Vivre la Via Augusta

01 Août Vivre la Via Augusta

Et si vous mettiez pieds, roues ou sabots dans les pas exacts des romains ? Rien de plus facile car la via Augusta voir confluer tous les chemins qui mènent à Rome. À travers la Catalogne, bien sûr….
L’Europe a inscrit la Via Augusta dans son itinéraire des Voies Romaines en Méditerranée, ce qui a généré un travail de balisage précis et didactique. L’aventure vous attend, des forêts de la Garrotxa aux rochers de la baie de Roses, de Gérone à Tarragone. Une autre façon de découvrir la Catalogne.

Déjà une frontière…

Tout commence derrière le Perthus, au Col de Panissars, avec le Trophée de Pompée qui marque justement la frontière entre la province narbonnaise et l’Hispanie, dans un magnifique paysage de chênes verts et de rocaille. Ensuite, la voie traçait vers la plaine de l’Empordà et dessinait une croix. Une branche partait alors vers l’ouest et l’actuelle Garrotxa pour rejoindre les Pyrénées.

Plus forte que les volcans

Vous pouvez la suivre en allant jusqu’à Olot, puis, sur la route de Camprodon. Là, en pleine forêt, vous attendent plusieurs kilomètres de voie romaine totalement intacte : c’est la chaussée de Capsacosta, miraculeusement épargnée par les tremblements de terre dus aux éruptions volcaniques et notamment, au séisme de 1409 qui avait totalement détruit la région. Moment hors du temps garanti dans un paysage grandiose.

Port de légende

L’autre branche part vers l’est, droit sur la mer et le Cap de Creus. On en trouve des traces à Roses, ancien comptoir grec réutilisé par les Romains et bien sûr à Empúries, le port le plus puissant de la côte, essentiel dans le dispositif de développement mis en place par le nouveau colon. Il ne reste pas grand-chose à voir, quelques dalles, mais c’est l’occasion de visiter ou revisiter les ruines de la cité romaine en en percevant toute la modernité.

Gerunda l’Ibère

Le tronçon principal de la Via Augusta continue sur Gérone, la Gerunda romaine. Lors des excavations nécessaires à l’installation de la ligne TGV, des tronçons entiers ont été retrouvés à quelques mètres à peine au-dessous de la surface. Le musée de Gérone conserve trois pierres milliaires en parfait état. C’est l’occasion de découvrir le passé antique assez méconnu de Gérone et de prendre la mesure de l’empreinte qu’y ont laissé les Ibères.

Le textile pour destin

En chemin vers Barcelone, la Barcino des Romains, la Via Augusta traverse de part en part Sabadell, un fait méconnu jusqu’aux inondations de 1962 qui ont mis à jour un vaste tronçon de voie quasiment intact. Dans la foulée, en 1999, des fouilles ont été entreprises sur le chemin de Caldes, au bord du Ripoll. Bingo ! Encore un tronçon de voie. On sait aujourd’hui que les Romains travaillaient le lin dans les villas dont on a retrouvé la trace. Le destin de Sabadell était donc scellé dix-huit siècles avant l’industrialisation !

Déjà cité balnéaire

Etrangement, la Via Augusta décrit un petit coude pour aller jusqu’à Cambrils : là aussi, la voie est authentifiée par une borne parfaitement conservée. Une villa romaine magnifique, possédant thermes et nécropole y a été découverte. Les fresques murales, les sols en céramique et les objets de statuaire retrouvés, vous enchanteront tout autant que le musée, situé dans un ancien moulin à eau.

Un pont de légende

Préparez-vous à une belle émotion en approchant Barcelone. Un pont romain enjambe le Llobregat à Martorell. Même s’il a été restauré et remanié à l’époque gothique, et si la guerre civile de 36 ne l’a pas épargné, il a traversé les siècles, encore flanqué de son arc de triomphe. Pour les Romains, pas question de recourir à des bacs ou à des ponts de bois pour les autoroutes de l’empire !

Pas encore Barcelone

Dans Barcelone, les traces sont éparses, mais sachez qu’à 5 m au-dessous de vous, la voie est intacte, car son tracé traverse des propriétés privées, ce qui lui a permis d’échapper aux grands travaux publics. Elle passe sous le quartier gothique, notamment sous le Palau Sant Jaume et sous le marché de la Boqueria. Si vous visitez le musée diocésain, juste à côté de la cathédrale, vous pourrez admirer, au cœur des fondations, quelques mètres de voie.

Un arc en majesté

Comme la route actuelle, la Via Augusta rallie ensuite El Vendrell, la patrie de Pau Casals. Là, vous pourrez vous promener carrément sur la vieille route comme l’ont fait tant et tant de voyageurs avant vous, un tronçon a été aménagé à cet effet. A proximité, vous passerez sous l’arc de Bera, lequel se trouvait près d’un ancien relais. Il a été construit pour marquer les limites territoriales entre les tribus locales.

Capitale absolue

Enfin, vous approchez de la capitale de la province, la magnifique Tarragone, la plus forte concentration au monde de monuments romains en dehors de Rome. L’aqueduc, haut de 27 m et long de 210, totalement intact, est très impressionnant. Là, ne manquez pas de faire comme la Via Augusta. Marquez le pas. Vous avez atteint une vraie destination. La Tarraco romaine est là, sous vos yeux, dans cette ville étrange où les siècles semblent s’interpeller d’une maison à l’autre.

Dernier regard

Et si vous repartez vers le sud, sachez que sur la butte d’El Perelló, juste avant le Pays Valencien, s’élève un petit ermitage, Sant Cristòfol. Près du pont du barrage des Garidells, un tronçon de plusieurs kilomètres vous attend. Il ne vous fera pas regretter le chemin parcouru, c’est sans doute le plus intéressant car il comporte des canalisations destinées à drainer l’eau de la voie.

Arrivés là, vous aurez parcouru 300 km dans les pas de nos lointains ancêtres et contemplé avec le même émerveillement la variété des paysages traversés. La Via Augusta a encore de quoi raconter la légende des siècles…