qu’il s’est vu attribuer le label Biosphère par l’Unesco. Les bières locales parient sur cette onde vierge. Plus petit, mais tout aussi impressionnant, le massif des Guilleries, dont le nom rappelle la présence des renards, allie forêts impénétrables et mystère profond : c’est ici qu’ont été brûlées des centaines de sorcières au XVIe siècle et c’est là que s’était réfugié le Robin des Bois catalan, Serrallonga avant d’être exécuté à Barcelone. Enfin, la chaîne montagneuse de l’Obac et de Sant Llorenç del Munt, qui coupe les chemins vers la mer d’une sorte de barrière minérale compacte, complète ce cercle de montagnes qui n’a pas empêché l’effraction de la vigne. Ce territoire possède en effet une appellation « Pla de Bages » portée par une quinzaine de caves particulières.
Pas de commentaire