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Banyoles, l’eau à fleur de peau

04 Oct Banyoles, l’eau à fleur de peau

Le plus grand lac de Catalogne, c’est par ici ! Grâce à « l’estany », la ville de Banyoles marche sur l’eau. Éclaboussée par la beauté des cabanes de pêcheurs, irriguée en son cœur par des canaux, Banyoles n’est qu’oxygène, patrimoine et dépaysement. Une vraie révélation !

Banyoles, la Rolls du bien vivre ! Avec ses 20000 habitants, cette cité de la province de Girona, située à une soixantaine de kilomètres de la France, n’a pourtant rien de pétaradant. Banyoles, c’est même tout l’inverse : la tranquillité et la douceur de vivre. Toute en rondeur, Banyoles sonne rond en bouche. D’un B qui, déjà au IXe siècle, berçait Balneolas, dérivé du latin balneum, le bain. L’eau qui toujours appelle le « Oh » ! L’eau qui irrigue les visages des habitants comme Rosa qui, fièrement, rappelle que Banyoles a été désignée en 2011 comme la ville où il faisait le mieux vivre ! Première sur le podium des villes catalanes pour la meilleure qualité de vie, selon la Revue d’Économie Appliquée de l’Université d’Oviedo. Un palmarès qui prend en compte la qualité des services sociaux, l’habitat, l’environnement, le marché du travail, la santé, la culture, les loisirs, l’éducation et la sécurité. Comme pour bien souligner qu’à Banyoles tout roule, tout baigne. Et comme par hasard, à mi-chemin entre la Costa Brava et la chaîne des Pyrénées, les Dieux sont venus déposer le plus grand lac naturel de Catalogne. Alors forcément la boucle est bouclée et on savoure cet espace karstique reconnu au niveau international par une multitude de programmes de préservation de l’environnement. Avec ses 750 mètres de berges sur une longueur de 2 150 m, le lac de Banyoles fait office de bijou. De bleu et de vert, les eaux du lac viennent caresser la rive surplombée de majestueux arbres sous lesquels la promenade ne connaît pas de saison. Ici, le panache des roseaux à fleur de miroir. Là, un lit de nénuphars étoilés. Et l’œil de s’arrêter, comme paralysé par une étrange parure de cabanes flottantes. On n’en compte pas moins de vingt, disséminées sur la rive Est. Lumineuses de beauté, ce sont les « pesqueres », les perles emblématiques de ce lac pas comme les autres. Des cabanes de pêcheurs construites à la fin du XIXe siècle comme autant de plateformes insolites à cheval entre la terre et l’eau. De 15 à 160 m2, ces constructions lacustres servaient de refuge aux pêcheurs. Selon le statut social de leurs propriétaires, certaines

« pesqueres » affichent l’élégance de la simplicité, quand d’autres brillent d’une architecture ponctuée de délicieux ornements néo-classiques ou de style éclectique.

Cité atypique et olympique !

Simplement immaculées ou délicatement colorées, ces habitations quasi oniriques sont depuis 1997 classées comme bien culturel d’intérêt national. Si la plupart sont des concessions privées et non accessibles au public, rien n’empêche de les approcher, de passer la tête à travers de jolies grilles qui souvent donnent sur de coquets jardinets fleuris. Une halte à la « pesquera numéro 10 » s’impose : la seule toujours ouverte au public, car c’est ici que l’Office du Tourisme de Banyoles s’est installé ! Une merveille que les agents d’accueil ne se lassent pas de conter…Sur toute la rive, la magie opère. Entre ponts et passerelles, des terrasses flottantes viennent offrir leur café avec vue aux promeneurs. Une expérience du temps suspendu que seul vient troubler le bruit des rames des avirons. Pas étonnant que les sportifs du secteur ressentent avec autant de puissance l’appel de l’eau. Encore moins étonnant que le lac de Banyoles ait accueilli les épreuves d’aviron lors des Jeux Olympiques de Barcelone en 1992. Un lac gagnant qui en 2004 se transformait encore en berceau du championnat du monde d’aviron.

La grande muraille est ici !

En 2008 et 2009, c’était au tour du Championnat d’Espagne de canoë-kayak, puis de la Coupe du Monde d’aviron et de celle de canoë-kayak en 2010. Pépinière à champions d’aviron, de marathon et de natation, Banyoles a fait du lac et de l’eau sa force naturelle. L’eau, toujours l’eau. Celle des « recs », ces ruisseaux qui prennent leur source dans le lac pour s’infiltrer dans la vieille ville. Ce sont les moines bénédictins qui, au IXe siècle, ont profité de la pente douce entre le lac et la cité pour construire un étonnant réseau de petits canaux sur 33 km. Si la plupart coulent en souterrain, d’autres sont encore visibles et présents comme le Rec Major qui prend son cours devant les Banys Vells, les anciens bains municipaux de la ville. On le suit sur plus de 2 km, paisible et rafraîchissant. L’eau, source d’alimentation des maisons, l’eau des lavoirs, l’eau qui actionne les moulins, qui irrigue les champs. Eau de vie qui explose sur la Plaça Major et vient épouser la pierre des porches. Et là, au cœur des maisons du centre-ville le moulin à farine de Cal Moliner. Et plus loin, le moulin de la Victòria et le bouillonnement du Rec Major. Sans oublier la Plaça de la Font, d’origine médiévale. Moulins, fontaines, lavoirs et abreuvoirs. Canaux, ruisseaux, rigoles, caniveaux et goulottes. Tout coule en boucle et harmonie. À Banyoles, même les bancs en bois font le dos rond. « L’eau, c’est notre petite musique du quotidien. Sans elle, Banyoles n’aurait pas d’âme. Elle nous accompagne, nous rassure, nous berce, nous avertit… Imaginez quand vous êtes enfant, c’est un terrain de jeu fantastique ! » Et Oscar, 73 ans, 100 % banyolí de remonter le fil du temps à grand renfort d’anecdotes pétillantes. Son cœur à lui, c’est la vieille ville chargée d’histoire et de vieilles pierres. « Vous voyez ces canaux d’irrigation ? Et bien, ils sont apparus après la construction du Monastère de Sant Esteve fondé par l’Abbé Bonitus en 812. Banyoles est née autour du monastère mais s’est développée réellement aux XIIIe et XIVe siècles. Grâce à l’eau, on avait des moulins à farine, des papeteries, des industries textiles… Dans le « Barri Vell », vous avez l’Église de Santa Maria des Turers, un des premiers exemples du gothique catalan en Catalogne. Ses vitraux sont extraordinaires ! Et toujours en hommage à Sainte Marie, l’église de Santa Maria de Porqueres est l’édifice roman le plus important du secteur. Je le dis : on est fiers ! »

Concentré d’artisanat

Des habitants qui peuvent aussi et encore être fiers de leur grande muraille désormais classée au Patrimoine Architectural de Catalogne. Une muraille vieille de 700 ans et dont on a récupéré à peine en 2006 une partie merveilleusement mise en valeur, notamment à la nuit tombée… Mur de défense puis de guet, cette muraille a été construite au XIIIe siècle en carreaux de travertin, la pierre locale. Avec sa dizaine de meurtrières, sa grande porte surmontée d’une arcade en plein cintre, la muraille se distingue surtout par ses deux gloriettes hexagonales d’inspiration gothique surmontées de coupoles à six pinacles ! Un bijou qui pique le ciel avec une incroyable grâce. Arpenter Banyoles, le long des ruisseaux et lever les yeux vers un patrimoine architectural insoupçonné ne vous laissera pas échapper à la douceur d’un détour par les ruelles commerçantes. Parce que l’âme du commerce est inscrite dans l’ADN de Banyoles. Une tradition qui remonte au Moyen-Âge lorsque la ville organisait son marché hebdomadaire vers lequel convergeaient les habitants de toute la zone. Transmis de génération en génération, ces commerces ont gardé une forte identité. Artisanat, qualité et convivialité. Dans les boulangeries, les boucheries, les fromageries… les recettes se transmettent de père en fils, de mère en fille, pour le plus grand bonheur des clients attachés à leurs petits rituels. Pas de tourisme de masse à Banyoles, mais des visiteurs qui, une fois ensorcelés par la cité, reviennent chaque année et en toute saison. Autour du lac ou en cœur de ville, toujours cette sensation de quiétude et d’harmonie. À Banyoles, le temps suspendu et alangui à la fois, se savoure clairement autrement … Tranquillement !

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