30 Mar Peratallada
Clic clac
Au milieu des oliviers du Baix Empordà, l’église Sant Esteve de Peretallada apparaît toute seule comme née de la pierre et punie hors des remparts. Son élégant clocher-mur porte encore les cloches, et protège un sobre portail. Tout, dans la décoration économe, proclame une romanité tardive et épanouie, soulignée par ses deux nefs aux amples voûtes arrondies. Le bâtiment abrite l’ossuaire de Gilabert de Cruïlles, seigneur médiéval des lieux, posé sur un socle de pierre particulièrement ouvragé.
Travelling avant
Un peu plus loin, sagement assoupi au creux de ses remparts, le village apparaît cerclé d’un énorme fossé creusé dans le vif de la roche et nous ouvre le portail de la vierge, éclairé par une fenêtre gothique géminée à jolie colonnade. Le sol n’est ni pavé ni sablé : la pierre a été travaillée à main d’homme pour permettre le passage des humains et des charrettes. Les façades, pour la plupart gothiques, sont parfois couvertes de lierre. Au détour d’une porte, on devine des jardins intérieurs dotés de puits et de fontaines.
Zoom
Le dédale des rues décrit d’étranges circonvolutions, ouvre des placettes, des passages, des portails presque toujours fleuris ou agrémentés de plantes. Pas la moindre faute de goût, Peratallada est restée dans son jus sans la moindre construction ou adjonction moderne. Nous débouchons au cœur du village sur la plaça de les voltes, une magnifique place à arcades où ont élu domicile plusieurs restaurants. Les fenêtres écrivent à elles seules une chronologie à déchiffrer du gothique au baroque.
Travelling arrière
En plein milieu de cette merveille minérale s’élève, sur une sorte de plate-forme surélevée et ciselée par des tailleurs de pierre, un ensemble saisissant, une sorte de citadelle dans la citadelle. Le château fortifié dresse une tour carrée et crénelée, la tour de l’hommage, qui borde un magnifique palais gothique, formé de différents corps de bâtiment, avec des cours intérieures. C’est le château des seigneurs de Peratallada, alliés aux seigneurs de Cruïlles, une des plus grandes familles catalanes du Moyen Âge.
Flou artistique
Ce noyau fortifié constitue l’épicentre d’un réseau de murailles concentriques, dont on conserve encore, outre les impressionnants remparts, trois tours carrées dont, bien sûr, la tour de l’horloge, figure obligée de tout ensemble féodal. Les 200 habitants de Peratallada, blottis à l’abri de ce formidable ensemble défensif, vivent comme leurs lointains ancêtres. D’ailleurs, des cavités ont été découvertes dans les remparts qui semblent d’origine romaine ou préromaine.
Contrechamp
Nous ne résistons pas à l’envie de faire le tour des fossés pour regarder le village de l’extérieur et constater qu’il mérite pleinement son nom, tant il paraît tout entier sculpté par une main géante à fleur de rocher. Au XIVe siècle, Peratallada a donné à la Catalogne son premier président de la Generalitat, Berenguer de Cruilles. Elle conserve sa grandeur, nichée au cœur d’un paysage doux qui semble rêver de Toscane.
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