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Thuir, la cité qui crève l’écran !

03 Avr Thuir, la cité qui crève l’écran !

Thuir, capitale des Aspres, se décline en cinq lettres majuscules : BYRRH. Les Caves des Frères Violet en sont le fleuron, mais la cité a, ces dernières années, enrichi son alphabet culturel et patrimonial en un festival d’art de vivre. Fièrement catalane et diablement créative, Thuir ne cesse de surprendre. Visiter Thuir, c’est s’offrir une parenthèse hors du temps, une immersion dans une culture aussi vivante que vibrante.

Dans les Pyrénées-Orientales, aucune autre ville n’est du même tonneau ! Qu’on se le dise : Thuir est unique et le prouve tous les jours. Toujours et encore. D’accord, à Thuir, il y a l’iconique Byrrh et ce n’est certainement pas rien. Plus qu’une simple étiquette, Byrrh représente l’accent « tonique » d’un vin indissociable de la capitale des Aspres. Tonique jusqu’à plus soif, Thuir a toujours porté en elle ce « petit truc en plus ». Aujourd’hui, comme dans un film « romantico-pagnolesque », la ville des premiers contreforts du Canigó s’inscrit dans un je-ne-sais-quoi de tellurique… Une évidence pour ceux qui y vivent, une révélation pour ceux qui la traversent. Parce que oui, Thuir semble vibrer d’une énergie particulière, d’un flux spécial. Pas étonnant qu’elle soit passée de 4000 habitants en 1968 à presque 8500 aujourd’hui. Certes, Thuir n’est ni Delphes ni le Machu Picchu. Pas d’oracle antique identifié au cœur des Aspres. Pas de cité inca construite à l’intersection de lignes de force telluriques. Pas de phénomènes inexpliqués. Rien de tout ça, mais un patrimoine singulier et une atmosphère unique ! Côté patrimoine, la ville regorge de pépites, à commencer par sa « cellera ». Tuïr, en catalan, est en effet la seule ville du Roussillon dont le quartier médiéval a conservé son nom d’origine : « la Cellera », comprenez le Cellier.

Carrefour historique et culturel

Cette première enceinte sacrée, tracée autour de l’église, interdisait toute violence en son sein. Il s’agit là d’un plan circulaire typique de ces villages médiévaux catalans dans lesquels les maisons s’enroulent en cercles concentriques autour de l’église pour former un dédale de ruelles étroites et sinueuses : rue de la Cellera, rue de la Poissonnerie, rue Cassanyes, rue Pasteur. Aujourd’hui encore, en se promenant dans ces venelles pavées, il est impossible de ne pas ressentir cette atmosphère intimiste et chaleureuse, héritage d’une époque où la communauté vivait soudée autour de son clocher. Ici, un encorbellement, là une impasse au charme suranné. Un petit monde enchanté délicieusement emmêlé dans un dédale aux airs d’alcôves. La Cellera est plus qu’un quartier ancien. Elle est le cœur battant de la ville, un espace chargé d’histoire et de poésie, où chaque pierre murmure les récits des générations passées. Un voyage dans le temps, un retour aux origines, une invitation à redécouvrir l’essence même de la belle des Aspres. Pour continuer à faire le plein des sens, on se posera sur la place Péri, sous le platane de préférence, à côté de la fontaine en marbre rose. C’est ici que l’on se presse pour débusquer une petite table sur laquelle déguster les fondantes mini-rousquilles de la maison « La Boîte à Rousquilles ». C’est encore ici que l’on goûte aux merveilleux plateaux de la cave des « Goûteurs de Fromages ». On prend le temps de se rencontrer, de discuter, de savourer. Cette douceur de vivre se ressent à chaque coin de rue, sur les placettes ombragées et dans les sourires échangés. Thuir est résolument une ville à taille humaine, où l’on se sent vite « com a casa ». Par la magie d’une combinaison entre art de vivre et tradition, entre simplicité et chaleur. À Thuir, tout roule, tout coule. Une douceur de vivre allègrement alimentée par une ribambelle de petits commerces de proximité (on adore faire la queue à la boucherie Fred et Dany), de coquettes boutiques (on fond pour le concept store coiffeur-boutique Mystik), de jolis cafés (on craque pour la terrasse du Bistrot des Caves et le Café de France) et de tables gourmandes. Sur le boulevard Jean Grégory, Sébastien Ponramon alimente la vitrine de sa pâtisserie d’exquis délices sucrés. À deux pas, la Fleureuse chante au bonheur des bouquets panachés de saison. En écho à Madame Nature, divine échoppe de cosmétique bio.

Centre culturel et social

Thuir avance sans fard, sans tape à l’œil. Et s’il est une singularité supplémentaire qui crève la rétine, ce sont les sculptures qui jalonnent la cité, immobiles par nature, bavardes par culture. Sur le boulevard Leon-Jean Grégory, « La Sardane » et « la Cobla » de l’artiste Rosa Serra entonnent la catalanité en toute beauté. Plus haut, sur la Place de la République, les bronzes aux formes gracieuses de Marta Solsona ne sont autres que de sublimes éclats d’âme. « La Liseuse », « La Maternité » et « les Enfants rieurs » devant la mairie n’ont rien d’administratif. Simplement inspirés par de folles utopies d’un monde meilleur. À Thuir, les œuvres d’art en profusion font battre le cœur des rues. Comme autant de virgules dans l’alphabet d’une ville dont les lettres-phares sont irrémédiablement B.Y.R.R.H. Une bien belle comptine… L’histoire de Byrrh est en effet intimement liée à la mode, aux étoffes, aux couleurs. Les frères Violet, natifs de Corsavy et issus d’une famille de marchands ambulants, sillonnaient les Pyrénées-Orientales avec leur mule qui donna des signes de faiblesse à Thuir, ville qu’ils ne quitteront plus à partir de 1866. Simon Violet, un épicurien et grand connaisseur de vin, décida, après avoir monté avec son frère Palade une mercerie à Thuir, d’élaborer un apéritif aromatisé au quinquina. C’est la naissance d’une boisson tonique et hygiénique, un remède qui sera un temps vendu par les pharmaciens pour ses vertus quelque peu étonnantes. Un négoce de courte durée, car l’ordre des pharmaciens de Montpellier leur intente un procès. De médicament à boisson, ainsi commencera la grande aventure du Byrrh !

Croisement des passions

Cinq lettres empruntées au hasard à cinq coupons d’étoffes rangées sur une étagère. Aujourd’hui, les Caves Byrrh sont un symbole d’audace et de savoir-faire, elles racontent l’histoire des frères Violet qui, en 1873, ont eu l’idée révolutionnaire de marier vin doux et plantes aromatiques. Le succès est fulgurant et propulse le Byrrh sur les tables du monde entier. La visite de ces caves monumentales, qui abritent le plus grand foudre en chêne du monde, offre un voyage sensoriel à travers l’histoire industrielle et publicitaire de la France. Thuir n’a aujourd’hui plus besoin de publicité. On ne parle que d’elle, de son marché du samedi, de son food-hall, de son incroyable boutique-musée Titelles, de sa bouillonnante Maison de la Presse, du charcutier-traiteur multi-médaillé Thibaut Gonzalez… N’en jetez plus, il y en a encore ! Comment ne pas succomber au charme envoûtant du Parc de Palauda et de son festival Pelliculive, qui fête cette année son cinquième anniversaire ? Un combo parfait de musique, de cinéma et de gastronomie, initié par l’acteur François-Xavier Demaison, tombé amoureux de la cité thuirinoise. Patrick Bruel, Rosanna Arquette, Claude Lelouch, Gérard Lanvin, Gilles Goujon et tant d’autres célébrités ont trouvé dans cet écrin de beauté la scène parfaite. La cité du Byrrh n’a pas seulement la cote, elle explose de créativité et de dynamisme, grâce à son tout jeune festival d’art urbain, Ultraviolet, et à son nouveau skatepark de 3500 m², un espace incontournable pour les amateurs de glisse urbaine dans tout le sud de la France. Charmeuse et frondeuse à la fois, Thuir nous rappelle avec malice que ses habitants sont appelés les « reguinaïres ». En catalan, ce terme désigne ceux qui, comme les chevaux, ruent dans les brancards, ceux qui ne se laissent pas faire. Comprenez, ceux qui affichent un sacré caractère ! Ou un caractère entier.

 

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