01 Sep L’Empordà : la mer nourricière et vagabonde
La Costa Brava, avec ses riches fonds marins, ses eaux pures, et l’extrême variété de son royaume minéral, est un véritable vivier à ciel ouvert. Même si le secteur de la pêche, ici comme ailleurs, est frappé par une crise structurelle, il reste une activité traditionnelle encore très ancrée, et certainement dopée par le tourisme gastronomique, l’une des grandes forces de cette comarca, patrie de Ferran Adrià ou de Paco Perèz.
Des villages dédiés à la mer
Partout, c’est le même paysage de plages sur lesquelles on remonte très loin les embarcations, jusqu’à les mettre à l’abri sous des arcades surmontées de maisons de pêcheurs. Partout, des barques colorées, parfois encore à voile latine, soigneusement amarrées. Partout, ce va-et-vient sur les quais, tout un petit monde qui s’agite, transporte des caisses, nettoie à grande eau les ponts des embarcations. À la nuit tombée ou au petit jour, les barques reviennent, attendues par la foule des acheteurs : grossistes, restaurateurs, particuliers en mal de goûts authentiques, mais aussi curieux qui ne se lassent pas de ce ballet parfaitement réglé. On les retrouve pour le rituel de la criée, en catalan salat, s’il vous plaît ! C’est un moment extraordinaire. Nul ne sait à l’avance s‘il trouvera ce qu’il attend et qu’il a parfois commandé. Il suffit d’un grain et le poisson n’est plus où il devrait être ! La cérémonie des enchères commence. On devine qu’elle ne devait guère se dérouler différemment du temps des Grecs et des Romains, avec la conscience de participer à un rite ancestral et immuable. A ne pas rater, c’est vraiment un spectacle.
Trois millénaires d’expérience
Depuis le temps que l’homme pêche sur cette rive, plus de 100 techniques de pêche différentes ont été collectées pour la seule Costa Brava, des plus primitives (lignes, filets de surface) aux plus sophistiquées (palangres, filets industriels, encerclement). Impossible de ne pas parler de la pêche au lamparo, destinée à attirer par la lumière d’un immense fanal embarqué les anchois ou les sardines. Il faudrait aussi parler des crustacés, aussi nombreux que délicieux sur cette côte bénie. Ou encore des anguilles du système lagunaire, là où les eaux salées et douces se mélangent. Commandez donc une parillada et jugez de la variété des ressources : daurades, calmars, poulpes, anchois, sardines, loup mais aussi gambas, langoustines, moules, oursins…. La mer ne nous refuse rien, il suffit de savoir prendre, car elle s’épuise sous les assauts des hommes. Le thon, déjà, est fortement contingenté.
Le culte de la mémoire
A l’Escala et à Palamòs, on veut transmettre et se souvenir d‘un monde où la pêche nourrissait tous ses hommes. Un temps de solidarité et de travail ardu. Maram est un centre d’interprétation du poisson créé par la confrérie des pêcheurs de l’Escala. On y découvre la vie et le labeur des pêcheurs, leur habitat, leur nourriture, pour mieux prôner une pêche responsable et respectueuse de l’environnement. Mais on ne se contente pas de contempler le passé : la criée s’effectue par intranet ! Les visiteurs ont également droit à un cours sur les espaces protégés, histoire de tuer dans l’œuf les initiatives de pêche intempestives. A Palamòs, on a opté pour le musée de la pêche, avec des ateliers sur les nœuds marins, les signaux et les lieux de pêche traditionnels.
Un secteur économique fort
Palamòs, l’Estartit, l’Escala, Llançà, le Port de la Selva et surtout Roses, sont les principaux ports de pêche de l’Empordà et réalisent des captures moyennes tout à fait respectables. 3 000 tonnes pour 110 bateaux référencés à Palamòs par exemple. Mais c’est Roses qui tient le haut du pavé. Au fil des ans, de construction de quais en agrandissements du port, la ville est devenue le troisième port de pêche de toute la Catalogne, et sa criée un marché très important pour la comarca. Si vous assistez à une criée vous ne manquerez pas de noter la présence de beaucoup de nord-Catalans venus chercher la qualité et la proximité. Ce n’est pas un hasard si vous trouvez dans vos assiettes des « gambas de Roses » ou des « petites daurades de Llançà » !
Le tourisme : diversification oblige
Beaucoup de pêcheurs ont compris qu’ils pouvaient, quand ils ne sortaient pas en mer, accueillir à bord des touristes friands de cabotage le long des criques. C’est certainement la plus belle façon de voir la côte depuis la mer, aux côtés de gens ancrés dans cette terre rude et belle, qui vous offrent un regard irremplaçable sur leur pays. Il y aura l’odeur du poisson, bien sûr, mais une force de vérité aussi, qui vous emballera.
Des ports qui savent tout faire
Evidemment, tous ces jolis ports de pêche ont en commun d’avoir des plages et souvent, un espace de plaisance. Ainsi, les communes de Roses et de l’Estartit viennent d’obtenir le label de « stations nautiques » qui couronne une offre complète et plurielle en matière de tourisme actif et d’activités nautiques en bord de mer. Impossible donc de s’ennuyer sur la Costa Brava : vous pouvez prendre des cours de tout ce que vous voulez et qui va sur l’eau : jet ski, ski nautique, kyte surf, surf, planche à voile, bateau à voile. Pratiquer tous les sports collectifs imaginables sur la plage, parcourir l’arrière-pays en vélo, à cheval, à pied selon vos envies. Côté loisirs, boîtes de nuit, bars, festivals, tout est prévu pour votre plus grand plaisir et celui de vos enfants, quel que soit leur âge. La plus value, ce sont les sites : plonger au Cap de Creus ou dans les réserves marines de Begur ou encore de l’Estartit, c’est inoubliable !
Une marina historique
Empuriabrava est la plus grande marina d’Europe, construite sur un de ces fameux aiguamolls en 1964. Elle occupe aujourd’hui 5 000 hectares et compte 15 000 habitations dont la plupart sont des maisons avec jardin et ponton d’accostage. Le succès ne se dément pas : l’été, ce sont 80 000 personnes qui passent là leurs vacances, les pieds dans l’eau.
Ports de pêche, stations balnéaires, ports nautiques, les ports de la Costa Brava célèbrent toutes les noces : celles de la terre et de la mer, celles de la tradition et de la modernité, celles de l’hospitalité et de l’art de vivre. Laissez-vous porter !
Pas de commentaire