06 Fév MONELLS
Clic-clac
On serpente entre les oliveraies en pente douce et les crêtes plantées de pins, dans un paysage qui évoque la Toscane. Soudain, sur la droite, se dresse la jolie silhouette d’un clocher octogonal de pierres blanches. Le temps d’un virage et voilà, après une volée d’escaliers et l’ouverture d’un parvis dallé, le fronton baroque, somptueux, dont les colonnes du portail sont étrangement brisées en oblique. On devine sous le remaniement effectué au XVIIIe, une église gothique plus sobre et de dimensions plus réduites.
Travelling avant
Un sentier étroit et sinueux conduit derrière l’édifice à un tout petit cimetière, dont les niches superposées sont enserrées entre de hauts murs, simplement chaulés. Ils semblent mettre les morts à l’abri du vent et des curieux. L’ensemble dispense un halo d’apaisement et de sérénité. De l’autre côté de la route, un peu plus bas, commence le village proprement dit, coupé en deux quartiers bien distincts par la rivière, le Rissec, qu’enjambe gracieusement une passerelle surélevée.
Zoom
D’emblée la pierre blonde et lisse, caractéristique de l’Empordà, nimbe les anciens remparts d’une lumière particulière. De l’ancien château féodal, plus rien ne subsiste. Pourtant, l’enchantement commence. Un réseau de petites rues étroites s’articule autour d’arcades larges qui semblent avoir décidé d’aplatir le plein cintre et qui servent d’arcs-boutants aux maisons. Les fenêtres, presque toutes gothiques, sont souvent bilobées ou dessinées en ogive. Il n’est pas rare de déchiffrer des inscriptions sur les linteaux de marbre.
Travelling arrière
Soudain, s’ouvre la place Jaume 1er, une des plus belles de Catalogne, avec sa forme indécise mi-ovale, mi-trapèze et ses galeries nervurées de croisées d’ogives qui la juponnent sur les quatre côtés. Dans un angle, un puits venu du fond des âges fait du coude à une jolie fontaine de pierres blanches. Les terrasses peuplées des cafés, sobres et brunes, s’intègrent parfaitement à la pierre. Au-dessus d’un restaurant, une étrange fenêtre mauresque à arc outrepassé impose son insolite différence. Ici la beauté se vit, elle ne se contemple pas.
Flou artistique
Un passage étroit entre deux maisons semble aligner quelques belles voûtes pour mieux nous attirer dans ses filets. Nous voilà bientôt sur la jolie plaça de l’oli, la place de l’huile, avec en perspective de chaque côté de jolies enfilades d’ogives, des portes presque secrètes dans les recoins des murs, parfois maquillées du noir de grilles ouvragées et partout, des pots de plantes vertes qui éclairent les galets doux de la calade, polis par des siècles de passants. L’ensemble, homogène, lumineux, transporte littéralement dans le temps.
Contrechamp
Le temps de longer le Rissec et de contempler l’autre côté du village, plus récent mais également préservé, et nous voilà arrivés au passage à gué qui nous permet de remonter, entre maisons vénérables et jardins odorants, jusqu’à la route. D’autant que le panneau indique une autre merveille, située sur la même commune, l’ensemble médiéval de Cruïlles. Mais, ça, c’est un autre arrêt sur village !
Pas de commentaire