01 Nov Le quartier de l’Archipel
Autour du Grenat, entre Têt et Basse, adossé à l’Espace Méditerranéen est né un nouveau quartier, branché, dur au travail, rompu à la fête : le quartier de l’Archipel qui réconcilie tous les contraires.
Paradis des noctambules et des gourmets, le quartier de l’Archipel réunit dans la bonne humeur spectateurs de la vénérable scène et Perpignanais en mal de convivialité : détonant ! Autrefois, ce coin de Perpignan coincé entre le Boulevard Clémenceau et la Têt abritait le marché de gros et quelques pépinières qui descendaient jusqu’au fleuve. A peine croyable aujourd’hui, quand on contemple les immeubles modernes de l’Espace Méditerranée, arrondis autour de la place et l’ensemble insolite que forme le Théâtre de l’Archipel, et que l’on voit en lieu et place des entrepôts d’autrefois, une multitude de petits restaurants ou cafés.
Le Grenat, magistral
Décrié ou pas, le Grenat fait partie du paysage, étrange vaisseau écarlate échoué au bord de l’eau, flanqué de bâtiments aussi insolites que divers : un cube de korten qui accueille une salle de 400 sièges, un étrange hangar couvert d’affiches qui abrite les décors, une tour dorée où phosphore l’équipe administrative, un hangar à avions argenté pour les répétitions… Voilà la petite cité qui sert de vaisseau amiral au quartier tout entier. Car toutes les rues semblent désormais mener à lui, comme aimantées par son étrangeté.
Deux visages
Il faut dire que « l’effet Archipel » a fonctionné à plein. En début d’avenue, là où naît l’avenue Leclerc presque au bord de la basse, une avant-garde veille, le Mediator annonce la couleur du quartier, noctambule et festive. Pourtant, juste en face, deux enseignes de city market donnent un autre signe : celui d’un quartier qui travaille dur, signe aussitôt conforté par la présence de banques et de petits commerces dont beaucoup de restaurants. C’est un quartier aux deux visages qu’il faut découvrir. Un quartier de PME et de professions libérales dans la journée, un paradis pour couche-tard et gourmets dès que s’annonce la nuit. Un quartier qui bouge !
Comme un aimant
Tout semble commencer Boulevard Clémenceau : on sent que la vieille avenue aux allures haussmanniennes a tendance à se pencher vers la Têt, à jeter ses perpendiculaires vers elle, à les peupler de cafés, de boutiques, de petites terrasses. Un vrai phénomène d’attraction qui conforte les vieilles enseignes de déguisement et de costumes mais qui invite le monde entier à participer à la fête. Ici on mange chinois, italien, japonais, marocain… Ici on opte pour le design le plus moderne ou pour les antiquités. Et pourtant, on vit surtout à l’heure catalane d’aujourd’hui !
Chic et décontracté
France Bleu ne s’y est pas trompée, ses bureaux ont élu domicile juste devant l’espace Méditerranée, parce que c’est ici que bat le cœur du nouveau Perpignan, celui des jeunes entrepreneurs, des artistes et des gens branchés, celui que ne désavouent pas les seniors en promenade digestive. Ici, des bars ouvrent toute la nuit et servent même à manger à l’aube, des pubs se la jouent irlandaise, comme si l’on était à Cork, avecGuinness et fiddle, des petites guinguettes poussent leurs tables à même la rue… On pourrait se trouver dans un vieux quartier de Bruxelles ou de Santander, tant l’atmosphère est à la fois décontractée et un poil chic ! Un étrange mélange de nonchalance et de tenue qui fédère et retient.
Urbain, résolument
L’offre hôtelière répond aussi à cette dualité : de l’appartement-hôtel aux 3 étoiles, le quartier a tout prévu, notamment pour les courts séjours des spectateurs du théâtre en provenance de Montpellier, de Toulouse ou de Barcelone. Ses habitants sont gâtés par la présence immédiate de trois grands parkings qui simplifient la vie urbaine et la proximité de la Passejada et de ses allées ombragées. Animé, équipé, proche de l’hyper-centre, le quartier a tout pour plaire.
Tables de stars
Sous les ors orientaux, dans les odeurs de tajine, il n’est pas rare de croiser l’équipe du fameux « Archipel », le théâtre tutélaire du quartier, souvent accompagnée de quelque célébrité de la scène. Un peu plus loin, des bars tout en longueur comme à Barcelone, proposent des tapas d’anthologie et des vins d’ici, un véritable mariage d’amour ! En quelques années, le quartier s’est littéralement métamorphosé, porté en triomphe par le projet architectural du théâtre : il a suffi que quelques entrepreneurs locaux y croient et le rêve est devenu réalité : un nouveau quartier est né, dopé par les spectateurs du théâtre et la multiplicité des enseignes.
Tous les paradoxes
Le résultat est là, assez stupéfiant : presque impossible de trouver une place en terrasse l’été le long de l’avenue du Général Leclerc ! En hiver, les places sont chères aussi car le quartier a son public d’habitués que vous ne ferez plus aller ailleurs. Autre phénomène intéressant, malgré le côté Tour de Babel, le quartier de l’Archipel se vit comme un quartier de Barcelone : on y mange à toute heure, les apéros et les repas se confondent totalement, et la star incontestée des tapas reste le pain frotté à la tomate et sa charcuterie. Le postulat résolu de la modernité architecturale et culturelle a abouti à un renforcement des traditions paysannes qui fait resurgir la catalanité là où on ne l’attend pas. Un amour de quartier !
Pas de commentaire