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UNE IDENTITE MOSAÏQUE

04 Oct UNE IDENTITE MOSAÏQUE

Les pieds en Catalogne, un orteil en Occitanie, Perpignan Méditerranée Tourisme est un territoire aux multiples facettes qui laisse affleurer une surprenante unité, comme une identité secrète.

36 nuances de Catalogne vous attendent, un vitrail éclaté qui mord en soleil sur la Salanque, le Fenouillèdes, le Riberal, le Roussillon et l’Aspre, le regard planté dans la mer. La Communauté de communes de Perpignan regroupe 36 communes, des plus urbaines aux plus rurales, du bord de mer aux contreforts des Corbières et de l’Aspre, du bassin de la Têt à celui de l’Agly : un monde suspendu entre terre et mer dont les apparentes disparités font la force vive. Il faudrait s’armer de calques et de cartes correspondant à différentes époques, des Ibères à nos jours, pour faire apparaître les nervures secrètes de ce nouveau pays. En premier lieu, on trouve, dès l’Antiquité, la colonne vertébrale de la Via Domitia, ligne de vie de la côte et de ses villages intérieurs, les fleuves côtiers, incomparables axes de pénétration de l’arrière-pays, l’ancienne frontière qui explique l’identité si spécifique du Fenouillèdes. Puis, à l’époque féodale, le dessin tourmenté des comtés et vicomtés, des commanderies et des abbayes, et enfin, les clivages administratifs français intervenus à la Révolution. Il faudrait ensuite se souvenir de la géographie. Des Corbières encore boisées, des étendues insalubres d’étangs infestés de moustiques et de sangsues qui séparaient les villages du littoral des cabanes de pêcheurs blotties sur les plages ou les berges des étangs. Des marais qui empêchaient toute agriculture autour de Nyls, Villeneuve-de-la-Raho ou Ponteilla, patiemment asséchés par les canaux souterrains des Chevaliers du Temple. Rendre à « Las Canals », l’incroyable ouvrage d’irrigation, construit au XVe siècle qui détourna l’eau de la Têt pour l’amener au Palais des Rois de Majorque, ses lettres de noblesse de rivière sans source devenue source de vie. Ces deux éclairages, croisés avec les activités têtues des hommes sur ces terres qu’il faut imaginer hérissées de moulins, ces cours d’eau qui étaient bordés de tanneries et de draperies, la mantille brillante des mille et un canaux d’irrigation qui ont fait la richesse de la plaine du Roussillon, et la transformation radicale due au Plan Racine, donnent une tout autre cartographie. Bienvenue au cœur d’un territoire qui se conjugue entre terre et mer, entre métropoles et hameaux, qui fait le pari de l’ancrage paysan et de la foi en la nature pour offrir aux visiteurs une nouvelle destination. Le miracle commence avec Perpignan, la flamboyante capitale aux multiples mémoires, qui étend les bras sur la plaine du Roussillon, plantée de vignes, coiffée du vert persistant des jardins de Saint Jacques. Au nord, là où le muscat dore son miel profond, Rivesaltes rêve à la gloire de Joffre, Peyrestortes écoute les échos de la bataille de jadis portés par le vent, Baixas contemple la richesse proverbiale de son retable, Calce veille sur la blessure de sa montagne de marbre.

Vallée des aigles

La douceur des collines évoque la campagne romaine et les pins se disputent le calcaire des pierres. Plus au nord, de l’autre côté du fleuve des aigles, l’Agly, commence un autre monde veillé par l’austérité minérale des Corbières, la silhouette du vieux château d’Opoul, et l’ancienne frontière qui séparait autrefois le royaume d’Aragon de la France. Ici, le catalan éclaire ses voyelles et transforme son « U ». La terre saigne un sang précieux, dense, arraché au schiste. Il fait la gloire et la fortune de Montner sur les flancs de Força Real, d’Estagel la patrie du grand Arago, de Pézilla et sa circulade de remparts, de Cases-de-Pène avec son bel ermitage perché ou de Cassagnes et son château de Cuxous. À Tautavel, il y a plus de 500 000 ans, un des premiers européens buvait déjà l’eau des gorges du Gouleyrous ! Au sud coule l’autre fleuve, la Têt, couchée dans un damier de vergers et de maraîchages, qui égrène ses jolis villages. Saint Estève cache son église romane au cœur de ses nouveaux quartiers, Toulouges célèbre sa paix et trêve, Villeneuve-La-Rivière se souvient de Pierre Garcia-Fons, son peintre fétiche, Le Soler rêve son avenir en images avec l’Idem, Baho cultive sa catalanité, et Saint Feliu d’Avall se blottit autour de son église Saint Félix.

Vers les Aspres

Un monde profondément rural, encore, attaché à ses produits et à ses traditions. Vers les Aspres, la vigne reprend ses droits, exactement là où s’étendaient autrefois les marécages. Canohès offre sa sublime église romane, Ponteilla dresse fièrement ses deux clochers que Llupia contemple de loin, le petit cimetière de Nyls, presque une peinture naïve, montre la route de Pollestres, le centre de ce petit monde avec ses belles demeures de cayrou. De l’autre côté de la nationale et de l’autoroute, Villeneuve-de-la-Raho a renoué avec son passé de bien jolie façon, avec son lac cerclé de vert et son charme de vieux village vigneron. Côté mer, il y a d’abord les pays d’étang ou de fin d’étang, qui appartiennent encore – si peu – à la terre. C’est le cas de Saint Nazaire qui se mire dans l’étang de Canet, de Saleilles, dont le nom parle encore de mer ou de Cabestany, le bout de l’étang où travailla le plus grand artiste roman de tous les temps. Plus au nord, la Salanque égrène ses merveilles, ses champs d’artichauts, ses mas bordés de pins, et de jolis villages de cœur de terre comme Villelongue et Saint Laurent ou encore Saint Hippolyte et son château de galets.

Mer Radieuse

Et puis, ce pays de Perpignan se frange de mer et de large, en mode majeur et mineur pour des modulations grisantes. En mineur, Torreilles et Sainte Marie ont tourné leurs regards vers les dunes et les cabanes de pêcheur d’autrefois pour devenir des stations deux en un, à la fois rurales et balnéaires, bourrées de charme. En majeur, le Plan Racine a donné naissance à deux stations ultramodernes, plaisancières, novatrices, résolument tournées vers les loisirs, le Barcarès et Canet, cette dernière adossée à un village médiéval qui domine la plaine. Et par-dessus tout ça, pour relier ces archipels d’authenticité, un treillis de voies vertes, de voies cyclables, de transports en commun, qui sont le ciment de ces mille et un éclats et font de Perpignan Méditerranée Métropole un trencadís dont on ne perçoit l’unité profonde que dans l’éclatement.

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