01 Sep Olot : Qui no ha estat a Olot
QUI NO HA ESTAT A OLOT NO HA ESTAT ENLLOC : qui na pas vu Olot na encore rien vu. La preuve par neuf en quelques pages et quelques photos.
Olot est l’incontestable capitale de la Garrotxa, une ville de paradoxes apparents qui allie richesses naturelles et vie industrieuse, rythme paysan et urgences citadines, et vit sous la protection capricieuse du Montsacopa, son volcan tutélaire et emblématique.
Des volcans vigies
C’est ce volcan, si caractéristique, qui frappe le regard de l’arrivant. Il y devine un cratère recouvert de prairies, la jolie silhouette d’une église à clocher, Sant Francès, et deux tours de guet. Majestueux, le volcan veille sur la ville mais fait signe de loin à ses amis d’enfance, le volcan de la Garrinada avec ses trois cratères, celui de Montolivet boisé de forêts douces, et celui de les Bisaroques au-dessus du quartier de Santa Magdalena, de l’autre côté du Fluvià, la rivière d’Olot. La ville s’étend entre les volcans, ceinte de hêtraies, de rouvraies et de chênes verts, encore constellée dans sa périphérie de champs de maïs et d’espaces verts.
La grâce des fontaines
Pour comprendre Olot, il y a les volcans, bien sûr, mais aussi l’eau. Presque en cœur de ville, là où s’étendait autrefois avant l’éruption du Croscat, un vaste lac, la réserve naturelle de la zone marécageuse de la Moixina impose une oasis de fraîcheur avec ses deux fontaines de la Deu et de la Moixina. S’il fait chaud vous ne trouverez pas mieux. Un bémol cependant, ma tante avait coutume de décrire les lieux comme « un mosquiter »… Ici, les fontaines ont un véritable rôle social : on y emmène les enfants en promenade et on les y fait goûter. La Font de Les Tries, à l’entrée d’Olot avec ses neufs jets, est souveraine contre les touristas importunes avec un carré de chocolat, celle de Sant Roc, à deux pas du Carrilet est nichée sous de vénérables platanes, tout près de l’ermitage de la Salut. Dans le sublime parc nou et ses zones fleuries se cache la Font Castanys, tandis qu’en centre-ville les fontaines de l’àngel et del conill (du lapin) servent de repère et de point de rendez-vous.
Le Fluvià
Le roi de ce monde de sources et d’eau claire, c’est le Fluvià. Il ne s’est pas cantonné à prêter ses eaux pour l’irrigation, non. Il a été la colonne vertébrale de l’industrialisation d’Olot, accueillant sur ses rives des tanneries, des filatures, des fabriques de santons, des fabriques de charcuterie, offrant la force de son courant en guise de moteur et hélas, servant longtemps de point de déversement des eaux usées. Aujourd’hui, parcourir ses rives, c’est lire à livre ouvert l’histoire d’une grosse bourgade paysanne qui est devenue, à force de travail et de volonté, une ville industrielle : le textile, notamment la maille, y tient encore le haut du pavé, et l’industrie alimentaire s’y porte toujours très bien. A ces deux activités historiques sont venus s’ajouter la métallurgie, les arts graphiques, le plastique et la chimie. Olot ne met pas toutes ses figues dans le même panier !
L’amour de la terre
Pour autant, les racines paysannes plongent loin dans ce sol de lave. Dans les quartiers populaires et anciens, la pierre basaltique noire habille les façades et sur les tables des restaurants, les produits typiques des zones volcaniques imposent leur simplicité et leur saveur tranquille. Les marchés d’Olot sont un régal pour les yeux et les oreilles. Au fait, ne vous faites pas avoir, le marchandage est de rigueur, c’est un jeu vieux comme le monde ici ! A l’énoncé du prix, prononcez un « que dius ara ? » presque scandalisé, c’est le sésame ! Si vous achetez de la charcuterie, le must, c’est la botifarra d’ous un boudin blanc aux œufs qui n’a pas son égal sur la planète, parole de mitja olotina !
Beauté des pierres
Capitale oblige, Olot possède aussi un patrimoine bâti de premier plan. Malheureusement, le tremblement de terre n’a quasiment rien laissé, aussi commence-t-il à la Renaissance avec le Cloître del Carme, bel ensemble du XVIe siècle. Du sanctuaire de la Mare de Deu del Tura il reste une clé de voûte, une porte cloisonnée, et une sublime statue romane dorée et polychrome représentant Saint Joaquim. Le baroque a été plus prolixe. L’église paroissiale de Sant Esteve, avec son clocher octogonal et son grand escalier d’apparat sublime le centre-ville. Les niches vides de sa façade abritaient autrefois des statues de pierre représentant St Esteve, St Valentin et Ste Sabine mais la guerre d’Espagne leur a été fatale. Ne ratez pas le retable baroque du rosaire ni le maître-autel dû à Josep Clara. Juste en face, la maison de la famille de la Trinxeria avec ses dorures, ses murs peints de paysages et de scènes mythologiques, donne une réponse civile à la splendeur religieuse baroque.
Moderniste en diable Mais la caractéristique d’Olot, c’est le modernisme, illustré par d’opulentes maisons construites par des industriels nouvellement enrichis. Le centre-ville abrite toute une série de demeures comme la casa Solà Moralès, la casa Pujador, la casa Escubòs. Un peu plus loin, l’Eixample de la Malagrida, dû aux meilleurs architectes de l’époque comme Azemar ou Domenech i Muntanyer aligne ses sublimes hôtels particuliers. A Olot, tout cohabite : de vieux mas sculptés par la lave et cernés de bâtiments modernes, des parcs et des marécages, des cloîtres et des musées, des volcans et des sources…
Les garrotxins, amoureux de leur capitale, le disent mieux que personne : qui no ha estat a Olot no ha estat enlloc. Qu’on se le dise !
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