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Sant Feliu Sasserra

05 Oct Sant Feliu Sasserra

Clic-clac

Les collines du nord du Bages déroulent leurs bois touffus ocellés de grandes clairières en un crescendo de longues vagues vertes et ocres. Ce paysage sauvage et contrasté, plissé par les sillons des affluents du Ter et du Llobregat, assure la transition entre la riante plaine de Vic et les tout premiers piémonts pyrénéens. C’est là que se dresse, sur une butte, le joli village de Sant Feliu Sasserra, chargé d’histoire et de légendes, entouré de bois profonds et obscurs.

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Des panneaux nous avertissent dès l’entrée, ici ce fut une haute terre de sorcellerie et d’ésotérisme. La colline qui surmonte le village porte un nom éloquent de « serrat de les forques », soit crête des potences. C’est là que furent pendues au XVIIe siècle, les dernières sorcières catalanes. Le village consacre d’ailleurs un centre d’interprétation très documenté à cette époque mouvementée et marquée par l’obscurantisme. Nous remontons la rue principale, un ancien chemin rural, courbe et pentu.

Zoom

La mairie a élu domicile dans une magnifique demeure du XVIIe, l’ancienne maison du Conseil et Tribunal du Lluçanès. Elle présente une façade renaissance, remarquable d’équilibre et d’harmonie. La fenêtre centrale, entourée de colonnes, porte un entablement surmonté de deux allégories présentant les armes de la ville. Un peu plus loin, le beau portail de l’église paroissiale, à l’origine romane, mais joliment remaniée à l’époque gothique, mérite largement le détour.

Travelling arrière

Au Moyen-Age, le village était la capitale de la sous-viguerie du Lluçanés, aujourd’hui encore considérée comme une sous-comarca, tant son identité est marquée. A l’époque, une forteresse impressionnante, le castell de Sa Cirera, construit en forme de fer à cheval pour n’offrir aucun angle mort à l’ennemi, assurait la défense de ce petit territoire. Il ne subsiste aujourd’hui que les vestiges de la tour ronde, bâtie au XIe siècle, pour veiller sur les abords du village.

Flou artistique

Sur la place, en plein centre du village, se dresse une grande maison paysanne, à la fois frustre et cossue, berceau de Pere Almató, un dominicain parti au XIXe siècle christianiser les Philippines et le Vietnam, qui fut décapité dans le Tonkin, avant d’être béatifié par Pie X et canonisé par Jean-Paul II, il y a vingt ans. Sa chambre dénudée, une véritable cellule monastique, et son petit oratoire personnel sont aujourd’hui ouverts au public. Il fallait bien un saint à ce pays de sorciers !

Contrechamp

Un peu à l’extérieur du village, la chapelle de Sainte Madeleine est mentionnée dès 1288, mais le bâtiment actuel, de style baroque, date de 1762. Le portail se caractérise par un grand fronton triangulaire surmonté d’un petit oculus. Elle était autrefois flanquée de deux fenêtres aujourd’hui occultées. La façade chaulée est rehaussée à chaque angle de moellons de pierre taillée. En quittant ce village où se tutoient l’enfer et le ciel, on traverse une belle montagne, le Serrat Llobater, autrefois peuplée de loups.

 

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