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Rencontre avec Marie-Claire Baills

04 Oct Rencontre avec Marie-Claire Baills

Marie-Claire Baills est depuis deux ans la directrice générale de l’Office du Tourisme de Perpignan Méditerranée. Rencontre avec une femme déterminée.

Cap Catalogne : Bonjour Marie Claire Baills, voilà deux ans que vous présidez aux destinées touristiques de Perpignan. Si vous deviez définir la ville en quelques adjectifs, lesquels choisiriez-vous ?

Marie-Claire Baills : Accueillante, festive, culturelle, naturelle, sympathique. Je suis fan et fière de ma ville, je la trouve belle et douce, très douce à vivre… Elle ressemble un peu à la mer ; elle est parfois nonchalante, souvent agitée, elle n’a pas son pareil pour multiplier les petits bonheurs et les belles surprises.

CC : Vous pensez que c’est son image à l’extérieur ?

MCB : Pas tout à fait. Évidemment grâce à la météo et au Festival Visa pour l’Image, les gens situent plus ou moins Perpignan et en entendent parler mais ils ont une idée assez floue de ce qui se cache derrière ce nom. C’est peut-être dû au fait que nous sommes en toute fin de territoire, nous avons toujours été un lieu de passage soit vers le sud, soit vers la montagne, soit vers la mer. Un lieu dont on voit la pancarte sur l’autoroute, mais où on ne s’arrête pas forcément. Ce que je vois, en revanche c’est que quand on organise des visites pour la presse, et c’est une opération que je renouvelle dès que je le peux, les journalistes sont sidérés par la densité du patrimoine, par sa mise en valeur. Par les équipements ultra-modernes qui sont les nôtres en termes d’environnement et de développement durable, au niveau sportif, en termes de culture avec quand même une scène nationale, un grand conservatoire, des salles de concert… La ville est magnifique et surtout, elle est atypique. Pour les touristes venus du nord, elle est un condensé de Méditerranée, pour ceux venus du sud une porte de France. Et n’oublions pas qu’elle se présente dans un jardin de vignes et de maraîchages, c’est une ville à la campagne. Nous n’avons peut-être pas assez conscience nous-même de son incroyable pouvoir d’attraction : nos atouts sont pourtant énormes.

CC : C’est une vraie destination urbaine ?

MCB : C’est exactement ça, oui, une destination urbaine comme Lille, ou Toulouse ! On y trouve tout ce qui nourrit l’esprit et le corps, de la culture au sens le plus large du terme, c’est-à-dire des animations et des spectacles, des musées de France, un patrimoine exceptionnel qui nous vaut le label Ville d’Art et d’Histoire, de belles boutiques, de l’événementiel, de la gastronomie catalane et internationale… C’est une offre assez incroyable car Perpignan, malgré sa taille réduite, s’offre un train de vie de grande ville et se paye le luxe de le faire à l’année ! Les City Breaks (séjours courts) fonctionnent très bien, notamment avec la clientèle catalane et espagnole qui trouve ici tout ce qui fait le rayonnement de la France dans un espace qui lui ressemble. Les City Breaks ont été pensés afin de redynamiser l’image de la ville de Perpignan et lui donner davantage de visibilité. C’est aussi un moyen de contribuer à une meilleure répartition spatio-temporelle des flux touristiques, de redynamiser la ville les week-ends et d’allonger la saison estivale. Il est clair que la consommation touristique change et que l’heure est aux expériences brèves et intenses. Mais la ville a aussi développé un tourisme d’affaires qui s’appuie sur notre tissu économique et Perpignan devient une ville prisée pour les séminaires et les congrès car elle allie qualité des équipements, cadre unique et douceur du climat. Il reste de la marge de progression en termes de lits, Perpignan n’en a que 4 000, mais la dynamique est lancée. Il s’agit de gagner en notoriété en termes de rayonnement, bien sûr, mais aussi en termes de qualité d’image et en offre adaptée. Ce qui m’encourage, c’est la réaction des gens quand ils viennent pour la première fois. Nous n’avons pas toujours conscience de notre originalité entre deux espaces et de la beauté de notre environnement à deux pas de la mer, en bord de rivières, avec la silhouette du Canigou au-dessus de la plaine. Quelqu’un qui vient chez nous visite à la fois le sud de la France et la Catalogne. Nous avons souhaité le souligner avec une offre soutenue de visites guidées et thématiques proposées en plusieurs langues, et nous avons voulu qu’elles touchent à tous les aspects culturels, des plus ludiques comme la cuisine, le vin et l’artisanat aux plus pointus comme l’histoire, l’architecture, les musées. N’oublions pas non plus que nous avons des liaisons aériennes avec l’Europe du nord et Paris, et d’excellents réseaux ferroviaires et routiers. Nous avons des atouts incroyables et encore partiellement inexploités, c’est ce qui rend mon métier en tous points passionnant.

CC : D’autant que Perpignan est aussi la capitale de l’agglomération et que vous avez en charge la promotion touristique de l’ensemble…

MCB : De la métropole (Rires). C’est une petite métropole bien sûr, comparée à Toulouse ou Montpellier mais elle règne sur un territoire incroyable, 36 communes très hétérogènes, deux fleuves côtiers, de grandes stations balnéaires, des vignobles royaux, la tête dans les Pyrénées les pieds dans la mer. Cela nous a permis de décliner notre action en trois volets. Le côté ville, bien sûr, avec Perpignan et son alliance très particulière de taille humaine et de sens de la modernité. Le côté mer avec les deux grandes stations du Barcarès et de Canet, héritées du plan Racine et leurs petites sœurs de Torreilles et Sainte Marie, un paradis de plages douces, de paillotes, de lagunes, de villages côtiers, et de ports de plaisance et enfin, le côté terre avec un arrière-pays viticole et maraîcher qui regorge d’activités de pleine nature. Ces archipels bleus et verts sont reliés par un réseau dense de transports doux et desservis par des lignes de bus. Nous sommes ainsi une force de proposition en matière d’excursions et d’immersion dans la réalité locale avec des visites de caves particulières, des promenades dans les vergers et les jardins… D’autant qu’en appliquant la loi des cercles concentriques, nous restons un passage vers la haute montagne et surtout, vers le sud de la frontière.

CC : Vous pensez que cette dernière dimension, la dimension transfrontalière n’est pas assez exploitée ?

MCB : Je sais que c’est notre force. Quand nous réfléchissons à nos spécificités à l’aune de la grande région qui est maintenant la nôtre, elle saute aux yeux. Il suffit d’ouvrir grands les yeux et de mobiliser ses papilles, on comprend tout de suite qu’il s’agit d’un espace différent des autres. Un espace qui raconte une autre histoire. Celle de la Paix et Trêve à Toulouges, la mémoire vigneronne de Baixas, les croisements d’exils du camp de Rivesaltes, l’arc gothique des Rois de Majorque ou les tours de guet des Corbières par exemple. Ce sont toujours des histoires d’itinérances et de frontières. Ce sont ces chevauchements identitaires qui font de la métropole une sorte de pays de Cocagne, et de Perpignan la capitale de plusieurs mondes. C’est ce que nous voulons faire passer avec la destination Perpignan Méditerranée : une constellation d’émotions et d’expériences.         www.perpignantourisme.com

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