Vous avez remarqué ? L’ombre de vos doigts en éventail dans la chaise-longue a tendance à s’allonger un peu plus vite. Malgré la chaleur persistante, les soirées ont perdu de leur torpeur nonchalante et gagné en douceur dorée. Elles invitent la nuit à tomber d’un seul coup, comme si elle trébuchait, sur les grandes tablées de vacances éclairées de bougies et de rires. Dans les vignes, les premières colles de cueilleurs se préparent : bientôt une bonne odeur de moût flottera dans l’air, entêtante, et accompagnera la dégustation des figues charnues et des dernières pêches. Au bout de l’horizon bleu, de l’autre côté du large, se profile le spectre discret de la rentrée, qui occupe les esprits et pare d’urgence le moindre plaisir. Bientôt, avec les premiers jours de septembre, il faudra conjuguer avec brio le retour de la routine et le prolongement infini des vacances, réapprendre à les concentrer sur le temps des week-ends sans rien perdre de l’enchantement de la baignade, du plaisir de la marche dans la nature, de l’envie de découverte. Comme si nos mains, refermées sur le sable fin, s’obstinaient à en retenir le flot rapide et inéluctable. Bientôt, le souvenir vivace de ces instants enfuis peuplera nos rêves. Jusqu’au prochain été.
Wilfrid Renoult
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