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VIC, L’ART DE SE SENTIR BIEN

30 Juil VIC, L’ART DE SE SENTIR BIEN

À une heure de Barcelone et une heure aussi de la frontière, au cœur d’une belle plaine fertile et verdoyante, s’élève la capitale de l’Osona, Vic. Une ville à taille humaine, douce à vivre, qui multiplie les atouts et les attraits, alliant tranquillité et offre plurielle avec un rare brio.

Vic n’a pas pour ambition d’accueillir des touristes, mais des voyageurs. Elle n’a pas vocation à alimenter mais à offrir des dégustations. Elle mise sur la curiosité, l’envie d’authenticité et de rupture, à la fois avec la grande ville et avec la vie trépidante et artificielle des zones côtières. Elle parie sur la contemplation tranquille, plutôt que sur l’injonction à visiter. Une « slow city » moderne dans laquelle on se sent bien. Et ça marche ! Vic n’a pas son pareil pour prendre ses visiteurs par la main, l’air de rien, juste pour leur offrir une pause inoubliable.

Une ville vivante

Le centre historique propose à partir de la grande place carrée, qui est l’épicentre de la sociabilité locale, une promenade fléchée, le moyen le plus simple et le plus ludique de ne rien rater ! En 2 000 ans d’histoire, Vic s’est dotée de véritables merveilles, à commencer par un étrange temple romain qui, transformé au fil des siècles, servit de château aux seigneurs du lieu, la lignée des Montcada. Les maisons, resserrées sur des rues étroites héritées du plan médiéval, constituent un véritable catalogue de styles et d’époques : églises et demeures baroques, palais épiscopal, maisons modernistes aux délicats décors de gypse et de céramique, chapelles dissimulées derrière un simple portail. Dans une telle diversité, l’œil est à la fête !

Crénaux de renom

Une mention spéciale aux remparts gothiques bâtis sous le règne de Pere III et au charmant pont médiéval de style roman, le pont de Queralt, qui domine le bief d’anciennes tanneries construites en bois dont l’ossature a survécu aux ans. Un peuple de canards colverts niche dans les roseaux, là où la retenue crée une petite cascade. L’esprit catalan étant ce qu’il est, le parapet a été mis à profit : un dossier le surplombe qui dote d’un long, très long banc, la promenade arborée qui accompagne le cours de la petite rivière. Le long de ce périple, d’innombrables restaurants et des boutiques parfois surprenantes comme une maroquinerie artisanale – l’industrie de la peau est la plus traditionnelle de Vic – ou un traiteur spécialisé dans les salades et plats composés à base de morue exclusivement. Partout, les gens circulent dans une joyeuse déambulation. Vic est terriblement vivante ! Et intrinsèquement commerçante. On y trouve, à côté de petits magasins – qui n’ont pas l’air de connaître la crise si on en juge par la beauté des vitrines et par l’affluence – toutes les enseignes nationales et internationales, des joailleries, des boutiques d’artisanat d’art, des librairies. L’ensemble garantit un shopping fructueux dans une atmosphère inimitable de petite capitale.

Artistique et conviviale

De toute éternité, Vic a drainé les activités de tous les alentours. La grande place, bordée de maisons magnifiques et de terrasses de café, possède un terre-plein central qui porte bien son nom puisqu’il n’est ni pavé, ni carrelé, une très belle place carrée, très ibérique, qui est un peu la marque de fabrique de la ville. C’est ici que se tient le marché, chaque mardi et chaque samedi. Un marché documenté dès le XIe siècle, alliant produits du terroir, artisanat et volailles. Foires et marchés ont d’ailleurs fait la réputation de Vic, comme celui des Rameaux ou le Marché Médiéval, connus dans toute la Catalogne. La cathédrale à nef unique, possède un cloître gothique aussi épuré que beau ainsi qu’ un clocher roman, le plus haut du pays.

Romane

Les murs sont entièrement occupés par les peintures de Josep Maria Sert (1874-1945), digne héritier des grands décorateurs de la Renaissance et de l’époque baroque. Des fresques incroyables qui en appellent à la photographie et dans lesquelles dominent la teinte sépia et des dorés un peu éteints. Une vraie splendeur qui n’est pas l’apanage de la cathédrale puisque « Les Quatre Saisons » de l’artiste sont exposées à la mairie tandis que dans la salle d’ « El sucre », siège du Consell Comarcal, sont montrées des copies du décor réalisé pour la salle à manger de l‘hôtel Waldorf Astoria de New York. La chapelle de la Piété accueille aussi quelques œuvres du grand peintre, récemment restituées par le Musée National d’Art de Catalogne.

Traditionnelle et universitaire

Cette dernière est temporairement l’écrin des personnages du bestiaire de la ville : l’aigle à deux têtes, la mule, les géants, les petits géants, les grosses têtes, le Merma, la Vieille et le Petit (appelées ici caps de llupia). Tous participent à la Festa Major de la ville, le 5 juillet, et déambulent dans les rues au son des gralles. Une fête populaire, ancrée dans les siècles, à partager sans modération pour sentir battre le cœur de la cité et goûter son sens inné de la fête. Tout près, les rues se resserrent autour de placettes : c’est le call, l’ancien quartier juif. Se promener dans Vic, au-delà des beautés architecturales, c’est être interpellé par la présence de très nombreux jeunes, assis sur les marches des églises, sur les bancs ou en terrasse. Il faut dire que Vic a toujours été une ville universitaire, accueillant successivement l’Ecole de la cathédrale médiévale, l’Université des Lettres puis le séminaire tridentin. Elle a su le rester. Vic est aujourd’hui spécialisée dans des cursus de professionnalisation autour de la musique et du théâtre et accueille, tout au long de l’année, nombre de manifestations culturelles.

Des musées et de la musique

Toute une série de visites thématiques reste possible en dehors de l’itinéraire générique et peut s’accompagner d’un audio guide. Des circuits littéraires autour des grandes plumes du cru comme Jaume Balmes ou Jacint Verdaguer, un jeu de pistes autour du manuscrit perdu de l’évêque Oliba, ou encore Vic Invisible, un éclairage unique via votre mobile. Génial ! Impossible de ne pas visiter le Musée épiscopal, histoire d’admirer sa belle architecture contemporaine et ses 29 000 pièces. Il s’agit en effet de l’un des principaux musées médiévaux du monde, notamment pour sa collection d’œuvres romanes et gothiques et ses objets liturgiques. Un véritable petit MNAC qui vous coupera le souffle.

Paix religieuse

D’autant qu’une belle leçon d’histoire vous y attend sur les pas de l’abbé Oliba (ici, l’Evêque Oliba), pour une plongée virtuelle aux alentours de l’an mil quand l’intéressé, fils de la maison de Barcelone, bâtissait les abbayes catalanes les plus célèbres et inventait la Paix et Trêve de Dieu. Dans le panier de la belle Vic, un musée de l’art du cuir, le musée de l’ordre religieux clarétien, le musée Jaume Balmes. C’est en septembre que Vic se peuple de musique pour une nouvelle édition de son marché international de musique vivante, un must ! Concerts dans la ville, monuments, théâtres et bars de nuit, présentations de disques, rencontres avec des musiciens de tous horizons dans une atmosphère festivalière particulièrement chaleureuse enchanteront votre fin d’été… à condition de trouver une chambre d’hôtel car la ville est prise d’assaut ! Le reste du temps, si les terrasses de Vic sont aussi peuplées, c’est qu’à Vic il fait bon manger ! La gastronomie, assise sur des produits de terroir goûteux, est centrée sur un produit phare : le porc ! à ne rater sous aucun prétexte, la llonganissa, une saucisse faite exclusivement de morceaux nobles, de sel et de poivre, séchée naturellement au bon air de la région.

Vic vous fait changer d’air

Vous la verrez un peu partout, roulée dans un papier sulfurisé blanc et accrochée par des esses aux grilles des vitrines et des devantures. C’est que la belle a pignon sur rue ! Cette merveille gustative possède même un label AOC ! La ville a su par ailleurs diversifier son offre culinaire avec une gamme de tables frappées au sceau de l’excellence, des plus simples aux plus sophistiquées, dont la réputation dépasse très largement la région de Vic ! Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, le dernier atout maître de cette jolie ville à taille humaine, ce sont ses alentours. Une campagne verdoyante, idéale pour prendre le VTT le long de onze itinéraires, balisés et signalés, de difficultés et longueurs différentes. On peut aussi enfiler de bonnes chaussures de marche, pour se rendre de Vic à Sant Pere Casseres, en suivant le Chemin Oliba, qui va de Montserrat au col d’Ares, le Chemin Royal qui unit la capitale de l’Osona à celle de la Garrotxa, Olot, ou encore un des chemins de Saint Jacques. Les paysages sont doux, les collines doucement renflées appellent les baisers du vent. Il n’est pas rare de voir flotter dans l’air des ballons qui sont autant de miradors itinérants offrant mille vues contrastées sur cette terre fertile et boisée. L’anneau vert qui encercle la ville est de toute beauté. Vic impose son rythme tranquille, la beauté de ses paysages, et une sensation de confort presque familiale qui abolit le stress, donne envie de rester et surtout, de revenir.

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