Les Festes del Tura

01 Sep Les Festes del Tura

Elles font partie des plus grandes fêtes du monde ibérique, à côté des falles de Valencia ou de la Semana santa de Santander : du 5 au 10 septembre, les festes del Tura vous envoûteront.
La Vierge del Tura est la sainte patronne d’Olot. Pour sa fête, le 8 septembre, la capitale de la Garrotxa se lance dans une débauche d’animations qui, toutes, portent chevillé au corps l’amour de la Catalogne, et un dosage impeccable de modernité et de tradition.

Populaire, vraiment

Cette fête est l’une des plus importantes de Catalogne et même de l’état espagnol, à égalité avec les falles de Valencia ou la Semana Grande de San Sebastian. Pendant les quatre jours de la fête, cette année du 5 au 9 septembre, visiteurs et Olotins s’en donnent à cœur joie. Il faut dire que tous les ingrédients de la liesse sont réunis : c’est gratuit, tout se passe dans la rue, et c’est vraiment populaire dans le meilleur sens du terme. Atout majeur supplémentaire, tout le tissu associatif de la ville est impliqué. Autant dire que les rues du centre-ville, du Firal à la Plaça Major, de la Font de l’àngel à la Font del Conill, deviennent un gigantesque forum où les gens se rencontrent et se parlent entre deux animations : l’atmosphère est festive, intergénérationnelle, bon enfant, quelque part entre ce qu’on imagine des marchés médiévaux et un grand festival…

Un rituel huilé

Les premières occurrences remontent à 1636, et font état d’un chant de « seguidilles », d’un bal sur la place et de courses de vachettes (et non, évidemment, de corridas avec mise à mort, une importation purement espagnole). Depuis le XIXe siècle, la fête a lieu autour du jour de la Vierge le 8 septembre. Il s’agit donc au départ d’une fête religieuse. Aujourd’hui, la Vierge del Tura fait l’objet d’une offrande de fleurs, d’une messe solennelle et d’une procession particulièrement majestueuse qui attire immanquablement un public nombreux et recueilli.

En marge de ces rituels immuables, une autre fête bat son plein avec sa cavalcade de chars, le Cos Iris, la sortie de la farandula olotine, cet ensemble de figures mythologiques, de gegants , de grosses têtes et de cavallets, les correfocs et le correbou. Mais le clou, ce sont les cercaviles et le très célèbre ball des gegants, les figures les plus emblématiques de la ville. Le couple de géants déambule dans les rues, précédé du nain Cap de Lligamosques et de ses compagnons portant la lance, chargés d’ouvrir le passage, accompagné des cabaçuts (les plus anciens de Catalogne) et des gracieux cavallets. Sur la belle plaça Major aux balcons décorés d’estelades et de senyeres commence le bal, réglé au cordeau et toujours solennel. Ce sont les nains qui commencent, puis les géants s’avancent. Toute la foule connaît la mélodie, sérieuse, grandiose. Les gegants ne sont plus des statues d’étoffe et de bois, ils sont l’incarnation même d’Olot et de ses habitants, une légende faite chair. C’est ce miracle que vient chercher année après année un public de plus en plus nombreux.

Toute une histoire

La fête de la Vierge est aussi celle des marededeus trobades, ces statues trouvées dans la montagne et venues demander aux hommes de leur construire un sanctuaire. Selon une légende médiévale, c’est un bœuf (un tura) du mas de la Caritat qui trouva la précieuse effigie à laquelle il donna son nom. En 1859, la fête proprement dite commença à se structurer sur trois jours, attirant le public de toute la comarca avec un mélange de manifestations à caractère religieux et de fêtes païennes. Des danses bien sûr, notamment le ball pla, (danse à trois temps caractérisée par l’absence de sauts), le tornaboda (un goûter géant au son de la sardane), des courses de vachettes en hommage au bœuf originel, puis le corso et enfin, des sardanes et des bals donnés dans toute la ville, qui allient tradition et modernité, ferveur et liesse populaire.

Pour les Olotins, les festes del Tura marquent la fin de l’été et le retour au travail, la vraie religion d’Olot la vaillante. La generalitat de Catalogne a déclaré ces festes del Tura fêtes d’intérêt national. Cette année, nul doute qu’elles revêtiront un sens particulier plus fort encore qu’un galop d’entraînement, puisqu’elles se terminent la veille de la Diada, le 10 septembre. Je peux vous dire que j’y serai !