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GAUDI, TOUS LES TALENTS

03 Fév GAUDI, TOUS LES TALENTS

Emblématique de Barcelone, l’œuvre de Gaudí s’étend jusqu’à Sitges, Mataró ou Montserrat, et laisse à Santa Coloma de Cervelló une de des plus belles pages avec la crypte Güell. Si l’empreinte de Gaudí sur Barcelone est omniprésente, Sa création ne s’est pas limitée à la capitale catalane, ni d’ailleurs à l’architecture. Gaudí a participé à d’innombrables projets de toutes sortes, touché au design de meubles, à la création graphique et à l’architecture d’intérieur.

Industrie, d’abord

Sa première œuvre connue, alors qu’il est encore étudiant, n’a rien d’ornemental et ne fait aucun appel à des éléments extraits de la nature comme les végétaux qu’il affectionnera tant plus tard. Il s’agit de la salle de blanchiment du coton de l’ancienne coopérative ouvrière de Mataró. C’est pour cette salle dépouillée mais lumineuse, qu’il trouve une solution architecturale emblématique de son art, les arcs paraboliques dessinant des voûtes basses, directement arc-boutées au sol, et capables de libérer l’espace ainsi créé, de tout élément perturbateur comme des piliers ou des colonnes. Son premier projet est déjà une révolution.

Cathédrale du vin

A l’actif de Gaudí également, une magnifique cathédrale du vin conçue à quatre mains avec son ami Franscesc Berenguer pour abriter la production viticole de la famille Güell, située au cœur du Garraf près de Sitges. Le bâtiment s’intègre magnifiquement au paysage avec ses celliers triangulaires et ses toitures très pentues surmontées d’une forêt de cheminées. Le grand porche qui clôt l’ensemble est fermé par un magnifique portail en fer forgé évoquant un filet de pêche. Ici, Gaudí a donné libre cours à son imagination, transformant un espace avant tout fonctionnel en œuvre d’art néogothique.

Une promesse d’église

Très soutenu par la famille Güell, qui reste son plus fidèle appui, Gaudí accompagne à sa façon l’aventure des grands industriels catalans paternalistes, soucieux du bien-être physique et moral de leurs ouvriers, qui créent pour leur personnel des cités ouvrières ultra-équipées, les « colonies ». On y trouve des théâtres, des structures médicales et bien sûr des églises destinées à l’édification des masses. C’est ainsi que Gaudí se voir confier la construction de l’église de la colonie Güell de Santa Coloma de Cervelló.

Inachevée

La merveille connue du grand public sous le nom de « crypte Güell », n’est en fait que la partie réalisée d’une église inachevée qui devait comporter cinq nefs, et deux niveaux, celui de la crypte toujours monumentale, et celui de l’église proprement dite. Le projet initial prévoyait des tours de 40 m de haut, mais il resta en suspens du fait de la maladie d’Eusebi Güell et du peu d’intérêt de sa famille pour continuer le chantier après la mort de ce dernier.

Un banc d’essai

Les murs inclinés, la fresque en trencadís représentant les vertus cardinales, l’omniprésence du poisson, symbole chrétien par excellence, la modernité géométrique des vitraux ouvragés, le choix de la pierre basaltique, qui donne l’impression que le bâtiment est là de toute éternité, l’élan gracile des colonnes, tout annonce déjà la Sagrada Família, comme si Gaudí transposait ses idées et ses innovations, faute de pouvoir les réaliser sur place.

El Misteri de Montserrat 

Lorsque la ligue spirituelle de Montserrat décide d’orner de stations le cheminement des pèlerins à l’endroit où aurait été trouvée la statue de la vierge en 880, elle fait appel à 15 grands artistes catalans, au premier rang desquels, bien sûr, Gaudí. Il décide d’utiliser une cavité existante, qu’il cercle d’une grille de fer forgé ouvragé, créant une sorte de scène verticale à degrés. Le christ, seule statue de bronze dans un ensemble plus minéral, s’élève le long d’un rocher frappé aux armes de la Catalogne, échappant à la tombe sous le regard des saintes femmes et d’un grand ange.

Exposition universelle

En 1888, lors de la grande exposition universelle de Barcelone, Gaudí est chargé de concevoir le pavillon de la Compagnie Transatlantique, plus connue sous le nom de Spanish Line. Il crée une sorte de cité fortifiée, inspirée des villes du Maghreb, fermée d’un portail monumental en arc outrepassé, flanqué de deux sortes de clochetons à colonnades, et décoré en trencadís de motifs directement empruntés aux céramiques hispano-mauresques. Dans cet art éphémère, Gaudí montre une nouvelle facette de son immense talent.

Designer aussi

Si Gaudí fut un architecte exceptionnel et un décorateur hors pair, il excella aussi dans un autre domaine, annoncé par ses réussites de jeunesse comme la vitrine de la ganterie Comellas ou les candélabres réalisés pour orner la place Royale de Barcelone, le design de mobiliers divers. Comme pour ses œuvres architecturales, tout commençait par une maquette modelée ou moulée, refusant d’emblée la symétrie. Sous son crayon, les meubles deviennent sinueux, ils épousent le corps, ils se parent d’élans végétaux. Avec Gaudí naît une école de design catalane qui est encore aujourd’hui un phare du design européen.

Inventeur du Modernisme, Gaudí a su apposer une signature catalane à la soif de modernité qui marque la fin du XIXe siècle. Architecte génial, designer inspiré, il sut, toute sa vie, se maintenir à l’avant-garde, sentinelle attentive aux vents de l’avenir.

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