01 Oct Sergi Lopez, un acteur de chair
C’est sans doute le plus doué de sa génération : doué pour la tendresse, le sexe, les larmes, les histoires d’amitié ou les personnages sur le fil. Catalan, européen, engagé. Portrait d’un acteur qui pourrait être votre meilleur ami.
Sergi López est né en 1965 à Vilanova i la Geltrú. Ce fils d’Andalou incarne à lui seul cette deuxième génération d’immigrés, catalane de cœur et profondément européenne. Après des cours de théâtre et de cirque en amateur suivis dès l‘adolescence, il décide de s’inscrire à Paris, à l’Ecole Internationale de Théâtre dirigée par Jacques Lecocq et ne tarde pas à se faire remarquer par Manuel Poirier. Une belle rencontre et l’amorce d’une filmographie : « La petite amie d’Antonio » (1992), « Western » (1996), « Te quiero » (2000), « Les femmes et les enfants d’abord » (2001), « La Maison » (2002)… Drôle, chaleureux, le beau gosse séduit les réalisatrices comme Marion Vernoux et Catherine Corsini, et s’offre à l’écran une liaison torride avec Nathalie Baye « une liaison pornographique », en 1999.
Parfaitement trilingue, il tourne aussi en castillan pour Miguel Albaladejo et en catalan pour Ventura Pons. La consécration arrive avec le thriller de Dominik Moll”Dominik Moll, “Harry, un ami qui vous veut du bien ” qui lui vaut le César du Meilleur acteur en 2001. Stephen Frears lui confie – en anglais cette fois – le rôle d’un trafiquant “Dirty pretty things”Dirty pretty things » (2003). A ce stade, tout le monde a compris que ce Catalan polymorphe sait tout faire. Il incarne un instituteur bienveillant dans “Les Mots bleus “, un aveugle follement vivant dans “Peindre ou faire l’amour » (2005), un terrible capitaine franquiste dans “Le Labyrinthe de Pan” de Guillermo Del Toro. Seul en scène en 2007 dans Non solum, un spectacle qu’il a co-écrit, il est en 2009 l’époux d’Alexandra Lamy dans “Ricky” de François Ozon et l’amant de Kristin Scott Thomas dans le sublime “Partir”de Catherine Corsini.
Bouillonnant de projets, l’acteur retrouve Manuel Poirier pour “Le Café du pont”(2010), François Ozon pour “Potiche”(2010) et Dominik Moll pour “Le Moine”(2011). Le Pain noir se déroule à nouveau en pleine Espagne franquiste. Dans “Dubaï Flamingo”(2012) il part à la recherche de Vanessa Paradis dans les sables orientaux, “Tango libre”(2012). En 2013 il tutoie le monde du cheval dans “Turf”, avant de retourner à la satire sociale avec « Le Beau Monde » en 2014.
Sergi López, que l’on devine jovial et tendre dans la vie, sait devenir inquiétant et sinistre, terrifiant même. Son jeu, terriblement physique et sensuel, fait de lui l’un des meilleurs acteurs du moment et l’un de ceux qui possèdent la filmographie la plus dense. Cet engagement total lui vaut d’illuminer la pellicule, de la charger de chair et de naturel. Cette absence de compromission est aussi un marqueur de sa vie citoyenne. Résolument engagé pour l’indépendance de la Catalogne, une Catalogne ouverte, multiculturelle, à mille lieues d’une option ethnique, Sergi Lopez ne manque pas une occasion de militer, d’expliquer. Et de prouver.
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