07 Déc Vall de Ribes, un hiver royal
Patrimoine roman magnifique, nature vierge, station de ski du troisième type, rites immémoriaux, La Vall de Ribes, c’est la destination d’hiver qui vous manquait !
La Vall de Ribes annonce la couleur, elle se proclame « pays de comtes et d’abbés » ! Et c’est vrai, Guifred le Velu, père de la nation catalane, n’a eu que quelques cols à franchir pour arriver sur ces terres du Ripollès qui tutoient la Garrotxa et la Cerdagne ! Vrai aussi qu’ici, la religion a sculpté les paysages aussi fortement que la géologie et le sillon profond des rivières. Le cirque naturel, grandiose, se décline en quelques beaux villages et un sanctuaire. C’est petit, certes, mais il se dégage de ces vallées une telle force, que vous en serez à jamais habité.
Une longue histoire
Ces montagnes étaient peuplées dès les balbutiements de l’humanité comme en attestent les grottes des coves de Ribes et la présence de gravures, d’instruments et d’outils de pierre, de corne ou de bois. Un peu partout, ont été également retrouvés, comme dans toutes les Pyrénées, des restes de peuplements et monnaies ibères. Au Moyen-Age la création par l’abbé Oliba des grandes abbayes que sont Sant Joan de les Abadesses et Santa Maria de Ripoll, a fait de ces terres écartées des points de passage, des fiefs féodaux déclinés en hameaux paysans. Elles formaient alors le comté du Ripollès et firent même partie de l’éphémère Royaume de Majorque !
Six villages et un sanctuaire
Aujourd’hui, six villages se partagent ce territoire de montagne, ourlé de sombres forêts de sapins et de crêtes dénudées, strié de torrents tumultueux, qui a su demeurer sauvage tout en attirant un tourisme haut de gamme dont le gros contingent est composé de Barcelonais détenteurs de résidences secondaires, et d’amoureux du ski et des paysages vierges. Ce territoire chargé d’histoire, nous allons le parcourir ensemble d’un village à l’autre. L’hiver, souvent rigoureux, sied à ces architectures à la simplicité trompeuse.
Campelles et Pardines
Entre la vallée du Freser et la serra de la Llacuna se niche le joli village de Campelles. Il abrite la station thermale de Montagut, très fréquentée au début du siècle, dont les eaux, connues depuis l’antiquité, ont été déclarées d’utilité publique en 1859 ! Et bien sûr, trois églises romanes, pas moins. Un peu plus loin, Pardines vous attend au nord du Segadell. La nature y semble un peu plus clémente comme l’indique l’étymologie du nom qui désigne les petits murs de pierre sèche qui déterminaient les terrasses de culture. Le puits de glace situé au lieu-dit « estany d’en Roca », une construction cylindrique profonde de 5 à 7 m, mérite votre visite. Faut-il le dire, le roman a laissé son empreinte sur la petite église.
Planoles et Ribes
Planoles est inratable : Le village se situe à la fois sur la voie de communication Barcelone/Puigcerdà, axe majeur des sports d’hiver, et la voie ferrée qui relie Toulouse à Barcelone. Son monument le plus inattendu est la reproduction monumentale d’une monnaie ibère trouvée sur place représentant un cavalier. Si une telle appellation ne paraissait pas incongrue dans ce mouchoir de poche, nous dirions que Ribes de Freser est la capitale de ce petit monde. Des fortifications en ruine témoignent de son importance stratégique d’autrefois : restes du château, tour en ruine d’un second, détruit lors des guerres avec Majorque, reconstruit au XVIIe, détruit encore par les armées de Napoléon : malgré leur relatif éloignement, l’histoire n’a pas épargné la sérénité des hautes vallées.
Des vallées industrielles
Et pourtant, la nouvelle église – l’ancienne a été détruite en 1936 – règne sur les restes d’une vraie prospérité industrielle due aux usines de papier, puis aux usines textiles, aux forges catalanes, aux sources minérales, et enfin aux usines hydrauliques. On trouve même des colonies, ces cités ouvrières inspirées des villes minières britanniques. Dans les hameaux alentour, le roman reprend ses droits, décliné en clochers lombards et nefs aux rares ouvertures comme à Bruguera ou Ventolà. Le Museu del Pastor, un charmant écomusée consacré à la vie pastorale d’antan avec ses outils agricoles, ses instruments, et même sa pharmacopée, vous plongera dans cette vie laborieuse rythmée par les saisons et les besoins du bétail ovin.
Queralbs centre touristique
Le vrai joyau patrimonial de cette haute vallée pastorale secouée par les vents de l’histoire et du progrès, c’est Queralbs. Une petite ville médiévale quasiment intacte avec ses ruelles, ses toits d’ardoise, ses maisons de pierre qui font la part belle au bois, mentionnée dès 839. Deux églises magnifiques, Sant Jaume avec sa galerie inachevée et Sant Sadurni avec ses couverts typiquement pyrénéens, couronnent la beauté architecturale de l’ensemble. Pourtant, ici plus qu’ailleurs, ont soufflé les vents de la modernité qui ont apporté au village cinq centrales hydroélectriques et une prospérité inattendue. Aujourd’hui, Queralbs est le point de passage obligé vers le sanctuaire deNúria, auquel le relie sur 12,5 km, un train en crémaillère. Une véritable manne touristique ! Et ce n’est pas tout, Queralbs est la base arrière de la station de ski de la vallée, Vall de Núria. Une station vraiment pas comme les autres, loin, très loin, des voies de communication.
Un train à crémaillère
Que vous alliez au monastère ou à la station de ski, le must c’est le train à crémaillère. Accrochez-vous, le paysage traversé est certainement l’un des plus beaux que vous ayez jamais vus. Un paysage de montagne vertigineux qui décline en camaïeu le gris des à-pics, celui plus foncé des éboulis, celui de l’eau bouillonnante en contrebas, frangée de blanc laiteux. Les sapins, parfois suspendus dans des postures acrobatiques, font concurrence aux isards. Le train, lui aussi, semble suspendu tant le dénivelé est raide.
D’un monde à l’autre
Çà et là, la queue de comète d’une cascade dentelle une falaise. Tout semble vierge de la main de l’homme. Plus qu’un trajet, c’est un voyage, comme si l’on passait littéralement d’un monde à l’autre. C’est ce que doivent ressentir les pèlerins assis dans le wagon, qui ne viennent pas, eux, pour les sports d’hiver mais pour le sanctuaire. L’arrivée sur le miroir placide du lac est tout simplement somptueuse.
Un lac d’altitude
C’est sûr, Vall de Núria n’est pas une station comme les autres. Elle est gérée par les Chemins de Fer Catalans ! Son site, cerclé de hautes montagnes, perlé de lacs, brodé de forêts de sapins, est unique. Juste derrière la montagne, au nord, se trouve la Cerdagne française, avec les villages d’Err et de Llo. Au-dessus du lac, le vol ininterrompu des rapaces dessine des arabesques que reflètent les eaux. Si vous n’aimez pas skier, vous aurez mille choses à contempler !
Un univers silencieux
Le silence va vous surprendre : aucun véhicule motorisé ne peut accéder à Vall de Núria. Ici on croise des gens, et en grand nombre, mais pas de voitures. Au début, l’impression est étrange, mais très vite, le confort est infini. La neige est propre, seulement foulée par les pas et les marques des bâtons de ski. Que la montagne est belle, telle qu’elle a dû être des siècles durant !
Une vraie station
Rien à voir avec le tohu-bohu des autres stations. Pourtant, Vall de Nuria a tout d’une grande. A commencer par 11 pistes de ski qui permettent tous les plaisirs : 3 vertes, deux bleues, trois rouges et trois noires. Les dénivelés vont de 100 à 300 m. De quoi s’amuser quel que soit votre niveau ! Si vous voulez varier les plaisirs, vous disposez aussi de trois pistes de traîneaux, d’un snowpark, d’un border cross, histoire de vous faire quelques belles émotions.
Paradis des familles
L’école de ski accueille les plus petits. Familiale dans l’âme, la petite station dispose aussi d’un parc ludique qui ravira vos rejetons et bien sûr d’un circuit de raquettes. Avant le ski, le site était déjà l’un des phares de la tradition de la randonnée en Catalogne. En tout, 7,6 km skiables vous attendent. Pour vous transporter en haut des pentes, un téléski, deux remonte-pentes et même une télécabine ! De quoi ne pas s’économiser et dévaler de bon cœur.
Des vues sublimes
En haut du Pic de l’Àliga, soit à 3 000 m, une récompense de taille vous attend : une auberge-refuge, véritable mirador au-dessus de la vallée. Attention les yeux ! Le paysage en contrebas, panoramique sur les chaînes qui entourent la vallée, offre au regard une mer dont les pics sont la crête des vagues, énormes. Une splendeur !
Suréquipée
Vous pouvez choisir de loger à Queralbs, mais la station est bien pourvue en structures hôtelières. Allier l’absence de véhicules au silence ouaté de la neige, c’est l’assurance d’un sommeil exceptionnellement calme. Testez-le ! D’ailleurs, pas d’inquiétude, dans le cas où la neige se ferait attendre sur ce versant sud des Pyrénées, 88 canons à neige sont prêts à assurer l’intérim.
Gastronomique
La station, qui décidément, a tout prévu pour votre plus grand plaisir, aligne cinq restaurants qui vous permettront de déguster des grillades, des fondues, et aussi cette excellente cuisine montagnarde que partagent la Cerdagne et le Ripollès, faite de viandes en sauce avec des champignons, de charcuterie, de pommes de terre et de choux, parfois de gibier.
Bien plus que le ski
Vall de Núria est beaucoup plus qu’une station de ski : une leçon de vivre ensemble, une leçon de développement durable, la possibilité d’un retour à la nature unique et bienvenu. Un endroit magnifique qui capture l’hiver dans ce qu’il a de plus précieux : la quête de convivialité. Vous y trouverez un supplément d’âme qui vous surprendra.
Entre modernité des sports d’hiver et éternité du patrimoine roman, entre cultures pastorales et avancées industrielles, ce pays suspendu a toujours su tirer parti de ses eaux, de ses terres, de son sous-sol et de son amour du travail bien fait, les pieds bien ancrés dans cette terre rude mais nourricière, si souvent disputée. La Vall de Ribes a du tempérament, elle ne s’en laisse pas conter, et elle ne s’offre pas au premier venu. Son histoire parle pour elle. Laissez-vous guider par ses contes et ses abbés, vous serez conquis !
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