03 Fév PLATJA D’ARO : UN TRIPTYQUE MAGIQUE
C’est un concentré de Costa Brava, un trois en un inattendu qui répond à toutes les attentes en toutes saisons. Glamour, histoire et modernité s’y conjuguent à merveille. Petite visite guidée du triptyque magique Castell d’Aro, Platja d’Aro et S’Agaró.
Des racines profondes
Niché entre le massif des Gavarres et le massif de d’Ardenya, entouré des petites embouchures de plusieurs rivières et ruisseaux qui se jettent dans la Méditerranée, le site a séduit les hommes dès la préhistoire. Les nombreux dolmens disséminés parmi les yeuses et les pins parasols qui ourlent les criques profondes aux eaux étales en attestent. Les Romains y ont bâti une énorme villa, au Pla de Palol, si riche que son nom s’inspire du Palatin, la très patricienne colline romaine.
Des ruines romaines
D’ailleurs, les ruines miraculeusement sauvées des programmes immobiliers de Franco, menés à la hussarde à la fin des années 50, se trouvent en pleine ville. Il faut parfois les chercher sous des immeubles construits sur pilotis, histoire de combiner respect de l‘histoire et rentabilité ! Elles démontrent sur 10 000 m², l’activité têtue des hommes au fil des siècles, entre viticulture et céramique, entre agriculture et pêche et leur très ancienne quête des plaisirs de l’eau, avec un magnifique ensemble thermal. Finalement, les fondamentaux sont encore là et la Méditerranée continue son chant.
Gothique et baroque
Le vieux village de Castell d’Aro, affiche fièrement la blondeur sereine de son centre ancien aux ruelles étroites et tourmentées, l’empressement de ses maisons étroites et hautes à se blottir près de l’église et du château, deux joyaux architecturaux. Santa Maria d’Aro est une illustration parfaite du gothique tardif (XVIe), caractéristique de la Catalogne, monté en pierres du pays. L’époque baroque lui adjoint une jolie façade au fronton graphique et pur, dont le portail de marbre blanc reprend la ligne exacte en élégant rappel. Un cyprès immense semble vouloir rivaliser avec le clocher élancé.
Dès le XIe siècle
Le château de Benedormiens, qui jouxte l’église, fut construit en 1041 pour défendre les habitants contre les Sarrasins installés plus au sud. Malgré les destructions et les remaniements, il présente un grand portail en plein cintre, et s’orne notamment d’un chapelet de meurtrières et d’une jolie fenêtre trilobée. Il semble qu’une nef préexistante ait été arrachée de la façade, dont quelques pierres destinées à supporter les poutres dépassent encore. Le château appartint tantôt aux seigneurs de Pals, tantôt à l’abbaye de Sant Feliu de Guíxols.
Musée de la poupée
Le château accueille nombre de fêtes et d’expositions, mais on le connaît surtout pour être le cadre de l’un des pessebres vivants les plus spectaculaires de toute la Catalogne, avec plusieurs centaines de figurants costumés, certains en paysans du XIXe, d’autres en Hébreux des temps bibliques. En plein centre ancien, le Musée de la Poupée, en tissu, en peau, en laine, en rafia, en corne, est une véritable leçon d’ethnographie et d’économie qui vous fera voyager dans l’immense pays de l’enfance sous toutes les latitudes.
La modernité de plein fouet
A deux pas de ce joli village qui répond, du haut de sa colline, à ses voisins de Pals ou de Peretallada, s’étend une véritable icône de la Costa Brava, entièrement dévolue aux loisirs et à la douceur de vivre en Méditerranée, Platja d’Aro. Comme sa voisine, Lloret, elle n’a pas hésité à se construire à fleur de plage, lançant ses promenades maritimes plantées de palmiers et longées de terrasses de café, le long d’immeubles énormes et cossus, destinés à accueillir une foule en villégiature venue de toute l’Europe et parfois de plus loin.
Cosmopolite et catalane
Ici, le parti pris est clair : allier tous les plaisirs des vacances et les services caractéristiques d’une ville. En été, la population atteint près de 90 000 habitants ! Pari réussi, les boutiques de marque, les franchises et les petits commerces locaux cohabitent joyeusement et permettent de retrouver dans un mouchoir de poche, toute l’Europe et quand même beaucoup de Catalogne ! Mieux, la ville a réussi à s’extraire du saisonnier pur, pour offrir en toutes saisons la beauté de son front de mer.
Toute l’année
L’offre hôtelière de grande qualité permet d’accueillir en saison basse de très nombreux congrès et de transformer les week-ends en temps forts de plus en plus prisés des Catalans, mais aussi des citoyens de l’Eurorégion. Rien de plus agréable que de se promener le long des plages, dans le soleil de l’hiver. Il suffit d’être à l’abri du vent, et un repas en terrasse devient un luxe inouï devant la belle bleue, d’autant que la gastronomie locale est excellente, et les vins de l’Empordà, souvent sublimes. Platja d’Aro a le don de vous réconcilier avec les derniers jours de l’hiver.
En bateau, à vélo ou à pied
N’oublions pas que les plaisirs de l’eau ne se limitent pas à la baignade. Le club nautique, très actif toute l’année, est l’un des plus prisés de la Costa Brava, et les amoureux de la glisse trouveront leur compte, même pendant les mois d’hiver. Un paradis aussi pour les cyclistes et les randonneurs qui pourront à loisir parcourir les sous-bois des Gavarres ou de l’Ardenya et contempler de magnifiques panoramas. La multiplicité des équipements sportifs vous garantit un séjour actif !
Un carnaval incroyable
C’est d’ailleurs en plein hiver, cette année du 24 au 27 février, que se déroule depuis 40 ans le Carnaval de Platja d’Aro, attirant des milliers de curieux. Organisé par la mairie et une fédération de carnavaliers, extrêmement active, il alterne défilés costumés, corsos de chars fleuris avec la Gran Rua de Carrosses i Comparses, grillade de saucisses ou paella monstre pour plus d’un millier de convives, défilé pour les enfants… La fête bat son plein jusqu’à l’Enterrament de la Sardina, la mort de sa majesté carnaval, ici appelé Rei Carnestoltes.
Partout, la mer
Tout autour des grandes plages blanches et sableuses qui semblent annoncer la Costa Daurada, la Costa Brava reprend ses droits avec ses chemins de ronde, parfois vertigineux au-dessus de criques aux eaux pures, cerclées de roche et de petites falaises, veillées par des pins et des récifs hargneux qui affleurent. Cala Canyers, Cala del Pi, Sa Conca, Cala Pedrosa, tout un rosaire à égrener en contemplant la Méditerranée. La petite vallée d’Aro est une authentique merveille naturelle.
Une oasis de charme
C’est au cœur de ce monde de criques cachées que se niche S’Agaró, au bord de la petite rivière du même nom, une véritable oasis qui abrite une vraie légende. En 1920, Josep Ensesa Guibert récupère, suite à une dette de jeu, un terrain situé entre la calanque Sa Conca et le petit ruisseau du S’Agaró. Il y bâtit un petit hôtel de charme et des chalets qui correspondent alors aux goûts des Barcelonais en villégiature avec leurs terrasses juste au bord de la mer.
Au cœur du glamour
L’Espagne en général et la Catalogne en particulier, sont alors un immense plateau de tournage. L’habileté de Franco à vendre sa destination touristique, masque pour la jet-set internationale les horreurs quotidiennes de son régime de fer. A S’Agaró, à l’hôtel de La Gavina, va s’écrire une légende dont la sublime sirène, fragile, alcoolique, mais sublime, sera Ava Gardner. Elle y tombe amoureuse, sur le tournage de « Pandora », du beau torero Mario Cabré.
Une légende dorée
Franck Sinatra, son époux à la ville, serait venu récupérer sa belle assez cavalièrement, dans la plus pure tradition italienne. Dans la foulée de ce couple mythique, le regard violet d’Elisabeth Taylor, l’intelligence incandescente d’Orson Welles, la virilité de Sean Connery ont habité ces lieux. Il faudrait encore citer Bogart et Bacall, Cocteau, Verganza, Cole Porter, des dizaines de personnalités politiques et plus près de nous, l’excentrique Lady Gaga.
Souvenirs, souvenirs
Que viennent-ils chercher dans ce palace un peu perdu ? La nostalgie d’un glamour perdu ? Les objets vénérables, céramiques catalanes, tapisseries flamandes, lustres de Murano, tableaux chinois ? La beauté tranquille – et saline – de l’immense piscine qui lutte de tous ses bleus contre la mer toute proche ? Les 11 chambres d’origine sont désormais au nombre de 74, mais le charme, maintenu par la 4e génération de la famille Ensesa, est intact. Les restaurants gastronomiques, le bar qui se souvient des mémorables ébriétés d’Hemingway ou d’Ava Gardner, continuent de dispenser leurs plaisirs et leur authenticité.
Triptyque magique
Résumons-nous : en quelques kilomètres, un fief médiéval qui appartint aux seigneurs de Pals et aux moines de Sant Feliu de Guixols, une station balnéaire ultra-moderne dotée de tous les équipements et services d’une grande ville, cosmopolite et dynamique, un hameau-palace comme un backstage de luxe dont les stars les plus glamours d’outre-Atlantique ont écrit la légende, et tout ça dans un cadre naturel de plages douces, de calanques, de montagnes toutes proches qui enchante le regard à 360°. Alors, vous partez quand ?
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