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La baie de Roses parmi les “plus belles baies du monde”

01 Sep La baie de Roses parmi les “plus belles baies du monde”

Dans le club très privé des ” plus belles baies du monde “, aux côtés des baies d’Ha-Long et du Mont Saint-Michel, figure désormais la baie de Roses. Balade étonnante entre criques isolées, marais préservés et vestiges d’un riche passé.

Neuf heures du matin, hors saison. La journée s’annonce chaude. Le soleil grimpe déjà dans un ciel bleu profond, et la vie commence à s’animer sur la baie. Quelques bateaux à moteur fendent la mer d’huile de façon anarchique. Un couple de joggeurs s’élance sur le sentier du littoral qui commence ici. Nous sommes au pied du phare de Roses, un bel édifice blanc du XIXe siècle, qui se dresse, sans que l’on sache trop comment, sur les rochers de la pointe Brancals. En levant le nez, nous découvrons les murailles austères d’un château, le Castell de la Trinitat.

roses4Des murailles de deux mètres d’épaisseur

Ce bâtiment militaire édifié sous Charles Quint, en complément de la citadelle du centre-ville, hébergeait jusqu’à 200 hommes… Aujourd’hui encore, il impressionne par la massivité de ses murs, qui mesurent deux mètres d’épaisseur. De là-haut, la vue sur la baie de Roses est exceptionnelle. Nous choisissons de pousser plus en avant notre découverte de la face sauvage de la baie, en tournant résolument le dos aux immeubles du front de mer et en poursuivant la route côtière, en direction des criques. Nous longeons la Costa Roja, et arrivons en haut de la Platja de Canyelles Petites. Bien que largement urbanisée, cette grande crique ne manque pas de charme. Sur les maisons blanches qui partent à l’assaut de la montagne, s’agrippent des bougainvillées.

Le bar, la daurade et le pêcheur

Sur la plage, à deux pas d’une terrasse de café à même le sable, Jean-Claude a planté sa canne, bien décidé à attraper du bar et de la dorade, en prévision du festin « a la planxa o al sal » (« à la plancha ou au sel ») de ce midi. Il baragouine un mélange de catalan et de castillan. « Je parle espagnol mais je suis en train d’essayer de maîtriser le catalan ! » explique-t-il. Comme beaucoup de Français, Jean-Claude est tombé amoureux de la baie de Roses. Depuis, ce Carcassonnais y élit domicile la moitié de l’année. Une canne, le soleil et la Méditerranée tôt le matin, voilà son petit paradis. Nous le laissons à ses préoccupations hédonistes et repartons en direction de la seconde crique urbaine de Roses, la Platja de l’Almadrava.

roses2Pins et eucalyptus

Ici aussi, malgré les constructions qui semblent gagner toujours plus de terrain sur la montagne, tout respire le calme. Quelques nageurs matinaux profitent de l’eau transparente. A la pointe de Canyelles Grosses, un escalier de fortune descend hardiment vers la mer dans les pins, offrant une belle vue sur la plage, ses pins, quelques palmiers et eucalyptus. Mais les plus beaux trésors de Roses se trouvent à quelques centaines de mètres d’ici à vol d’oiseau, derrière la colline. Nous y accédons en retournant sur nos pas, puis en réalisant une boucle dans la montagne. La route remonte une vallée aride, dont la végétation rappelle déjà la garrigue des environs de Cadaquès. Nous arrivons sur un plateau offrant une vue sans pareille sur la baie et au-delà, sur l’Empordà et la chaîne du Canigou. Nous passons près d’une masure accrochée à une tour circulaire, et redescendons à l’Est. Ici, seul le chant des oiseaux vient troubler le silence. Nous sommes au cœur du parc naturel du Cap de Creus. La route file dans un paysage sauvage, menant aux accès de plusieurs criques : les méconnues Cala El Lladó, Cala Murtra et Cala Rostella, puis la Cala Montjoi, célèbre pour héberger l’un des meilleurs restaurants du monde, El Bulli, actuellement en cours de reconversion.

Sauvage Cap Norfeu

Un groupe de randonneurs s’élance sur une piste en terre, partant à l’assaut du Cap Norfeu, proéminence rocheuse que l’on distingue bien au nord, et à laquelle on accède en longeant deux autres plagettes de rêve, les Cales Calitjàs et Pelosa. Au-delà, la baie de Roses laisse place à Cadaquès et son splendide Cap de Creus. Nous rebroussons chemin, décidés à explorer les autres trésors cachés de la baie. Entre Roses et Empuriabrava, nous allons assister à une curiosité : les atterrissages de parachutes. Depuis l’aérodrome, un avion décolle à intervalles réguliers, réalisant un balai perpétuel qui peut l’amener à passer en rase-mottes, juste au-dessus de la deux fois deux voies. De quoi offrir quelques frayeurs aux automobilistes !

Le spectacle des parachutes

Une fois en altitude, l’avion lâche un groupe de parachutistes qui ondule dans le ciel au gré des courants… De beaux ballets à observer d’en bas. Le nez collé aux grillages de l’aérodrome, quelques curieux assistent toujours au spectacle impressionnant des atterrissages. A deux pas de là, le « Windoor », un simulateur de chute destiné à l’entraînement ou à la découverte de nouvelles sensations. Nous quittons Empuriabrava, toujours surprenante avec ses « parkings » à bateaux au pied des immeubles, et obliquons vers l’intérieur des terres. Castello d’Empuries est un voyage à lui-seul.

roses3Castello d’Empuries et ses hôtels particuliers

Flâner dans ses ruelles tortueuses, près de la basilique de Santa Maria, de son lavoir public et pousser la porte de ses nombreuses maisons de maîtres des XVIIe ou XVIIIe siècles, portant encore toutes un nom, incite à rêver ce que devait être cette ville du temps de sa splendeur. En poursuivant vers le sud, nous accédons au parc naturel Dels Aiguamolls de l’Empordà. Difficile a priori d’imaginer l’existence de ce vaste espace naturel préservé, à deux pas de la très bétonnée Empuriabrava. Ici, nous évoluons dans une végétation de marais.

Le paradis des oiseaux

Munis de jumelles et bénissant le silence, les amoureux d’oiseaux peuvent passer des heures à l’affût, installés dans une cabane d’observation. Toujours plus au sud, la petite route mène à une vaste embouchure, non loin du charmant village de Sant Pere Pescador et de sa base nautique. Sur cette plage peu connue, quelques familles observent les windsurfs et kitsurfs qui avalent les vagues et l’écume au large. A quelques kilomètres de là, Sant Martí d’Empúries cultive aussi l’amour des belles pierres. Sa place principale, sa muraille et son église évoquent le Moyen-Age… Même si la grandeur du village remonte à bien plus loin, aux Grecs précisément (lire notre encadré). On apprécie la promenade du bord de mer qui permet de rallier l’Escala au terme de 2,5 km de marche. Mais, surtout, à l’Escala, nous traversons de grands lotissements blancs, et grimpons inlassablement la colline qui mène à l’extrémité sud de la baie. D’ici, la tour de Mongó offre une large vue au nord, englobant toute la baie de Roses et le Cap de Creus.

La falaise et le Canigou

Les « Carlit », « Costabona » et autres noms de rues rappellent que le panorama porte aussi, plus au nord-ouest, sur les sommets de la chaîne Pyrénéenne. Derrière la tour, un escalier en pente raide mène à l’entrée d’un blockhaus, offrant une vue vertigineuse sur la falaise. Plusieurs dizaines de mètres au-dessus de l’eau, posées sur un promontoire, quelques maisons s’offrent un tête à tête avec la Méditerranée. Au sud, la vue donne sur la charmante plage de Mongó, que quittent des kayakistes. Chemin faisant vers le large, ils furètent le long de la roche, s’attardent dans ses excavations, observant sans doute la beauté des fonds marins, et cette eau, toujours turquoise et translucide. Plus au sud, derrière le massif, se cachent l’Estartit et les Iles Medes. On y accède par un sentier de plusieurs heures traversant le parc naturel du Montgrí… Là encore, un beau dépaysement en perspective.

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