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Josep Pla : un écrivain indispensable

01 Déc Josep Pla : un écrivain indispensable

Entre introspection et contemplation, entre désespoir et fatalisme, Josep Pla est l’un des plus grands prosateurs de son temps et certainement le plus grand de langue catalane.

Jeune étudiant de droit à Barcelone, Pla découvre l’Ateneu Barceloni et sa fabuleuse bibliothèque : il y compulse le meilleur de la presse internationale, mais aussi et surtout, la littérature française : Montaigne, Pascal, Stendhal, Proust, seront sa véritable université, une école d’écriture à laquelle il puisera toute sa vie. Très vite, il écrit pour la Publicidad et Las Noticias, puis pour la Veu de Catalunya et Sol de Madrid, en catalan et en castillan. Il impose un ton nouveau à ces récits de voyage dans toute l’Europe : Paris, Gênes, Berlin, Moscou, Londres, Stockholm. Il est reconnu et traduit, mais le fait de côtoyer différents systèmes, le conduit à la politique.

En 1921 il est élu du Baix Empordà sur une liste nationaliste. Sous la dictature de Primo de Rivera, il est inculpé après avoir publié un article critique sur l’armée espagnole. En exil, il suit Francesc Macià, mais on le retrouve aux côtés de Francesc Cambó dans la Ligue Régionaliste. Il devient alors le correspondant parlementaire de la Veu de Catalunya à Madrid. En 1936, il fuit l’avancée républicaine à Marseille. Il vit alors avec Adi Enberg, une espionne et propagandiste norvégienne à la solde du franquisme.

De retour en 1939, il semble vivre un douloureux exil de Fornells, à l’Escala, de Cadaqués à Palafrugell… Pla revêt alors cet habit de misanthropie qui lui fait infiniment aimer les gens les plus simples et l’éternité tranquille des paysages qu’il parcourt inlassablement. Son œuvre respire alors une sensualité profonde dans laquelle la mer joue un rôle de premier plan. Sur le plan littéraire, Pla écrit des articles et des livres de commande en castillan mais revient à sa langue maternelle dès que la loi l’autorise à nouveau.

Il réintègre le mas familial, le Mas Pla, à Llofriu et voyage pour « Destino » dans le monde entier : France, Israël, Cuba, New York, Moyen-Orient, Russie. Son œuvre (30 000 pages) est le conservatoire d’une Catalogne traditionnelle qui est en train de disparaître : cuisine, petits métiers, paysages, rien n’est abandonné à l’oubli.

Ecrivain autant que journaliste, il écrit le « Cahier gris », le faux journal de jeunesse d’un homme de soixante ans. Le succès de ses œuvres, dans l’ensemble des pays catalans pour lesquels il a été l’infatigable thuriféraire de la langue, est immédiat, même si beaucoup continuent de ne comprendre ni son brusque virage régionaliste de l’avant-guerre, ni ses positions pour le moins frileuses lors de la restauration de la démocratie et de la Generalitat de Catalogne qui lui a pourtant attribué en 1980, soit un an avant sa mort, la Médaille de la Catalogne.

« On se lève le matin et la fin du monde n’est pas arrivée : pourboire… »

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